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3 janvier 2011- Kolkata

Je me réveille au son des voix indiennes.  J’ai un peu le cœur à la flotte.  Je cherche ce que j’ai  bien put faire pour ressentir cet inconfort.  Je passe en revue ma journée et ma soirée.  J’ai rongé le bout de mon auriculaire car l’ongle accrochait mon nouveau foulard en soie.  Pourtant je me suis lavée les mains pour le thé de 18h00.  Il faut dire que depuis que je suis à Calcutta, mes ongles de main sont gris en fin de journée et qu’il faut bien frotter au savon et eau chaude, sinon les ongles gardent cette couleur et ces microbes.

De toutes les grandes villes, Calcutta est mon coup de cœur.  Elle est pleine de vie, de culture et de beautés.  Pondichéry est magnifique et je comprends Marcel d’y vivre.  J’y retrouvais un romantisme ancien qui touche les sens à tous les coins de rue.  Tandis que Calcutta est pragmatique.  Elle prend et donne.  Les gens nous poussent pour passer, autant hommes que femmes.  Par contre, les vendeurs sont directs et non négociables.  Ils décident des prix, pas nous, comme dans le reste de l’Inde.

Avec notre guide Rekha, avant-hier, Calcutta découvre ses différents visages :

  • La bonté et la compassion au sein de la maison de mère Theresa où j’ai ressenti une paix et un amour immense à l’intérieur et autour de moi.  Un homme s’est recueilli et en se levant, il s’est détourné pour nous souhaiter une bonne et heureuse année;  une dame pleurait à chaudes larmes dans les bras de Rekha, alors que je descendais les marches qui mènent à la chambre de Mère Theresa.  Une de ses filles s’est suicidée et la deuxième prend des médicaments pour dormir toute la journée.  Elle est désespérée.  Rekha la console et l’encourage à s’occuper d’elle-même.  J’ai laissé un sac de shampoing, de savons et d’autres articles collectionnés pour offrir en ce premier de l’an.
  • Le temple de Belur Math montre son importance en tant que siège social de la mission Ramakrishna.  Ce temple regroupe 137 centres au cœur de l’Inde.  Fondé en 1899, il ressemble à une église, une mosquée et un temple dépendamment de quel angle nous le regardons.
  • Le temple Kali, la noire.  Cette déesse est vénérée dans le Ashram d’Amma.  On ne peut entrer, mais c’est notre dernière tournée dans un bazar indien.  Une jeune femme, avec un bébé dans les bras, me demande de l’argent.  Je lui réponds de demander à son mari.  Il est responsable d’elle et de son bébé.  Demande-lui aussi de ne plus te battre et de vous nourrir.  Je ne lui donne rien.  Elle apprendra peut-être à pêcher avec le temps;
  • Le marché aux fleurs, sous le pont.  Toute une communauté y vit des fleurs.  Échoppes après échoppes montrent le savoir faire de chacun.  Un défait les pétales et remplit un sac en plastique.  Ce sont ces pétales que nous voyons à l’entrée des hôtels baignant dans un bac d’eau.  Un autre enfile des fleurs à la suite l’une de l’autre.  Ce sont ces fleurs que nous retrouvons dans nos colliers en guise d’accueil à notre arrivée.  Un autre forme des couronnes pour différentes occasions.  Ainsi de suite.  C’est une chaîne vivante.  Les odeurs des fleurs, de l’urine, de la sueur et de la  nourriture se mêlent dans une cacophonie où mes sens s’adaptent au fur et à mesure de ma marche.  Pour terminer, une jeune femme au visage tuméfié lave son bébé.  Qu’a-t-elle fait pour mériter ça?
  • Beautés naturelles au Jardin botanique qui traverse le temps depuis 1787 et demeure le 2e plus grand au monde; 27 lacs se lovent au sein de ce lieu grandiose.  Un immense banian continue sa vie âgée de 250 ans.  On dit qu’il est le plus grand banian de la planète.  Ses 1200 ramifications, à partir de son cœur, courent autour de lui et forme un parc en lui-même.  Nous étions samedi, et la circulation est tellement dense que le jeune chauffeur nous suggère de descendre et de marcher jusqu’au jardin.  Lorsque nous en ressortirons deux heures plus tard, il sera encore au même endroit dans la voie de circulation.  Rien n’a bougé depuis deux heures.  Des autobus pleins à craquer de gens qui nous regardent passer.  Ce qui veut dire que lorsque nous sommes arrivés dans cette ligne d’attente, plusieurs autobus y étaient déjà.  Ces gens auront-ils passés l’après-midi à regarder passer des gens?  C’est aussi ça l’Inde.  Ici et maintenant.  Sans doute ne veulent-ils pas perdre leur place.  Dans une ville de 12 millions d’habitants, ça pourrait avoir du sens.

