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Amritapuri

19 décembre 2010 – Ashram Amma - Amrita Puri

MISE À JOUR SUR LA FAUNE

Je ne peux quitter l’ashram sans vous faire une mise à jour sur la faune qui le hante.

«Les émules de Ti-Guy»

Ti-Guy n’est pas apparu ces deux derniers soirs. Il faut dire qu’Amma ne chantait pas, occupée qu’elle était à donner des «darshans» à ses fidèles. Ti-Guy, lui, aime juste le direct, pas la musique enregistrée. Pas assez «boostante» à son goût. Mais Ti-Guy a des émules. Pas des survoltés à 33 000 volts comme lui. Non mais ils essayent. Ils sont comme le lapin rose de la pub de Duracell :  ils sont branchés sur des batteries 1.5 volt et battent des bras lentement. Ils se ménagent pis ils font du chemin avec ça.  Hier, un émule de Ti-Guy a toffé pas mal toute la ronne. J’ai passé par là à 21h30 : il avait encore un bras qui bougeait, tout le reste était figé. Il était tout seul dans l’auditorium.

«Olive Oil»

Olive Oil, la copine de Popeye, n’est pas un nouveau personnage de la faune ashramique. Vous vous souvenez sans doute qu’«In Silence» était une «Olive Oil». En fait, beaucoup de femmes ici sont des Olive Oil. Pourquoi vous entends-je crier en cœur? Ben parce que Amma, en plus d’être l’avatar de Kali, est aussi l’avatar d’Olive Oil! Ben oui! Avec 100 kilos de plus, c’est vrai mais, physiquement, avec ses cheveux tirés vers l’arrière et son bun (beignet) derrière la tête c’est exactement Olive Oil!

« Bavishna»

«AVIS IMPORTANT: Ceci est une fiction: toute ressemblance avec des personnages réels et vivants n'est pas une coïncidence. Seuls les faits sont imaginaires!»

Qu’ont en commun les copines Sandrine et Sabine de Ste-Odile-sur-Saone en France  et les copines Martine et Aline de Ste-Marthe-sur-le-Lac au Québec?

Arrêtez! Vous ne trouverez jamais! Bien sur elles sont francophones et font partie des Olive Oil. Mais ce que je vais vous apprendre ne vous surprendra pas vraiment : chacune d’elle a choisi un nom religieux par lequel elles se font connaître à l’ashram. Et tous ces noms ont trois syllabes et sonnent pareil genre «*a*ish*a» où les * sont des consonnes aléatoires.

Voici quelques exemples en traduction libre:

Bavishna : «Salive onctueuse de Vishnu sur le sein de Kali»

Dratshiva : «Droite comme le troisième orteil du pied en lotus de Shiva»

Vagishpa : «Second vagissement incontrôlé de Pavarti enfant»

«Parlishma : «Perle de rosée séchée sur le collier d’œillets au cou de Rama»

Vous l’aurez deviné, Parlishma ou Perle de Rosée… c’est Aline de Ste-Marthe-sur-le-Lac. Elle a 64 ans et est très nostalgique des belles heures de son enfance passées devant la télévision. C’est en honneur de Perle-de-Rosée, la blonde de l’autochtone Aigle-Noir dans Rin-Tin-Tin qu’elle a choisi ce nom.

Ce midi, j’ai mangé au resto. On commande, on paie et on attend qu’on dise notre nom pour nous remettre notre repas. Les quatre dames ci-haut identifiées par leur nom religieux étaient aussi en attente. Comme je suis taquin, j’ai choisi un nom religieux… disons profane, pour ma commande, question de m’amuser un peu à leur dépens.

La dame arrive avec mon assiette et crie : «PACHEMINA».  Je me lève donc pour aller chercher mon assiette, «Pachemina» étant mon nom profane pour aujourd’hui. Mais vous auriez dû voir la stupeur et la consternation sur la figure de mes quatre comparses! Voyons mesdames! On a ben le droit de s’amuser un peu et de se rappeler ces heures de plaisir à magasiner les pacheminas dans le Nord! Ce soir mon nom profane sera «Kingfisher» en souvenir de nos 5 à 7 de bières.

«Modèle LE»

Ce modèle est en fait un hybride :

LE pour Limited Edition car confiné à l’ashram.

LE pour Low Energy car il consomme très peu, carburant à l’énergie d’Amma.

