Jour 20 – NUIT DANS LE DÉSERT – Billet de Raymonde

Jaisalmer

2 décembre 2010 – Jaisalmer et nuitée dans le désert

Une autre visite d’un fort.  Guylaine, Claire et moi décidons de passer un tour.  Nous voulons juste prendre le temps de regarder, de tâter et acheter sans pression.  Avec Guylaine, nous regardons les poignées de porte.  Moi, je trouve un crochet en céramique ainsi que des poignées de porte pour la salle de bain au sous-sol.  Claire et Guylaine trouve des poignées pour des armoires.  Nous sommes bien heureuses.

Un jeune homme aborde Claire en lui demandant : « May I help you spend your money ».  Quel culot mais il est tellement cute.  Nous rions et nous croyons que nous pourrions effectivement utiliser ses talents pour trouver des bijoux en argent.  Il nous emmène en auto rickshaw à 10 INR chacune, alors que nous marcherons au retour.  Il a sans doute reçu une commission du chauffeur.  Enfin! C’est l’Inde.  Chacun utilise ses dons pour faire des sous.

Nous montons au 2e étage où se trouve la caverne d’Ali Baba! Je n’ai jamais vu autant de bijoux s’étaler aussi vite et en si grande quantité sur un matelas au plancher couvrant presque la pièce au complet.

Guylaine désire acheter un bracelet pour les 50 ans de sa sœur alors que Claire et moi verrons ce que nous trouverons.  Nous reprenons notre rituel d’achat : nous regardons, nous tâtons et nous achetons.  Mais avant, Claire, notre négociatrice experte y va en gradation afin d’obtenir 30% de rabais.  Rien à faire : Claire et moi n’aurons que 22%.   Cool Raoul me dit qu’il me donne 49 à 52 ans.  Car ici, au pays, les femmes vieillissent rapidement.  Le nombre d’enfants et les travaux durs sont les raisons principales de cette dégradation.  Je me ferai dire le même compliment par un autre homme indien, dans le désert du Thar.

Ayant oublié ses lunettes, Guylaine emprunte celles de Claire.  Le vendeur à la moustache trouve qu’elle est sexy avec ces lunettes. Guylaine se garde bien dire qu’elles appartiennent à Claire.  Nous voyons un petit jeu de séduction qui vient de se déclencher ici!  Le résultat sera assez intéressant car malgré le fait que Guylaine décide de s’abstenir, le jeune vendeur revient à la charge.

Le bracelet tant convoité est à 14 000  INR.  Après avoir conclu sa vente avec nous, il prend Guylaine à part et commence le jeu débuté plus tôt.  À la sortie, il lui demande de venir rencontrer le boss.  Elle obtiendra son bracelet pour 7000 INR (161$).  Elle est fière de sa réussite et avec raison.  Claire et moi sommes estomaquées de cette réussite de 50%.  Guylaine a un style très différent de Claire pour magasiner.  Elle affiche son prix dès le début, soit 50% ou rien du tout.  Parfois ça marche, parfois pas!  Elle a quand même un bon taux de réussite jusqu’à présent.

Nous repartons bien heureuse de nos achats.  Moi un bracelet en argent et Claire deux!  Ils sont magnifiques.  Nous partons dîner dans un resto italien dont le propriétaire est asiatique.  La bouffe est délicieuse.

Nouvelle expérience à vivre : nuitée dans le désert.

Safari à dos de dromadaire dans le désert

En quittant, je me rends vite compte que ça ne va pas.  Autant je fus confortable à la première randonnée l’autre jour, autant ici, je suis même en souffrance.  La selle est tellement avancée que je penche vers l’avant.  À chaque pas du chameau, mes mains qui s’agrippent au pommeau, frappe ma ceinture de pantalon à chaque fois.  Je trouve même que je pourrais tomber si le dromadaire décidait de courir.  Je le dis.  La caravane arrête et le chef vient ajuster.  Pas mieux!  Les sangles pour les pieds sont en coton tirées par une ficelle.  Tout est primaire dans cette excursion.

Monter ou descendre d’un dromadaire demeure une opération compliquée.  En montant les pattes arrière de son corps, je suis ballotée sévèrement d’avant en arrière et je risque de me casser les dents sur le pommeau de la selle.  Une fois partie, c’est déjà plus facile!

Voilà que ce dromadaire, tout comme Surya, décide de brouter  des arbrisseaux de ce désert.  Alors je suis secouée et je prie pour qu’il s’abstienne la prochaine fois.  Mais non, il est gourmand!  J’imagine que les parties intimes de nos hommes doivent se sentir comme des chappattis : plates et coincées.  Bon!

Malgré tout, j’admire les premières dunes de sable qui commencent à prendre une teinte dorée au coucher du soleil.  C’est magique.  Je n’ai pas de mot pour décrire cette sensation intérieure devant tant de beauté naturelle.  L’ombre de notre caravane forme des ombres chinoises sur le sable.  On dirait que notre âme devient témoin de notre exaltation.