En passant devant la gare, notre guide mentionne qu’elle comporte 27 plates-formes desservant  l’Inde dans les grands centres urbains et les villes secondaires.

Cathédrale Saint-Paul consacré le 8 octobre 1847

Construite dans le style Gothique, elle fut l’archevêché anglican de Calcutta.  Elle renferme des trésors tels que les panneaux qui décrivent la vie de Saint-Paul.  Ses vitraux filtrent la lumière dans une harmonie de couleur qui me laisse imaginer les heures de créativité que les artisans ont déployé pour nous offrir cette beauté.  Les statues de bronze qui se tiennent à cheval sur une planche horizontale dans un équilibre précaire me font croire au miracle.

Dernière tournée dans un marché indien

Guylaine et moi désirons acheter quelques pashminas de qualité pour offrir en cadeau.  Je veux de la soie pour Jeanne-Mance.  Vicky et Valérie pourront choisir dans une panoplie d’achat effectuée à travers l’Inde.  Je suis heureuse de vivre cette expérience unique qu’est l’Inde.

Ces gens avec leur sourire où des dents blanches ou brunies par le bétel démontrent une présence physique exceptionnelle.  Ces yeux brillants et profonds leur donnent un air de guru même aux petits enfants qui parfois, ont les yeux barbouillés de noir dont j’ignore la signification.  C’est certain qu’il y a une raison.

Cette dignité dans la pauvreté en portant des vêtements usés mais propres.  Rarement ai-je senti de mauvaises odeurs se dégageant des gens.  Malgré la promiscuité, la chaleur de leur corps dégage une odeur de propreté.

Je me sens déjà mieux comparé au réveil.  Après avoir mangé une rôti et bu un Nestcafé, je suis prête à rentrer chez-moi.

Namaste!

Calcutta

1ier janvier 2011 – Kolkata (Calcuta)

Comme nous avions pensé, la nuit fut très bruyante mais j’ai pu dormir tout mon saoul grâce à ces indispensables bouchons d’oreille. Ils m’ont bien été utiles dans ce voyage. Mais le MSG dans nos mets chinois au souper hier soir, ont fait effet et Raymonde et moi avons eu mal à la tête cette nuit. Heureusement, ce matin, tout est partiLe déjeuner de l’hôtel est copieux et diversifié et nous en sommes pleinement satisfaits. Même le café plait à mes amis!

Visite de Kolkata

Notre voiture et la guide, une indienne parlant plusieurs langues dont le français, sont arrivés à 10h00 comme convenu. C’est une dame d’un certain âge qui connait très bien Marcel Poulin dont elle est une fan inconditionnelle.

Mère Térésa

Notre première visite, il va de soi, est pour la maison de mère Térésa où elle est décédée et où les sœurs de sa congrégation poursuivent son œuvre. Les portes sont grandes ouvertes et la visite de sa chambre et de sa tombe se font en toute simplicité. Une salle est consacrée à sa biographie et aux grandes étapes de sa vie. Nous en sommes tous sortis vraiment émus de voir ce qu’une personne dévouée peut faire de grand dans sa vie. Une belle leçon. Plus tard dans la journée, lors de la visite du temple de Kali, nous avons pu voir la première maison que mère Térésa avait occupée lors de son arrivée à Calcuta. Elle est en rénovation.

Les temples

On ne peut passer une journée sans faire la visite d’une couple de temples hindous même si le cœur n’y est pas. Le temple dédié à Rama Krishna est tout de même très intéressant du fait que c’est une construction récente datant d’à peine 50 ans, don d’un riche marchand du Rajastan. C’est un rare temple à ne pas être dédié à Shiva.

Nous sommes ensuite allés au temple de Kali mais la visite a été impossible à cause de la foule immense qui s’y pressait en cette journée fériée. Comme disait la guide, les indiens sont toujours en fête,  profitant de toutes les occasions pour fêter et c’est toujours étonnant de voir que le pays tourne quand même.

