14 février 2015 - Joyeux Saint-Valentin à tous! - Cratère Sokoria – 3 lacs de couleurs différentes
Notre premier levé fut pour 04h30. Il pleut. Nous partons quand même. Après 5 minutes de route, Andréan nous suggère de remettre à demain matin. Nous préférons car nous avons quand même un imper, mais que verrons-nous une fois en haut, puisque nous serons dans les nuages. Nous venons nous recoucher pour se faire réveiller à 08h00 : nous partons pour de bon. Le soleil brille et les lacs lovés aux creux des volcans attendent pour nous montrer leur beauté sous tous leurs angles et à toutes heures.
Ces volcans sont hébergés dans le Parc National de Kelimutu, donc il faut payer pour entrer. La couleur des lacs changent selon la nature, car le souffre étant minéral, la couleur suit ses humeurs. La première irruption de 1830 fuit suivie par d’autres en 1869 et 1870. Le dernier a fait irruption il y a deux ans. Nous pouvons admirer le changement de couleur de leurs eaux.
J’ai oublié ma tablette à la Lodge. Je peux donc admirer en toute conscience, tout ce qui m’entoure. Ah! La mer au loin. C’est la Sabuchi, mer du Sud dans l’Océan Indien. Celle au nord porte le nom de Outara et se trouve dans la mer de Flores qui se jette dans l’Océan Pacifique.
Andréan connaît bien sa botanique et il continue à l’étudier afin de donner l’information sur demande. L’arbre où pendent des fleurs clochettes ou trompettes se nomme Kacubung en Indonésien. Naturellement, sur la fiche on peut lire, en premier, la sorte de plante ou d’arbre, son nom en latin et en dernier, celui en Indonésien. Le turuwara lui ressemble aussi.
La montée en voiture dure environ ¾ d’heure à une heure, selon la condition de la route. Nous avons pris une bonne heure pour monter et ¾ pour descendre, car la route a eu le temps de sécher un peu. Une fois rendus au stationnement, nous montons je ne sais combien de marches géantes, mais nous prenons une demie heure pour le faire. On se croit arrivé. Non! Nous avons le choix de se rendre, à ce qui ressemble à un calvaire tout là-haut, ou bifurquer à droite.
Pour se rendre jusqu’au sommet de cette montagne afin d’avoir la vue sur les lacs, il nous faut monter une autre série de marches géantes. Tout le long nous pouvons voir de petits arbustes remplis de petits fruits en formation. Ca ressemble beaucoup à nos bleuets autant par l’arbuste que par le fruit rouge en devenir. Le guide nous apprend que ce fruit est un peu suret.
Une fois le sommet atteint, un petit snack bar y est installé : cigarettes, cafés, biscottes, biscuits, eau, boissons gazeuses, nouilles ramen… Nous avons amené tout ce qu’il nous faut, i.e. de l’eau et une barre tendre. Nous déjeunerons à notre retour qui aura lieu vers 11h30.
Des français jasent de leurs voyages passés et comparent cette beauté à d’autres admirées ailleurs sur la planète. Un américain raconte à son guide comment il est chanceux de pouvoir effectuer ce voyage en santé. Un autre jeune français qui a habité aux USA pendant quelques années et qui habite maintenant Pékin, a fait cette ascension en béquille!!! J’espère qu’il ne se cassera pas le cou en descendant. Trois jeunes indonésiens se photographient pendant une demi-heure sans arrêt, trépied à l’appui. C’est du sérieux! Deux jeunes hommes arrivent et jasent en québécois avec un autre jeune américain. Chaque personne ici vient combler une attente, un désir, même réaliser un exploit. Gratitude tu es au rendez-vous à chaque jour dans ma vie!
Nous redescendons après des échanges avec les autres, à l’exception de Pascal qui est demeuré méditatif devant la beauté de cette formation naturelle qui peut s’éveiller sans avertir, avec tant de force et de puissance, alors qu’elle paraît si tranquille ce matin.
Nous redescendons pour monter l’autre série de marches, beaucoup plus petites celle-là. 5 minutes suffisent pour atteindre l’autre côté des lacs. Aujourd’hui, deux sont émeraude et un est bleu. Il faut dire que deux lacs se côtoient au centre du cratère Sokoria alors que l’autre est séparé par la montagne où se trouve le calvaire (en réalité il n’en a que l’allure; c’est un promontoire). Il est de couleur bleu foncé sans doute dû à l’éclairage.
Une blogueuse mentionne que devant une telle majesté on comprend que le Kelimutu soit sacré. Les habitants de la région, chrétiens pour la plupart, partagent la croyance animiste ancestrale qui veut que les âmes (curiosité linguistique, dans la langue locale, âme se dit "mae" et c'est l'anagrame du mot français!) des morts trouvent ici leur dernière demeure, après avoir passé devant Konde Ratu, le gardien des portes de l'Esprit. Konde Ratu, selon la "qualité" de l'âme qui se présente, lui désigne comme dernier refuge un des trois lacs, le plus jeune, le lac ancien ou le lac des âmes malfaisantes (intéressant de noter que le concept des trois niveaux de séjour rejoint la tradition chrétienne du tryptique Paradis, Purgatoire, Enfer.) Très intéressant à savoir!