Le «Modèle LE» standard est occidental et masculin, 20-30 ans, grand, mince, blondin avec une barbe qui tarde à fleurir. Lui aussi fonctionne sur une batterie Duracell 1.5 Volt mais il ne danse pas : il marche lentement. Ou plutôt, il flotte. Comme sur un nuage. Avec du «spring» dans les genoux. Sans sandales. Avec une longue besace en bandoulière datant de l’époque hippie des années 60. Probablement un don de sa mère biologique car ici, maman, c’est Amma.

Le «Modèle LE» vient avec son propre système d’autoguidage GPS incorporé, l’appendice nasal, qu’il tient bien haut devant lui, lui servant d’antenne omnidirectionnelle. Un sourire perpétuel orne ses lèvres qui s’entrouvrent par moment pour laisser échapper un «Om namah shivaya» bien senti!  Et il tourne à gauche. Pour tourner à droite c’est :  «Shiva om namah».

Bon, ben, voilà.

C’est fini.

Terminé.

Tout a été dit.

Tout est consommé.

Alea jacta est.

Veni, vidi, vici.

Je crisse mon camp d’icitte.

Kovalam

KOVALAM NOUS VOICI!

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Amritapuri

18 décembre 2010, samedi  – Ashram

À l’arrivée au Ashram, mon état d’âme était plutôt celui de surprise.  En premier, l’idéal mélangé d’attente donne un bon aperçu de cet état.

Au fil des jours, séva et pizza, mer et mère, table pour dîner et merde d’oiseaux, astrologue et nettoyage, temple de Kali et calissssssse!  Que suis-je venue faire icite???? Bon!

Hier, assise au bord de la mer en attendant la présence d’Amma, je me suis sentie vraiment dans l’ici et maintenant.  L’odeur de la mer, le vent dans les palmiers, les fidèles assis en attente depuis au moins deux heures et cette dévotion pour préparer sa présence.  Quelle inspiration que la foi de ces personnes assises en silence.  Je faisais partie de ce tout.  La présence d’Amma n’a rien à voir avec ce que j’ai vécu.  La foi des gens seulement.  Amma est le résultat ou comme le dit si bien Guylaine, l’Ashram est la colonne vertébrale du culte et Amma en est le véhicule.  Mais la foi et la dévotion des gens en est l’essence.

Cette dévotion à Amma, pour moi, demeure une activité païenne.  Mais leur dévotion me touche et m’émeut.  Qu’importe au fond toutes les raisons pour lesquelles ces gens se réunissent au même endroit dans le monde; ce qui importe est cette foi et cette dévotion d’être meilleur et de servir au bien de sa communauté.  Faire la différence.

Ce matin, samedi, j’avais le cœur chagrin causé par les miroirs des gens qui m’entourent.  En comprenant qu’ils ont le droit de dire et penser ce qu’ils veulent, je m’accorde le même droit en retour.  Pour ce faire, je n’ai qu’à CHANGER soit ma pensée, soit mon action ou soit mon comportement.  Quelle libération!

J’ai lu les messages de mes deux amours, Vicky et Valérie.  Quel bonheur!  Je vais écrire aussi à ma sœur et amie Marie et à ma chère Marie-Pier.  Elle qui est venue deux fois dans un Ashram en Inde et dans des conditions que je comprends aujourd’hui.  Je comprends aussi pourquoi elle a changé après ce deuxième voyage.  J’ai bien hâte d’en parler avec elle.  Chapeau ma sœur!

Je regarde la mer en vous écrivant et mon linge blanc sèche au vent dans une odeur de fraîchement lavé.  Mon âme et mon cœur ont retrouvé la paix et je continue ce voyage en souriant, en chantant et en dansant.  Durant le voyage j’ai dansé avec des femmes indiennes qui célébraient le mariage de l’une des leurs.  J’ai chanté Alléluia avec des jeunes de 12 à 15 ans devant une synagogue fermée.  Je souris au soleil, à la mer et au courage que j’ai de me reconnaître et de m’accepter dans mes différences.

Je suis bien heureuse (bienheureuse) de vivre cette expérience de l’Ashram.  Je ne pouvais fuir ni ME fuir.  Les chants et les prières qui nous entourent dans un endroit comme celui-ci donne l’opportunité à celles qui le veulent bien, de se ressourcer et de se connecter sur plus grand que soi.  Qu’importe le nom que prend cette Grandeur, l’important de croire que j’en fais partie.  Un point c’est tout et qu’en retour, elle fait partie de moi aussi.  Je m’accorde ce pouvoir d’être telle que je suis, ici et maintenant!  Bon voyage ma Raymonde!  Célébrons ensembles mes amis(e)!