Resto Amber

Nous avons pris le dîner au réputé restaurant Amber, où, selon notre guide, des générations d’indiens de Calcutta ont mangé et aiment y revenir de temps en temps pour se rappeler des souvenirs d’enfance. Selon elle, rien ici n’a changé depuis longtemps, seul le personnel a vieilli et a été remplacé… mais pas les meubles ni la décoration, qui est, il faut bien le dire, très minimale!

Houghly ou Gange?

Après la visite du marché des fleurs près du ghât du même nom situé sur la rivière Houghly qui est, en fait, le Gange sous un autre nom, nous avons traversé le fleuve sur le pont Howrah qui ressemble au pont Jacques-Cartier mais en beaucoup plus large. Il a été construit pendant la guerre et il est encore interdit de le photographier, la loi l’interdisant n’ayant pas encore été abrogée. À l’ère des satellites-espion, il y a bien longtemps que ce pont a été recensé et étudié sous toutes ses facettes. C’est aussi cela l’Inde.

Le plus gros banyan du monde

Notre journée de visites s’est terminée au Jardin Botanique de Calcutta. Mais pour y arriver, il nous a fallu marcher pas moins de 15 minutes car notre auto était immobilisée dans le trafic causé par la très grande affluence de gens entrant et sortant du Jardin Botanique. Dans ce parc, nous avons pu admirer le plus gros arbre du monde, un banyan, qui fait, avec ses 2 880 racines-rejetons, 1,08 kilomètre de diamètre! Il est âgé de 250 ans et mesure 24.5 mètre de hauteur. C’est impressionnant de voir cet étalage des racines aériennes qui retombent au sol pour repartir en un nouvel arbre.

Vedette malgré moi

Pendant que ces dames étaient allées aux toilettes, je me suis assis avec Marcel sur un tronc d’arbre en bordure de l’allée principale menant au banyan. En cette journée fériée, le parc était envahi de milliers d’habitants de Calcutta venus y prendre l’air et admirer la nature. Et me voilà, encore une fois, pris en photo par les gens, surpris de voir un occidental en chemise à manches courtes et bermuda alors qu’eux portent des pantalons et des vestes chaudes et même des tuques pour se protéger du froid de l’hiver indien. Moi, des hivers indiens comme cela, j’en prendrais quatre par année au Québec!

Mais les indiens sont un peu spéciaux. Je n’ose pas utiliser le terme «gênés» car  ils ne le sont pas. Guylaine utilise le terme «réservés» pour les décrire et je crois que c’est exactement ce qu’ils sont. Par exemple, tout en jasant avec Marcel assis sur notre tronc d’arbre, je voyais bien, du coin de l’œil,  les jeunes hommes et les jeunes filles qui me regardaient avec un sourire et qui me prenaient en photo. Mais aucun d’eux n’osait venir engager la conversation.

Jusqu’à ce qu’une jeune maman avec son petit garçon s’approche de nous et nous demande de permettre à son enfant de nous embrasser sur la joue pendant que son mari nous prend en photo. Bien sur que nous avons accepté d’autant plus qu’elle était fort jolie en me disant qu’elle aura ainsi une photo de moi en souvenir! Ça fait toujours plaisir de fantasmer! «Gaga! Gaga!» disait-elle pendant que son petit garçon nous embrasse. «Elle est folle de moi!» me-dis-je. J’ai donc demandé à son mari ce que voulait dire «gaga». «Grand-papa!» répond-t-il avec un grand sourire! Bien sur qu’avec nos cheveux blancs nous avons plus l’air de personnes sages et inoffensives que de jeunots insouciants et pleins d’énergie! C’est mon ego qui en a pris un coup!

Dès ce moment, ce fut comme si la permission de nous approcher avait été donnée à toute la population de Calcutta! La foule s’est soudainement «dégênée» et nous avons été assaillis de demande de photos et de poignées de mains pour nous souhaiter la Bonne Année! Des extra-terrestres n’auraient pas été mieux accueillis, je vous le jure!

À la sortie du Jardin Botanique, coté embouteillage, rien n’avait bougé! Et pourtant nous avons été partis une bonne heure! Tout est encore congestionné et la foule qui s’empresse à la sortie pour aller rejoindre les véhicules ou les autobus empêche encore totalement toute circulation. Nous refaisons donc à pied le trajet inverse et retrouvons notre auto. Le chauffeur avait eu la brillante idée de laisser de l’espace devant lui de sorte qu’il lui a été facile de faire demi-tour et de revenir rapidement à notre hôtel.

