Jour 42 – RÉVEILLON DE NOËL – Billet de Raymonde

Tanjore

24 décembre 2010 à Tangore
Autant le Nord a demandé de l’adaptation à tous les jours, autant qu’au Sud, la vie coule doucement et chaudement. Dans le Nord, nous vivions des expériences à tous les jours; ici, nous vivons des surprises souvent très agréables, à tous les jours. Les indiens s’ajustent à ce qui est là, sans se questionner. On chante Alléluia, ils chantent Alléluia. Ils ont aussi le sens de la copie. Nous disons un mot en français; ils le répètent sans accent. Que veut dire « Pas pire »? Cette réplique de Marcel nous a bien fait rire en la traduisant par « nice ». Il faut donc être très précis.
Magasin de coton
Guylaine et moi voulions acheter quelques robes en coton. Nous demandons à Vidgi de nous amener dans un magasin de coton. Nous voilà dans un magasin de coton. Oui, ils ont des tuniques de couleur; non, en blanc. Oui, les étagères sont pleines de coton de toute sorte, même des saris en soie pure. Non, nous désirons des tuniques blanches en coton. Ils essaient par tous les moyens de nous vendre quelque chose. Small business qu’ils disent. C’est vrai, mais nous ne voulons rien d’autre que du coton. Nous sortons bien déçue de ne pouvoir encourager cette boutique qui était prête à nous livrer notre tunique à 20h00. Mais connaissant un peu plus le système indien, nous savons que 20h00 peut vouloir dire demain matin et à quelle heure?
Fêtons Noël
Ce matin à Madurai, le guide de l’agence à Chennai nous appelle. Je prends l’appel sur le cellulaire de Vidgi. Il veut savoir si nous voulons prendre le souper de Noël au resort, car aux alentours, beaucoup de commerces et de restos seront fermés pour Noël. Bien sur, pas de problème. Il me parle de roupies mais je ne comprends pas trop. Pas de problème. Nous avons des roupies.
À l’enregistrement à l’hôtel, nous avons la surprise d’un surplus de 7 850 roupies supplémentaires pour notre groupe. Nous sommes habitués à manger pour 500 roupies pour deux (13$), et souvent moins. Alors 7 850 roupies nous fait sursauter. Nous pensons alors à notre bonne compagne de voyage, Claire qui nous aidait à relativer souvent. En dollars canadien, ce n’est même pas 200$ pour les quatre. Au Québec, le festin que nous offre le personnel de l’hôtel est l’équivalent d’un repas au Château Frontenac qui pour l’occasion nous aurait coûté au moins ce prix par personne. Alors, vraiment pas de problème.
Ideal Resort à Tangore
Un autre petit paradis. À Kovalam, l’humidité demeure l’inconvénient principal. Il était impossible de faire sécher quoi que ce soit avant 10h00 le matin. Il fallait attendre à la fin de la journée afin de le reprendre sec humide. Ici, c’est un peu plus frais. Il est 06h00 et l’usage du plafonnier n’était pas nécessaire. Il m’a fallu fermer la porte de la salle de bain d’où les bruits entraient en profusion dans la chambre. Les indiens fêtent Noël! Ça ne fait que quelques minutes que les chants et la musique ont cessé. Comme il faut être dans la salle de bain pour les entendre, Pascal s’est rendormi. Nous avons tous les deux un rhume depuis quelques jours. L’air climatisé et les courants d’air étant omniprésents, notre système conteste un peu.
Visite du temple de Shiva à Tanjore
Ce temple mérite le détour car il est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1959. Les autres temples bonbons sont recouverts de peintures végétales et minérales leur donnant cet aspect bonbon. Celui-ci se présente à l’état naturel du granit, sans peinture aucune, dont les blocs ont été sortis par des éléphants et des hommes de 1004 à 1010. Les indiens viennent rendre hommage ou demander à Shiva, ce temple lui étant dédié.