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18 décembre 2010 – Ashram Amma – Amrita Puri

LES BONNES ŒUVRES D’AMMA

C’est notre dernière journée à l’ashram d’Amma et je n’ai pas encore parlé en mal d’elle! On peut avoir des réserves sur le personnage mais on ne peut légitimement méconnaître ses actions altruistes à travers le monde: du bien elle en fait beaucoup, beaucoup et beaucoup! Juste de l’autre côté du pont, elle a fait construire une université avec plusieurs campus où les jeunes du Kerala peuvent étudier sans compter les milliers d’écoles et de maisons qu’elle a fait construire suite au tsunami et autres catastrophes survenues un peu partout dans le monde. Lors du tremblement de terre en HaÏti, son organisation a été la première à se présenter sur place avec ses cohortes de médecins, d’aides et d’assistants. Si vous voulez connaître son œuvre, googlez son nom sur internet et vous saurez tout. Sachez seulement qu’il faut toute une organisation pour soutenir ses multiples projets dans le monde entier. Amma, ce n’est pas une PME. Après TATA, Amma, est probablement une des plus grosses compagnies en Inde. Cela fait réfléchir.

AMMA RÉINCARNATION DE KALI

Nous sommes chanceux d’être à l’ashram  alors qu’Amma y est présente: cela me permet de bien saisir ce qu’elle représente pour tous ces fidèles qui la suivent comme les disciples suivaient Jésus à une autre époque. Ils se prosternent face contre terre en sa présence, ils pleurent lorsqu’elle daigne poser son regard sur eux et ils tombent en pamoison à chaque fois qu’ils reçoivent un «darshan», la fameuse accolade qui est sa marque de commerce. Pour ces gens, elle est la réincarnation de Kali à qui le temple de l’ashram est dédié. De plus, à chaque soir, après son «show de chants», on fait une cérémonie du feu pendant laquelle ont montre une photo de ses pieds sur les écrans géants de l’auditorium. Je ne sais pas si j’ai mal vu ou interpréter ce que j’ai vu mais chaque pied porte une marque rouge, comme les stigmates de la crucifixion de Jésus. Est-ce bien le cas? Personne ne semble le savoir mais on ne dément pas.

Moi, là, là, là, en bon gars du Lac-St-Jean ben terre à terre, j’ai de la misère en tabarnouche avec ça! Réincarnation de la déesse Kali! Caline de bine! Ben voyons donc! Des preuves! Des preuves! Je devrai probablement me réincarner en Omer Simpson dans une prochaine vie et me faire ouvrir une taverne à mon nom pour comprendre ça!

AMMA ET LE CULTE DE LA PERSONNE

Quant elle ne fait pas des heures et des heures de «darshan»  jusqu’à tard dans la soirée, Amma fait son «show de chants» de 19h00 à 20h00. On est tous réunis dans l’auditorium, les gars d’un bord et les femmes de l’autre ce dont les tata-macoutes prennent bien soin de s’assurer. Oh oh! Amma! Elle est où l’égalité homme-femme? Il serait bon de commencer par là je crois.  Amma, tu devrais réviser cette partie de ta doctrine car ça m’irrite passablement.

Quand elle se présente sur scène avec tout son aréopage de musiciens et d’accompagnateurs, les fidèles se lèvent pour l’accueillir. Rien de mal là-dedans. J’ai fait de même pour aller écouter Michel Chartrand déblatérer contre les patrons, pas parce que j’étais d’accord avec ce qu’il disait, mais parce qu’il avait la conviction de ses paroles et que j’admire ceux qui font ce qu’ils disent.

Mais de voir Amma s’installer devant une immense photo d’elle entourée d’un fer à cheval doré, là je décroche à nouveau! A-t-on, ici, de l’admiration pour une personne qui fait du bien autour d’elle où pour un personnage que l’on idolâtre sous forme d’images et de photos omniprésentes partout sur le site, sur toutes les portes, sur tous les murs? Jésus a chassé les vendeurs du temple. Je n’ai pas aimé ce que j’ai vu et ce que j’ai ressenti à ce moment-là. Mon évolution spirituelle n’est probablement pas assez élevée et mon ego trop encastré dans la matière pour que mon intellect cartésien y comprenne quelque chose. Je devrai très certainement faire une incarnation supplémentaire en fer à cheval pour accepter cela.

