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Jaisalmer

2 décembre 2010 – Jaisalmer

LES HAVELIS

Pendant la matinée, nous faisons la tournée de trois havelis typiques du Rajastan avec leur atrium central ouvert au ciel et autour duquel sont disposés les appartements. Le mot «haveli» vient de deux mots : hava qui signifie air et veli pour soleil.

Le premier est immense, construit par un très riche marchand qui possédait au-delà de 300 points de ventes dans la région. Cinquante ans ont été nécessaires à sa construction, chaque nouvel ajout étant pour accommoder chacun de ses cinq fils. La maison a été convertie en musée où nous avons pu admirer beaucoup de mobilier d’époque.

NON-MAGASINAGE DE CES DAMES

Il va sans dire qu’une visite comme celle-là ne peut se terminer que par la sempiternelle étenderie de tapis ou, dans ce cas-ci, le déballage de couvertures de lits et de pacheminas tous plus brodées et colorés les uns que les autres dans les motifs rajastanis. C’est un moment pénible à subir pour ces messieurs et aucune Tylenol n’a encore été inventée pour amoindrir le moindre de ses effets. C’est bien plutôt l’attitude très stoïque de ces dames qui nous a surpris : comme beaucoup d’achats ont été faits jusqu’à maintenant, elles étaient bien plus intéressées à savoir les prix de ces items afin de se rassurer qu’elles avaient fait une bonne affaire finalement!

Le deuxième haveli n’a été visité que de l’extérieur. Construit par deux frères, la façade est parfaitement symétrique… sauf pour quelques détails que Daniel nous a mis au défi de pointer.

RECYCLAGE DE L’EAU

Finalement, la visite du troisième haveli  a été plus intéressante du fait que nous en avons appris un peu plus sur les us et coutumes des habitants du désert. En effet, l’eau y étant très rare, elle était constamment recyclée : l’eau de la douche servait au lavage du linge qui ensuite était utilisée pour les toilettes et finalement, ce qui en restait, était utilisé comme fertilisant.

Les femmes ne prenaient qu’une douche par mois et compensaient ensuite en s’enduisant le corps d’huile parfumée. Lorsque leurs menstruations débutaient, elles s’enduisaient de boue pour signifier leur impureté et cette période terminée, elles avaient droit à la douche. La boue, mêlée à l’huile parfumée dont elles s’étaient enduites, étaient alors recueillies pour parfumer les toilettes. Ça c’est écologique!

FORTERESSE ET TEMPLES JAINS

La forteresse de Jaisalmer est situé sur un rocher mais est beaucoup plus facilement accessible à pied que celles de Kumbhalgar et Jodhpur. Son originalité vient du fait qu’elle contient une petite ville à l’intérieur de ses remparts ainsi que trois temples Jains. Mais, ce matin, l’ambiance n’est pas du tout aux visites et Daniel, en fin psychologue, a tout deviné et nous laisse libre de nos pérégrinations jusqu’à 14h00 et prenant bien soin de nous indiquer tous les points d’intérêts. Car, il faut que je le dise ouvertement, ces dames en ont marre des forteresses et tout ce qu’elles veulent c’est du magasinage et encore plus de magasinage! Rien d’étonnant là-dedans! Elles sont comme elles sont. Nous, les hommes, ce sont l’épaisseur des remparts, la disposition stratégique des portes et tous les dispositifs défensifs de la forteresse qui nous fascinent au plus haut point… sauf ce matin!

En effet, moi aussi, aujourd’hui, je fais grève de citadelle, de forteresse et de palais et je vais simplement déambuler dans la petite ville au gré de ses ruelles. La grosse paix quoi! J’ai passé deux heures de pur bonheur à m’asseoir ici et là, à me faire aborder par les locaux curieux de tout savoir sur moi, à regarder la vie simple des propriétaires d’échoppes, à essayer de comprendre la motivation des gens à prier dans ces temples tous plus différents les uns des autres dans leurs dieux mais combien tous pareils dans la dévotion de leurs fidèles.

J’ai retrouvé Marcel. Tous deux nous cherchions nos douces moitiés certainement perdues dans ces ruelles sombres et aux prises avec de méchants vendeurs sans scrupules. Pour amoindrir notre désespoir de ne pouvoir les retrouver, nous nous sommes donc attablés au resto 8 July pour prendre un «special tea», de la bière servie dans une théière afin de préserver les apparences de tempérance si propre aux indiens.

Notre pizza terminée, nous sommes retournés au lieu de rendez-vous retrouver tous nos compagnons de voyage… sauf bien sur nos belles dames qui ne se sont pointées qu’à exactement 13h59m59s ! Tout un record de ponctualité! Une seconde de plus et nous les laissions ici en pâture aux beaux et ténébreux indiens !