On fait un arrêt technique.  Une jeune fille veut mon foulard ou mes boucles d’oreilles.  Je lui montre que je suis prête à échanger avec son collier de petites billes de couleurs.  Elle s’efface alors assez rapidement.  Ce sont des gitans (Rom) qui habitent à l’entrée du désert.  Ils sont beaux et habitués à quémander.

Nous repartons et je monte avec Daniel.  Pire! Me voilà écartelée sur le siège arrière du dromadaire.  Mes jambes forment un arc de 160o… Pas le grand écart, mais pas loin.  Un autre arrêt pour admirer le coucher de soleil sur les dunes et sur nos émerveillements d’être là, chacun seul avec ses pensées.  Nous sommes justes heureux de vivre toutes ces expériences si différentes et si appréciées.  On se regarde et on se sourit, complice de faire partie de cette grappe de présence dans l’ici et maintenant.

Je remonte donc sur mon dromadaire et je trouve une posture un peu plus confortable en pliant légèrement les genoux afin de les remonter sur la selle.  Bon compromis.  Soudain, nous voyons nos lits alignés les uns aux autres.  Un feu brille devant des chaises qui n’attendent que notre présence.

Je descends de peine et de misère mais très vite je retrouve mes moyens. Nous marquons notre territoire en choisissant notre lit.  Je fais pipi à la tête de mon lit.  On me dit qu’il faut l’enterrer si je veux éviter les odeurs.  Ce que je ferai à mon retour pour le sommeil.  La température est descendue de plusieurs degrés.  Il doit faire un 12o, pas plus.  Donc, j’ai tout ce qu’il faut et me voilà auprès du feu.

Nous avons droit à des chansons et à de la musique indiennes.  C’est très romantique, même s’ils n’ont pas du tout le sens du rythme les indiens!  Dans nos soirées passées, au repas du soir, nous les avons un peu boycottés car ils chantaient dans notre assiette.  A écouter toute la journée, soit le guide, soit le guide audio, soit le guide local, nous avons le goût d’échanger aux heures des repas.  Alors, tant pis si nous leur semblons ignares; nous voulons échanger.

Mais ici, dans le désert, c’est l’endroit idéal.  Nous les apprécions tellement que je décide d’emprunter l’instrument de musique en forme de plat renversé et je passe pour la collecte.  Nous rions tellement car je donne un petit show en riant et en rigolant. L’hilarité nous prend et le résultat de la collecte semble très apprécié.  Le lendemain matin, ils seront à l’arrêt d’autobus tout heureux de nous rappeler qu’ils étaient nos musiciens, le sourire fendu jusqu’aux oreilles.  Conclusion : la collecte leur a plu!

Nous manchons une des meilleures soupes à venir jusqu’à date.  S’en suit une série de plats chauds et délicieux. Ils sont fantastiques ces indiens.  Rien à leur épreuve.

Pascal et moi sommes heureux de vivre cette aventure si diversifiée et amusante.  La bouffe est bonne, le chauffeur qu’on surnomme notre bel indien ténébreux,  un guide sécurisant et des compagnons de voyage super respectueux.

Je demande à François d’avancer sa chaise afin de former un cercle autour du feu. Nous sommes maintenant tous ensembles.  Claire et Marcel interprètent des chansons québécoises et françaises qui nous remplissent d’émotion et de tendresse.  Nous buvons du vin que Claire et Richard partagent si généreusement avec nous.  Clôde partage ses flacons de rhum qui se vident par enchantement.  La gaieté est au rendez-vous-même sans vin et sans rhum.  Ce n’est qu’une continuité.

Après le repas, je me rapproche du feu car le temps a encore rafraîchi.  Nos têtes sont maintenant recouvertes de différente chaleur : chapeau, tuque et turban.  Je me rapproche du feu.  Un homme y est déjà accroupi.  Nous fraternisons en rigolant.  On s’amuse à ne pas se comprendre.  Je lui fais remarquer que dû au fait qu’il soit arrivé le dernier il ne devrait pas donner des ordres comme ça aux employés qui s’efforcent de nous faire plaisir et fournir un service digne d’un hôtel 5 étoiles.  Il répète cette info au guide local.  Ils rigolent et je ne comprends pas pourquoi.  Tant pis!  Nous échangeons à nouveau.  Il est marié mais ce fut un mariage arrangé.  Il a des enfants.  J’ai cru comprendre qu’il en a 7.  Il est âgé entre 37 ou 38 ans.  Il en paraît 45 ou 46.  Il me demande si Pascal est mon mari.  J’apprendrai le lendemain matin, qu’il est le grand boss de tous ces employés.

Nous retournons à nos lits pour y passer la nuit à la belle étoile.  C’est confortable mais si le lit est très dur.  Il fait plutôt froid mais quel bonheur de regarder un ciel plein d’étoile.  Nous sommes sous la voie lactée.  Nous avons l’impression de pouvoir toucher les étoiles.  C’est la première fois en Inde où nous nous retrouvons dans un endroit aussi calme et paisible.  Moment d’éternité!  Merci mon Dieu, merci l’Univers.

Namaste!

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