AMMA LE CANAL DE PURETÉ

Hier soir nous avons soupé avec Benjamin, un sympathique instituteur français de 34 ans mais qui n’en paraissait que 25. Des amis lui avaient parlé d’Amma et il l’a rencontrée à Toulon lors de sa dernière visite en France. Il a pris une sabbatique pour venir passer quelques temps en présence d’Amma à l’ashram. Pour lui, elle est le canal de pureté par lequel nous devons passer pour éliminer les parasites qui nous empêchent d’atteindre l’Illumination. Et il est sérieux en ti-péché lorsqu’il dit ça. Pourtant, c’est le genre de gars avec qui j’aimerais prendre une couple de bières – même interdites et au risque de me voir débiter une autre incarnation! – pour discuter d’autre chose mais pas d’Amma.  Raymonde, qui est parfois aussi terre à terre que moi sur certaines choses, lui a bouché un coin en lui demandant ce qu’il ferait lorsqu’elle ne sera plus là pour servir de canal. Probablement qu’il devra se convertir au bouddhisme car, dans cette philosophie, on prône le canal personnel et direct vers l’Illumination. Comme chez nos Protestants, à bas les prêtres qui servent d’intermédiaires entre l’homme et son Dieu!

BILAN FINAL

J’ai dis du bien d’Amma une fois soit + 1 ce qui annule ma future incarnation en Omer Simpson.

J’ai dis du bien des bouddhistes et des protestants soit : + 1 ce qui annule ma future incarnation en fer à cheval.

J’ai dis du mal d’Amma trois fois soit – 3.

Donc, bilan final : -1

«Nanu cusi ma talli»

Tiré d’un des chants d’Amma (Amma signifie Mère) dont voici la traduction :

«Mon esprit confus nage sans but dans un océan de feu. Mon âme bannie traverse une mer de misères infinies. Et j’ai vu Mère dont les pieds de lotus sont fleuries comme ceux de Kali qui me souriait gentiment.»

Chère Amma,  je suis en dette envers toi d’une incarnation et je me prosterne à tes pieds de lotus de Mère divine pour t’implorer de servir de canal et d’intercéder auprès de Kali dont tu es l’avatar pour que ma prochaine incarnation soit sous forme de soucoupe volante. J’ai toujours rêvé de parcourir les univers infinis où je retrouve la manifestation de mon Dieu tout autant qu’il se manifeste au plus profond de moi-même.

«As above, as below!»

«En bas, comme en haut!»

Amritapuri

17 décembre 2010 – Ashram Amma - Amrita Puri

Il est 7h00. Raymonde dort encore. Elle devait faire du yoga ce matin à cette heure-ci mais a tout annulé hier : elle ne veut pas se contraindre à rien! Cette attitude est celle qui prévaut ici à l’ashram : LIBERTÉ TOTALE! Peu importe la motivation qui nous amène venir vivre ici, personne ne vous contraint à rien. On vous suggère des activités, on vous demande de l’aide et du bénévolat mais tout se fait en douceur, sans que l’on ait même à répondre.

Pour bien comprendre la vie dans un ashram, je vais vous faire le portrait typique d’une de mes journées.

LE LEVER

Comme nous nous couchons tôt, vers 21h30 d’habitude, à 6h30, je suis réveillé. Rien de différent de la maison, je suis un lève-tôt. Chaque soir, cependant, je prends bien pris soin de mettre mes bouchons d’oreille pour ne pas me faire réveiller à 4h50 par la cloche invitant les fidèles au temple pour les récitations des 1000 noms de la Mère Divine suivi par des chants et des prières jusqu’à 7h00. Hors, le temple est situé juste sous notre chambre et ces jérémiades  parviennent jusqu’à nous. C’est pourquoi nous dormons avec les fenêtres fermées et le ventilateur ouvert afin de passer une nuit confortable.

LA TEMPÉRATURE

Côté température, même si les journées sont chaudes et que le soleil plombe, ce n’est pas si chaud que cela dans les bâtiments dont le rez-de-chaussée est généralement à aire ouverte pour permettre la circulation de l’air et tempérer le bâtiment. Dans notre édifice haut de 18 étages, nous avons toujours  une brise qui traverse le couloir central dont les extrémités sont à air libre. En entrebâillant la porte de la chambre et en ouvrant les fenêtres, nous pouvons ainsi bénéficier d’un courant d’air gratuit très rafraichissant. Présentement, nous sommes en hiver en Inde. Je ne sais pas si j’écrirais la même chose en été!