Retour en tuk-tuks vers l’hôtel pour y faire nos derniers préparatifs soient un sac de jour qui nous permettra de survivre à une promenade en dromadaire d’une heure dans les dunes et une nuit complète à la belle étoile dans le désert du Thar. Toutes nos valises resteront dans une chambre à l’hôtel.

EN DROMADAIRE DANS LE DÉSERT

C’est mon second contact avec les dromadaire, le premier s’étant produit en Tunisie et au cours duquel nous avions subi une tempête de sable qui avait détruit 80% des caméras… sauf la mienne que j’avais minutieusement protéger.

Notre caravane s’est mise ne branle lentement. Nous sommes neuf à dos de dromadaire et huit guides tiennent les bêtes en laisse grâce à une corde passée dans un anneau vissé dans le nez de l’animal. On nous assure qu’il n’a pas mal puisque l’opération s’est fait en très bas âge, vers trois ans, et que tous ces dromadaires ont au moins sept ans. Comme il manque un guide, c’est à moi qu’échut la tâche de tenir les guides du dromadaire de Richard. Pauvre lui! À chaque fois que sa monture passait devant un buisson, elle se faisait un malin plaisir à le frôler au grand déplaisir de Richard qui se faisait fouetter par les ramures. Et pour rassurer mon ami Richard, je lui ai  confié qu’à un moment donné j’ai bien failli échapper la corde tellement ça tirait fort! Imaginez un peu notre beau Richard monté sur son dromadaire prenant la poudre d’escampette à travers les dunes de sable !  C’est évident qu’il m’a fait jurer de ne jamais lui faire ce coup-là!

Raymonde éprouve des problèmes avec sa selle qui est nettement trop en avant ce qui lui demande beaucoup d’efforts pour s’empêcher de tomber sur le cou de sa monture. Le chef de la caravane vient donc ajuster la selle mais l’inconfort était toujours là. Après avoir démonté pour regarder le coucher de soleil sur les dunes de sable et s’être fait harceler par des vendeurs de bières et de Coca Cola ainsi que par une couple de femmes habillées en danseuses exotiques et maquillées au henné voulant se faire prendre en photo moyennant quelques dizaines de roupies, nous avons repris la marche pour la terminer quinze minutes plus tard, à la brunante au camp aménagé par nos hôtes.

AU CAMP

En fait, le camp consiste en bien peu de choses : neuf lits ou grabats alignés au bas d’une dune de sable, neuf chaises de plastique devant des petites tables basses sur lesquelles brulent des chandelles et disposées en demi-lune devant un feu de bois. Plus loin, la cuisine… en fait un réchaud au propane qui servira à réchauffer la nourriture apportée dans des contenants hermétiques.

Profitant des dernières lueurs du jour, nous allons rapidement préparer nos lits : deux draps, une couverture de laine et une bonne douillette. Pour les toilettes, c’est très simple : le pipi c’est de faire une un trou dans le sable 10 pas derrière les lits mais pour une grosse job, la même chose mais le plus loin possible! Peu de personnes se sont prévalues de la seconde option préférant se retenir pour les prochaines 12 heures.

LA SOIRÉE

Le souper et la soirée ont été exceptionnels, le feu de camp projetant sa chaleur et sa lumière tout autour de lui. Des musiciens sont venus nous faire de la musique traditionnelle et même un «Frère Jacques» à la manière rajani! Nous avons tous été surpris de cette improvisation. Raymonde a aussi utilisé ses talents d’organisatrice pour nous inciter à faire le «petit train» autour du feu et tous y ont participé… même Richard qui a réussi à faire un quart de tour! C’est elle aussi qui a passé le tambourin du percussionniste pour recueillir nos «oboles» insistant fortement pour que nous soyons le plus généreux possible! Les messieurs étaient ben contents!

Richard a profité du magnifique ciel étoilé pour nous faire découvrir quelques constellations dont les Pléïades et Orion. Faute de repère comme la Grande Ourse, invisible à cette latitude, il nous a été impossible de localiser l’étoile polaire. Finalement, tout le monde a passé le test en identifiant la planète Jupiter comme étant l’étoile la plus brillante dans le ciel!

Richard et Clôde nous ont ensuite offert le vin et le rhum qu’ils avaient si aimablement achetés hier au «English Wine Shop» de Bikaner. Personne ne s’est fait prié pour y goûter plus d’une fois car la fraicheur du désert – faudrait même dire le froid du désert – nous ankylosait lentement les membres, nous forçant à nous rapprocher de plus en plus du feu. Les musiciens partis, nos deux  jeunes cuisiniers se sont joints à nous et nous ont chanté quelques mélodies. Nous avons fait de même et avons été étonné d’entendre les très belles voix de Claire et de Marcel nous enjôler des chansons de  Vigneault, Ferland et autres Moustaki. Le répertoire de Marcel est impressionnant et sa mémoire des textes plus qu’exceptionnelle. Il faut avouer qu’une couple de chansons aux vers bien tournés ont fait perler quelques larmes aux yeux des participants.