Avant 1004, les champs appartenaient aux Bouddhistes. Il n’y avait qu’une statue d’un énorme Bouddha. Le bouddhiste ne vénère aucune déité sauf Bouddha qui se retrouve être la 9e incarnation de Vishnou dans la croyance hindouiste. Alors le Raja Râja de la dynastie Chola demande la permissions aux moines bouddhiste et achète ce lopin de terre pour y construire cet immense complexe « autelier » à Shiva.
Nous visitons aussi l’ancienne bibliothèque des dynasties passées où le commun des mortels n’avait aucun accès. Il y a une écriture sur feuille végétale visible qu’à la loupe. Minuscule, elle fut d’abord gravée sur la feuille. Ensuite, on vidait du charbon afin de remplir les vides ainsi créés. Ils terminaient par un miel ou une cire d’abeille, ça sera à vérifier. C’est la raison pour laquelle ils ont pu conserver ces écrits millénaires. D’ailleurs, nous sommes ici, à fêter le millénium 2010 avec les indiens sur leur territoire ancestrale.
Souper indien gastronomique et Père Noël
Nous revenons un peu beaucoup fatigués de nos visites. L’eau nous revigore et seul Pascal reste habillé à l’occidental. Je porte l’ensemble trois pièces vert et rose, Guylaine en blanc avec son foulard en soie favori et Marcel moitié-moitié, pantalon occidental et chemise indienne avec un foulard en soie également. Nous sommes bien fiers de poser devant l’arbre de Noël en prenant en drink (moi exclu).
Nous passons à la table où un podium termine cette salle à air ouverte. Des musiciens(ne) jouent des airs enjoués et classiques indiens. Nous avons différents thèmes durant la soirée qui se relaient à toutes les heures. De 19h30 à 20h30, nous dégustons un verre de vin rouge Madera offert par le patron. Cette musique n’a rien à voir avec celle entendue dans le Nord. Ce sont des professionnels qui ont étudié la musique classique. Ceux que nous avons entendu dans le Nord semblaient plus avoir appris sur le tas, laissant traîner des notes ici et là, et changer d’octave sans avertir nos oreilles.
À 20h30, nous pouvons nous servir. Le buffet de rêve pour un Noël en Inde. Je le répète, je me croyais au Château Frontenac ou Bonne Entente. Les musiciens laissent la place à des danseuses dont la plus jeune n’a que 4 ans. Elle fait fureur cette jeune artiste. Nous dégustons, nous échangeons, nous rions et nous commandons une bouteille de vin rouge Madera vu que nous l’aimons bien. Les chin chin se succèdent ainsi que les rires. Guylaine et moi remarquons comment plusieurs personnes autour de nous sont présentes de corps seulement. Le cellulaire à la main, ils sont très occupés ailleurs. D’autres, mangent sans même regarder et admirer le décor féérique autour de nous. Les lumières scintillent de partout. Pouvez-vous imaginer que Guylaine et moi apprécions cet entourage sans que nous aillons eu à y participer. Ça nous est offert à Noël.
Je vous avoue sincèrement que lorsque j’ai préparé tous ces Noël entourée de ceux et celles que j’aime, c’était avec amour et plaisir. J’anticipais leur arrivée et leur réaction à toute cette bouffe qui embaumait la maison du grenier au sous-sol. Quel bon temps aussi! Ça me donne le goût de le préparer ce réveillon 2011. Je vais vérifier avec Pascal. On pourrait être une bonne gang car lorsque je reçois pour 10, j’en fais pour 20; aussi bien inviter les 20 personnes. Bonne idée!
21h30 : danse folkloriques et turlute indien. Notre Bolduc serait surprise de constater qu’en Inde on peut turluter aussi avec dextérité et un rythme surprenant.
22h30 : feux d’artifices! Oui, mesdames, un beau spectacle à travers les arbres. Je reste assise la tête penchée juste pour regarder à travers les feuilles. Je veux regarder différemment et la présence de cet immense arbre m’en donne l’opportunité.
Et la soirée se termine par un « Happy Hours » qui pour nous se terminera vers 22h30 alors que pour les indiens, il se terminera vers 05h00. Ils ont le sens de la fête ces indiens!

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