LE LAVAGE DU LINGE

7h15. Raymonde vient de se lever et a ouvert les fenêtres. On entend les corbeaux croasser. Ce matin, elle fait le lavage de «blanc». Elle met tous les morceaux dont deux de mes chemises dans un sceau qu’elle laisse tremper quelques minutes avec du «bleach» qu’elle a acheté au dépanneur de l’ashram.

Je vous avais dit qu’on avait trois éviers dans la chambre. C’est faux! Ce que j’avais pris pour un évier dans la salle de bain est en fait une planche à laver très bien pensée faite à même une tablette de béton dont on a laissé la surface rugueuse. Raymonde s’en sert présentement pour mes cols de chemise qu’elle nettoie à même cette planche. Très efficace! Ils reprennent leur blancheur d’antan!

J’ai installé une corde à linge en lieu et place du pôle à rideau inexistant ce qui nous permet de faire sécher le linge devant la fenêtre. Extrêmement pratique! Pendant la journée, cette corde à linge sert aussi à suspendre un drap de lit afin d’en faire un rideau pour minimiser les ardeurs des rayons du soleil et nous permettre de faire notre sieste en après-midi.

LA TOILETTE

On a aussi une toilette «hybride» avec des ailes comme une toilette turque. Je ne sais pas si c’est pour accommoder les gens qui sont habitués à ce genre de toilettes mais je me vois mal me hisser les deux pieds là-dessus pour faire mes besoins! Mais utilisée de façon conventionnelle, c’est très très confortable, les deux ailes offrant beaucoup de support!

LA DOUCHE

Rien à signaler pour la douche sauf qu’elle n’a que l’eau tiède et qu’elle arrose tout ce qui se trouve dans la salle de bain, toilette comprise!  C’est le seul petit défaut de conception de notre chambre qu’un ascète ne verrait même pas!

LES LITS

Ils sont solides et faits de bois et d’une planche de contreplaqué sur lequel repose un mince matelas qui ne donne pas beaucoup de confort. Même avec un deuxième matelas récupéré chez Marcel et Guylaine, je ne peux pas dire que c’est idéal pour les hanches, l’inconfort me réveillant deux ou trois fois par nuit. Mais ça s’endure. C’est comme au camping : faut faire avec et on en meure pas!

LES REPAS

HORAIRE : Déjeuner: 9h00  -  Dîner: 13h00  -  Souper : 20h00

Les heures de repas communautaires – i.e. les grands chaudrons! -  sont les mêmes autant du côté indien qu’occidental. Si on mange du côté indien, c’est gratuit tandis que tout est payant du côté occidental mais on peut s’en tirer pour moins de 40 roupies (1$) si on prend de petites portions sinon c’est le double. Hier soir, sans y être obligé, j’ai essayé la nourriture du coté occidental et c’était infecte : des patates pilées avec de gros morceaux de pelures noires et des grumeaux non pilés et un genre de quelque chose au choux et à la tomate. Pas bon du tout! J’ai mangé une fois du coté indien, le premier jour, et je ne répéterai plus l’expérience. Trop dégeu!

Autant du coté indien qu’occidental, un CAFÉ ouvert dès 7H30 le matin offre un menu rudimentaire à la carte. Ces deux restos ne ferment que pour des occasions spéciales, toujours aléatoires et sans avis car dépendant des activités publiques d’Amma. Le resto occidental offre du café, du thé, des boissons gazeuses, frites, grill cheese, végé-burgers, pizza, omelettes, rôties etc. On peut «bien» manger pour 130 roupies (3$) genre végé-burger, frites grand format et Pepsi. Donc, ici, personne ne peut vraiment se plaindre de la nourriture car il y en a pour tous les goûts!

LES ACTIVITÉS

Je ne peux pas vous en parler vraiment car je ne participe à aucune. Mais Marcel et Guylaine on suivi une formation en méditation. Hier, Raymonde a rencontré un astrologue indien qui l’a profondément surprise par la précision de ses dires. On offre aussi du yoga et d’autres patentes du même genre, les tableaux d’affichage en sont pleins.