Vers 10h00, nous sommes tous finalement allés nous réfugier sous nos chaudes couvertures, les uns pour continuer à regarder la Voie Lactée, pour les autres, trouver un sommeil réparateur.

Quelle belle fin de journée!

Pascal

Publiée par Pascal


Jaisalmer

1er décembre 2010

Jodhpur – Jaisalmer – 345 km – 8hres de route

Route vers Jaisalmer à travers le désert du Thar semé de villages aux maisons de terre séchées.  Claire fait la remarque que sur la route, nous rencontrons plus d’animaux que de voitures.  Voici la liste des animaux aperçus aujourd’hui : en sortant du café, Claire arrive face à face avec un éléphant dans la rue.  Ensuite, vient le chien, le chat, le renard dans le désert, le zébu, des chameaux ainsi qu’une caravane de 300 dromadaires stationnés dans le désert.

Porte du désert, fabuleuse apparition d’une ville fortifiée avec ses ruelles étroites bordées de bancs de pierre polie, ses hautes maisons aux façades finement sculptées, Jaisalmer témoigne d’un raffinement qui contraste avec la rudesse de l’environnement.  Le coucher de soleil enflamme ce fort à l’aspect un peu brut; on la nomme « Citée dorée » du fait que la couleur des pierres au coucher du soleil.  Nous sommes à environ de 50 à 100 km du Pakistan.

Nous logeons dans un hôtel magnifique où un mariage se prépare.  Ils fêtent au moins 3 jours.  Plusieurs invités sont déjà à l’hôtel.  Ils fêtent en ville et reviendront cette nuit.  J’espère qu’ils ne seront pas trop bruyants.  Le mariage n’a lieu que le 3 décembre.  Les indiens ont vraiment le sens des festivités.  Tous les soirs, qu’importe où nous sommes, il y a des feux d’artifice.  Sans doute parce que c’est la saison des mariages.

Bon, comme j’écris, j’entends des tambours et des flûtes charmeuses de serpents.  À chaque fois qu’une personne se présente à l’hôtel, qu’il soit de la noce ou non, l’orchestre se met à jouer à qui mieux mieux.  Il ne manque que la danseuse.

Imaginez-vous que Claire nous a offert son immense chambre à coucher en échange de la nôtre, qui était plus ordinaire.  Elle est magnifique cette chambre et très inspirante.  Nous avons un lit king, une piscine immense (eau à 18o C) et une salle à manger immense et propre.  Nous prenons notre douche à l’eau chaude.  Quel plaisir!

Tiens, l’orchestre vient d’arrêter de jouer.  Même les employés participent à la fête en nous regardant entrer et en tapant des mains.  Certains dansent en marchant.  Les pigeons qu’on compte par plusieurs dizaines, roucoulent près de la fenêtre de la salle de bain.  Nous la fermerons pour la nuit.

J’ignore si je vous ai parlé des arbres nimes.  Ce sont des arbres dont on coupe les branches et ne garde que le tronc et la ramification des branches majeures.  Nous pourrions croire qu’ils sont morts si ce n’était de leur extrémité blanche où la coupure fut effectuée.  Suite à une pluie, ils renaissent à nouveau et fournissent des feuilles qui servent d’antiseptique entre autre.  Ses petites nervures servent de cure-dent.  C’est incroyable, en Inde, comment tout possède une deuxième et parfois une troisième vie.

À l’arrêt technique du pipi et thé chai, le jeune homme a refusé de sourire.  Je suis restée planter là devant lui, attendant comme un corbeau, qu’il sourit.  Rien à faire.  Ma belle Guylaine s’est jointe à moi dans cet effort ultime.  Rien n’y fait.  Pour me consoler de son indifférence, J’ai décidé qu’il ne devait pas être si heureux que ça!  Comme dit notre philosophe Marcel, il a le droit de ne pas sourire et moi j’ai le droit de trouver ça ordinaire!

Jaisalmer

Bien que située au cœur du Thar, la ville de Jaisalmer a connu une mousson désastreuse en 1993, détruisant partiellement ou complètement quelques 250 bâtiments historiques par lesquels le plus ancien palais Rajput existant le Rani-ka Mahal, ou palais de la Maharani.

Son fort est entouré d’une double muraille, du vieux palais et de temples jaïns.  A suivi une promenade dans les ruelles de la basse ville, à la découverte des Haveli aux façades finement sculptées. Flânerie dans la ville à la découverte de bijoux et foulards que nous affectionnons tant.