Après discussion, nous avons donné un pourboire de 100 roupies par couple au chauffeur et 200 roupies par couple à la guide pour leurs services. Nous sommes ensuite allés prendre une bonne bière froide sur la terrasse de l’hôtel voisin du nôtre avant d’aller manger une bonne pizza au Blue Sky Cafe en face.

Bonne action de Guylaine

Comme nos appétits ont beaucoup diminué, il nous est resté plusieurs pointes de pizza à la fin du repas et Guylaine a eu la brillante idée de les mettre dans des serviettes de papier et de les donner à un vieux couple occupé à fouiller un tas de détritus sur la rue. À voir la réaction de la dame, c’était certainement la première fois de sa vie que quelqu’un lui donnait quelque chose sans qu’elle ait à le quêter.

Namaste!

Calcutta

31 décembre 2010 – Kolkata (Calcuta)

Pesée des valises

Nous prenons l’avion ce midi pour Kolkata, anciennement Calcuta, et nous devons nous conformer à la règle du 23 kilos par valise. Contrairement à nous qui avons perdu du poids, nos valises ont pris beaucoup d’embonpoint pendant ce voyage et la balance de l’hôtel nous indique un excédent de 19 kilos que nous avons mis dans un sac bleu du Club Aventure. Seule Raymonde et ses vendeurs savent d’où proviennent ces kilos «supplémentaires»!

Kolkata

Le vol est sans histoire et nous atteignons Kolkata en fin de journée. Nous sommes, encore une fois, étonnés de voir autant de «smog» et de respirer cette fumée qui irrite tant la gorge. Dans le ciel gris, le soleil n’est qu’un disque orangé qui peine à percer cette couche infecte. Nick, le gars de l’agence venu nous accueillir à notre sortie de l’aéroport, nous fait la description de ce que nous voyons en route et en particulier le «New Kolkata» en train de se construire des deux cotés de l’autoroute : c’est incroyable de voir autant de construction de gros immeubles! Il nous dit que ce sont surtout des édifices à bureaux mais aussi beaucoup d’immeubles à condos pour les gens aisés. C’est la façon indienne de résoudre la pauvreté dans les villes!

Hôtel Lytton

Notre hôtel est situé au centre-ville près de la Park Street, la Sainte-Catherine de Kolkata et des marchés publics. La rue Sudder sur laquelle il se trouve ne paye pas de mine et nous craingnons de nous retrouver à nouveau avec un autre «Pablas» comme à Delhi. Mais ce n’est pas le cas! C’est un très bel hôtel. Notre chambre est spacieuse et deux bons restaurants, dont un Chinois et Thaïlandais, vont nous permettre de nous régaler. Il possède une cour intérieure pour le stationnement des autos. C’est là que nous voyons la superbe Audi sport qui est construite en série limitée. Au moins 250 000 $ chacune! Je me demande pourquoi il s’est acheté ce bijou! Juste la sortir de l’hôtel et emprunter la Sudder Street sera un exploit pour ne rien heurter tellement c’est étroit. Et avec toute la circulation dans Kolkata, jamais  il va pouvoir en profiter pleinement. Bon! Chacun trouve ses satisfactions où il peut!

Puja du Nouvel-An

Après notre souper chinois-thaïlandais pris à l’hôtel, nous allons dans notre chambre pour fêter le Nouvel-An à la façon indienne soit en faisant un «puja» qui est une offrande ou un sacrifice fait à une divinité pour s’en attirer les faveurs. Comme notre stock d’image ou de statuettes religieuses hindous est très limité, je propose donc d’utiliser la petite sculpture achetée la veille a Chennai et représentant le «lingam» (phallus pas mal stylisé) de Shiva encastré dans «yuni» (vulve très stylisée elle-aussi) de son épouse Pavarti.

Je l’ai décoré de rubans jaune et posé sur des pétales de roses récupérées de la fleur qui ornait notre table au souper. Dessous, j’ai installé un cendrier dans lequel nous avons fait un petit feu en utilisant du papier et des cure-dents aussi récupérés du resto. Nous avons alors profités de ces moments pour faire nos vœux pour la prochaine année afin qu’elle nous apporte santé et bonheur à nous et à nos proches.

Marcel et Guylaine sont ensuite allés marché sur la Park Street mais la foule immense qui y déambulait les a fait rebrousser chemin après quelques minutes. Quant à Raymonde et moi, nous avons préféré la quiétude de notre chambre pour y passer les dernières minutes de 2010 et accueillir les premières secondes de 2011.

BONNE ANNÉE!