LE SEVA

Une particularité des ashram est le seva, un travail bénévole demandé aux habitants du ashram afin de s’assurer que tout fonctionne bien. Avec seulement 300 permanents, il est impossible de tout faire car beaucoup de travaux de nettoyage, de cuisine, etc. dépendent beaucoup du nombre d’habitants dans l’ashram. Ainsi, en période creuse, soit lorsqu’Amma est absente, toutes les activités sont au minimum tout comme le nombre d’habitants. Mais lorsqu’elle arrive, ce sont des autobus entiers de «suivants» qui arrivent avec elle. Elle a sa cour et ses adeptes qui la suivent partout en Inde et souvent autour du monde. Très spécial!

Avant-hier, Raymonde a fait un seva aux cuisines pour préparer les pates à pizza… dont j’en ai mangé une pour souper! Hier, elle et Guylaine ont entrepris le seva de balayage et de lavage des escaliers de notre immeuble de 18 étages. Elles ont interrompu leur travail au 8ième étage et vont le continuer aujourd’hui. Moi, mon seva, depuis que je suis ici c’est de préparer mes photos pour les mettre sur le blogue dès que possible!

Bon, j’ai pas mal tout couvert! À part cela, c’est un endroit bien tranquille.

LES RÈGLEMENTS

Pour que tout fonctionne bien, il faut un minimum d’ordre et les règlements sont bien affichés sur tous les murs pour nous les rappeler. Les plus importants sont de porter des tenues décentes et non transparentes donc pas de shorts ou bermuda ni d’épaules à découvert pour les femmes. On conseille l’abstinence sexuelle par respect pour les autres habitants et on interdit l’alcool (maudit que j’ai hâte de prendre une bonne bière froide!) et la cigarette de même que les marques d’affection comme se tenir par la main et se donner des ti-becs! On est maintenant habitués à ce dernier point car c’est la norme en Inde depuis notre arrivée. Finalement, interdit de prendre des photos… ce qui fut le premier règlement que j’ai brisé!

LA TECHNIQUE À L’AHRAM

Autant la technique et la technologie est omniprésente lors des «shows» d’Amma, autant elle est absente partout ailleurs dans l’ashram. Je crois que ce qu’il y a de plus technique, ce sont  les deux ascenseurs de notre immeuble! Ici, tout se fait manuellement et j’ai cru comprendre que c’est nécessaire vu le «roulement de main d’œuvre» et la nécessité de tout garder très simple. Ainsi, sauf pour le kiosque d’inscription international et au minuscule centre d’internet qui font ait appel à des ordinateurs, tout le reste se fait manuellement sur des bouts de papier comme au resto ou avec des machines enregistreuses qui n’enregistrent rien car étant perpétuellement ouvertes!  On se croirait revenu 100 ans en arrière.

LES ÉDIFICES

Je vous avais écrit dans un précédent billet qu’il y avait sept ou huit édifices sur le site. Je me suis trompé! Hier, je suis monté au 18ième étage de notre immeuble et j’ai pu faire le recensement: au moins dix immeubles de 6 à 18 étages servent de logements sans compter les nombreux petits édifices de un ou deux étages utilisés pour les services comme les restos, les buanderies, etc. Plusieurs appartements appartiennent à des gens qui viennent ici passer plusieurs mois par année comme ce couple d’iraniens de Chicago avec qui j’ai jasé à mon arrivée qui passent les mois d’hiver ici. Je les trouve bien braves! Certains de ces appartements ont la climatisation ainsi que des antennes-satellites pour la télé mais ils sont rares.

Bon, assez pour aujourd’hui. Faut que j’aille au village, de l’autre côté du pont, pour aller faire de l’internet.

Demain, je vous parlerai d’Amma!