Je me retire dans notre magnifique chambre!

Namaste!

Jaisalmer

1er décembre 2010 – Jaisalmer, la citée dorée du désert

Les prochains jours seront consacrés à beaucoup de déplacements et quelques visites car nous sommes dans une partie désertique de l’Inde, le désert du Thar, qui est très étendu mais peu peuplé. Contrairement aux villes immenses et populeuses que nous avons visitées, la campagne indienne est vaste et peu peuplée – toute proportion gardée bien sur – et nous devons donc parcourir de grandes distances, 6-7-8 heures de mini-bus, pour atteindre notre prochaine destination. Nous traversons bien sur de nombreux petits villages et villes mais l’impression qu’il me reste jusqu’à présent c’est que l’Inde est un vaste continent en lui-même avec tout ce que cela implique en longs déplacements.

Ce matin, avant notre départ pour Jaisalmer, nous visitons la citadelle Mehranghar et son palais en visite libre avec audio-guide. Nous apprécions beaucoup cette façon de visiter car elle nous donne pleine latitude sur le temps à consacrer aux expositions car l’intérêt n’est souvent par le même d’une personne à l’autre. Nous consacrons une couple d’heures à cette visite qui nous permet d’apprécier la magnificence des derniers maharajas qui ont gouverné le Radjastan avant l’indépendance de l’Inde en 1949.

Le diner est libre et Raymonde et moi y allons pour de la nourriture conventionnelle : soupe aux tomates et poulet frit et frites. Il faut dire que je suis un peu déçu par la nourriture indienne : c’est toujours le même goût apprêté différemment. À Québec, nous avons d’excellents restos indiens où je me fais un plaisir de me régaler mais ici, disons que c’est plus «drabe» comme nourriture. Nous espérons seulement que la nourriture du sud sera comme celle de ces restos québécois.

Le reste de la journée est consacrée au trajet Jodhpur – Jaisalmer, 280 km franchis en 5 heures incluant un arrêt technique de 20 minutes et un arrêt spécial d’une demi-heure pour voir un troupeau de 300 dromadaires en bordure de la route.

Dès notre entrée dans les faubourgs de Jaisalmer, nous sentons immédiatement l’odeur acre caractéristique des grosses villes indiennes englobées dans leur smog perpétuel constitué de fumée provenant d’une multitude de braséros servant à la préparation de la nourriture et des émanation des innombrables véhicules à moteur dont les infâmes «tuk-tuks» et leurs moteurs 2 temps qui crachent derrière eux un nuage noir d’essence son brulée.

Nous arrivons à notre hôtel à la brunante vers 17h30. C’est un petit palais appartenant à un descendant du dernier maharaja. Situé en périphérie du centre-ville, dans un grand parc, il est le site d’un mariage qui s’étendra sur 3 jours. Notre arrivée est salué par un petit orchestre – tambours et flutes – qui entame une mélodie dès que nous faisons notre arrivée. Nous pensons que ces musiciens ont été engagés par les gens de la noces.

Notre chambre est des plus spacieuses. Nous faisons la visite des autres chambres et Claire nous offre gracieusement d’échanger sa chambre style «nid d’amoureux tout rose» avec deux alcôves pour la nôtre qui est plus sobre.

Nous allons souper en ville et avons la chance de trouver enfin  un «English Wine Shop», une échoppe autorisée à vendre  du vin et des alcools. C’est la première fois que nous en trouvons une de la sorte et nous faisons provision surtout de vins qui sont presqu’à moitié prix de celui payé dans les hôtels lorsqu’ils en offrent sur leur carte.

Sur notre étage, quatre chambres sont situées autour d’une petite salle. Guylaine & Marcel, Claire et nous occupons trois de ces chambres, l’autre étant occupée par des gens de la noce. Nous nous couchons vers 22h30 mais notre sommeil est long à venir car des enfants s’amusent dans la salle à jouer à la cachette et à crier. Même les parents sont de la partie et les encourageant. J’ai failli me lever pour aller leur dire de cesser ces jeux mais, étant en costume d’Adam, je crois que l’impact sur les enfants aurait été vraiment traumatisant et dévastateur et leurs parents m’auraient certainement poursuivi pour grossière indécence. Mais ce n’est pas l’envie qui m’a manquée! Finalement un membre de la réception est venu les avertir de se calmer le pompom mais seulement après le gigantesque feu d’artifice que les gens de la noce ont déclenché à 23h30. On aurait cru que les pétards éclataient dans notre chambre! Le calme est graduellement revenu. Enfin!

Pascal Bouchard

Publié par Pascal