Amritapuri

14 décembre 2010 – Ashram d’Amma à Kollam, India

Sachant qu’en Inde, une expérience quotidienne m’attend, je peux vous dire que ça commence tôt ce matin: 08h00. Je désire nourrir le chien qui me regarde de ses yeux piteux pitou. Je lui donne un morceau de toast rôtie au beurre. Un deuxième morceau suit! Oups! Un corbeau m’a vu faire et plonge vers moi! Oups il s’envole avec le morceau qui reste dans mon assiette dans un mouvement d’ailes incroyable. Mon assiette métallique n’a même pas bougée! Mon cœur bat la chamade car c’est tellement imprévu! Deuxième expérience : la fenêtre de notre chambre n’a pas de rideaux et nos vêtements fraîchement lavés nous servent de rideaux. L’ingéniosité ne me manque pas pour trouver une solution. C’est mon lit qui donne sur la fenêtre et le soleil y plombe de 13h00 à 16h00. J’ai même ajouté mon drap afin de garder la fraîcheur encore un peu plus. Je désirais vivre une vie retirée, silencieuse, très zen, mais voilà que nous sommes au moins 2 000 personnes. La vie quotidienne est partout pareille : cris des enfants, rires des personnes à voix fortes, klaxons dans la rue et en bruit de fond, la mer. Bord de mer Après le petit déjeuner, je me rends à la mer. Une demi-heure vite passée. Le soleil, le vent et la mer : que ça me fait du bien. Je repense aux jours passés depuis le début de mon voyage. Il me semble que je suis partie depuis des mois, malgré le fait que je ne trouve pas les journées longues. Temple de Kali Je commence à affectionner le temple de Kali même si c’est au 2e plancher que nous retrouvons plusieurs services de l’ashram. Vu que les bruits montent, en bas, je me sens en paix. J’aime cette quiétude et cette dévotion. L’espace est immense et une brise semble toujours y flotter. Une cloche sonne 3 coups : il est 9h45. Amma sera au grand temple où tout le monde peut s’y amasser. Je déménage donc d’endroit. J’ai adoré les chants hier soir. Pendant une heure et demie les gens entonnent avec Amma, des chants plein d’amour et de dévotion. La musique y est excellente. L’orchestre est sur place : tamtam, flute que sais-je encore? Je ne connais pas les instruments indiens mais ici, ils ne faussent pas. Quel délice! Ce matin, Amma pleure car des enfants se trouvent à l’extérieur de l’ashram et ils n’ont pas la permission d’y entrer. Elle nous parle en disant que c’est discriminatoire que les enfants du village en soient exclus. Lorsque nous ferons la méditation, on leur permettra d’entrer. J’ai choisi un endroit d’une rangée seulement le long d’un mur formé par des paravents. Ainsi, je me sens un peu plus libre dans cette immense salle. Elle se remplie peu à peu. Des gens ajoutent des chaises afin de s’approcher plus près d’Amma. Le couloir formé par les chaises s’amenuise avec les chaises ajoutées au bout des rangées. Elle parle un bon trois quart d’heure, ensuite, la méditation d’une demi-heure et à la fin, tout le monde est servi par Amma. Des bénévoles préparent les assiettes et les lui remettent. Guylaine m’a vu debout. Elle vient me rejoindre. Elle voit Marcel dans la file pour se faire servir. Lorsque nous passons près de lui, il achève son assiette. Il ignore qu’il faut attendre que tout le monde soit servi avant de manger. La guru mange la première bouchée et ensuite ses disciples. Je m’avance afin d’être près d’elle pour le darshan (le câlin). Je m’assis donc avec Guylaine près des dames qui font le service et remettent les assiettes à Amma. C’est très performant. Pour servir environ 1500 personnes, ça prendra environ 1h00. Je ne veux pas manger. Deux vieilles indiennes insistent pour que je me serve. Une jeune fille m’explique qu’il faut prendre quelque chose car c’est comme une bénédiction de recevoir mon assiette des mains d’Amma. Bon! Je demande une petite portion. Elle m’a entendu malgré le fait que j’utilise l’anglais. Je retourne à ma place en passant sur les tapis personnels des gens qui se trouvent près d’Amma. Bon! Je voulais manger à l’occidentale. Me voici, la main droite dans mon assiette, riz et sauce mélangés grâce à la dextérité de mes doigts, et oups! Dans la bouche! J’épluche la banane miniature qui glisse à quelques reprises dans mon assiette. Pas évident de travailler avec la main mouillée de sauce. Je donne le « pop corn » à Guylaine. Je mange quelques bouchées et j’ai terminé. Je demande où jeter la balance. La jeune fille derrière moi me répète : jeter. Vous voulez jeter la nourriture. Oui, bien sur, de lui répondre. Elle me pique des yeux assassins. Je ne comprends pas trop. Une autre femme m’explique que je pourrais peut-être le manger au prochain repas. Au prochain repas? Ai-je bien entendu? Cette bouette au prochain repas? En plus, je ne m’étais qu’essuyer les mains avec mon mouchoir propre, lui! Bon! Je repars donc avec mon plat. Je me lève et informe Guylaine que je viens d’atteindre un quota de différences. J’ai les nerfs un peu, beaucoup en boules. On s’en va. Moi avec mon assiette pleine. Je vais rejoindre Pascal à l’extérieur qui a eu la patience de m’attendre une heure de temps, ne sachant pas trop ce que je foutais. Guylaine m’avait suggéré sortir et revenir pour le darshan. Je préférais ne pas manquer ma chance. Me voilà à l’extérieur de l’enceinte de cette salle, pas plus avancé qu’au début de ma décision. J’aimerais recevoir un darshan. Je mange toute mon assiette avec une cuillère. Je me sens plus à l’aise ainsi. J’entends l’animateur qui demande aux personnes qui n’ont pas reçus de câlin, de venir, spécialement les nouveaux arrivés ou les partants! Je saute d’un bond et je m’y rends. Câlin d’Amma C’est toute qu’une expérience (encore une aujourd’hui – je bats des records). Il faut faire la file. Les hommes à gauche, les femmes à droite. Comme dans la salle. Une dame a reçu son câlin et reste hébétée et admiratrice devant moi. Une responsable la prend par les épaules et l’enlève carrément de la lignée. On me demande de déposer mes lunettes dans un panier. De m’essuyer le visage avec un mouchoir que tout le monde s’est essuyé. Je choisis de m’essuyer le visage avec un bout de ma tunique (merci à ma sœur Marie-Pier de m’avoir conseillé de porter l’ensemble tunique pantalon). Une jeune femme s’agenouille avec son bébé. On dépose le bébé sur les genoux d’Amma qui prend la femme d’un bras. La jeune femme pleure. Oups! Une femme responsable enlève le bébé des genoux d’Amma, relève la jeune femme, me pèse sur les épaules pour que je m’agenouille, place ma main droite sur le plancher où se trouve la chaise d’Amma. On me demande en quelle langue je désire qu’elle me parle. Français. Elle me prend par les épaules en regardant un homme qui lui parle et oups! Debout madame, c’est terminée. Une femme me prend la main pour m’y remettre un petit sac brun dans lequel je trouverai un bonbon à l’orange. Ce fut très impersonnel. Je n’ai absolument rien ressenti. Tout qu’un show! Je regarde autour de moi : des gens pleurent, des gens déjà en morceaux bénissent Amma de son soutien! Je suis perdue! Je vais retrouver mes trois comparses. Nous parlons de nos vécus au niveau de l’ashram. Je peux vous dire que c’est loin de mon idéal et de mes attentes. Je réalise que la tolérance est encore au rendez-vous aujourd’hui. Mon voyage en Inde se résume à ça : la tolérance! Rien, rien, rien n’est routinier. Ce que je pense : rien n’est comme ça. J’assume que la méditation ça va être de la méditation : non, Amma parle, pleure et prie. Ensuite, la méditation. Ensuite, la bouffe à toute la gang. Ensuite le darshan… Ça en fais-tu de la différence à mon goût? T O L É R A N C E Raymonde!!!!! Seva J’avais dit, avant de partir, que j’accepterais n’importe quelle tâche qu’on me demanderait d’accomplir. J’entends des chants en écrivant. Ils sont doux et suivis de mantras. Très agréables aux oreilles avec quelques cris des enfants. C’est de la musique à mes oreilles. Bon, je continue! C’est dans notre petit appartement que je vais faire le seva. Je voulais une moppe pour laver notre plancher. Il faut attendre l’ouverture en après-midi. Le mardi, tout est fermé à des heures différentes et parfois même, fermé tout court. Tolérance Raymonde! Je décide donc d’utiliser mes petites culottes « long john » pour laver le plancher. Je passe le balai (24 pouces de long, donc je suis penchée en 4), ensuite je lave le plancher à genoux. Mes petites culottes changent de couleur. Elles passent de blanc à brun pâle et à brun foncé. J’utilise la première eau qui a servi au lavage de notre linge. Je m’en viens récupération pas mal! Je rince avec une eau propre. Mon pacha pendant ce temps, dort bien tranquille sur son grabat à deux étages (ben oui, il s’est déniché un 2e matelas chez Marcel et Guylaine). Je lave le tapis de la salle de bain (il passe de brun à brun pâle). Je suis en lavette. Je n’ose pas utiliser la douche toute propre que je viens juste de terminer. Qu’importe, je me lave! Après tout, c’est moi qui essuierai le tout par la suite. C’est en regardant mon petit apart tout propre que je vous dis… Namaste!