La beauté de ces lacs se déploie selon l’heure, la présence du soleil, du mouvement des nuages qui flottent selon le bon gré du vent et selon l’éclairage que tout cet ensemble peut donner. Après quelques minutes, un nuage apparaît en son centre offrant un éclairage lumineux surprenant. Un autre cinq minutes passe, un nuage arrive pour le recouvrir laissant traîner quelques gouttelettes, et c’est ainsi tout le temps que nous y sommes restés. Ces lacs furent la première raison de parcourir Flores ainsi que les fameux Komodo que nous verrons à la fin de ce périple.
Sur notre retour, à 11h00 juste, je pense à la St-Valentin. On se tape dans les mains et on se la souhaite à Flores. Mon cœur va vers chaque personne aimée : famille, amies, amis et souvenirs. L’amour passé et présent se fête en tout temps! Joyeuse Saint-Valentin!
Des paysages a coupé le souffle nous raccompagne jusqu’à notre Lodge où notre petit déjeuner sera le bienvenu. Depuis le début de ce voyage, souvent je me découvre une âme de poète. En admirant ce qui m’entoure je me dis que les beautés entrent par mes yeux et descendent à mon cœur pour ensuite venir combler mon estomac. Les arbres sur lesquels poussent les fleurs qui donnent des fruits.
Il m’est donné de demander à Andréan s’il est catholique. Il l’a été mais il s’est converti à l’Islam. Pourquoi, je demande! Parce que! La liberté? La justice en premier. Suite à ces échanges verbaux, je réalise qu’il est quand même bien au courant du nom des papes et de ce qui se passe dans le monde. Ce matin, en entrant dans l’auto, je trouve que ça sent la fumée. La fenêtre baissée, j’assume que ça vient des champs. Mais après quelques temps, je réalise que se sont les vêtements dans la voiture qui dégagent cette odeur. Pascal aussi avait noté. Il faut dire que notre guide est de style « hippie » : cheveux rasta, vêtements 3x trop grands pour lui qu’il semble flotter lorsqu’il marche, des gougounes qui galochent et annoncent sa présence et des petites fesses qui se dandinent en marchant de manière très nonchalantes, un peu comme s’il danse en marchant. Il est super sympa notre Andréan.
Pascal et moi se demandons si c’est une forêt et une jungle. Naturellement, je pose la question. Quelle est la différence. Comme le dit si bien notre guide, à son opinion, la forêt est plus jeune, moins humide et n’a pas d’animaux sauvages, seulement domestiques, tout le contraire de la jungle, comme celle qu’on trouve à Sumatra avec ses tigres et ses éléphants qui y vivent à l’état sauvage. Ça fait bien du sens.
Je mentionne à Andréan comment le guide est important pour nous. Je trouve qu’il a une bonne connaissance en botanique et en culture générale. Je lui mentionne comment nous découvrons son pays à travers lui en premier. Ensuite, ça nous appartient par notre ressenti à intégrer ce que nous voyons et entendons. Je lui parle de « ressenti ». Comme nous échangeons en anglais, il se met à fredonner « Feelings, feelings of love » la fameuse chanson sur laquelle j’ai tant pleuré durant la période « divorce ». Aujourd’hui, Andréan me ramène au passé et me permet de réaliser comment j’ai fait la paix avec mon passé amoureux. Vive la St-Valentin!
Je vis au présent, avec Pascal, cette St-Valentin indonésienne remplie de sérénité et d’appréciation de la présence de l’autre, et ce, en toute liberté et dans le respect de chacun, sans trop d’attente ni de compromis. C’est devenu naturel et facile.
Nous prenons un copieux petit déjeuner qui nous attendait dans un service digne d’un 5 étoiles. Le jeune homme s’applique, avec beaucoup d’attention, à placer les ustensiles de la bonne manière et au bon endroit, sur une nappe joliment colorée et différente à chaque repas, tant par la couleur que le motif. Le service est accompli du bon côté de la personne et la vérification de notre satisfaction est omniprésente. Je crois qu’il pratique la synergologie naturellement à voir ses sourcils qui se soulèvent si je cherche le sel ou un autre condiment. Super efficace.
Nous commandons pour ce soir : le spaghettis bolognèse est tellement bon, que ce soir, c’est Pascal qui veut en manger alors que je commande une soupe Soto ayam que nous aimons tant accompagnée d’un mie goreng. Aujourd’hui, c’est Christina qui est la cuisinière. Je n’avais pas la différence. Je croyais que c’était Rita. Non, non! Pas Rita, moi Christina! Ca va ma Rita, oups! Ma Christina! Le teint si foncé, je ne distingue pas les différences. Désolé!
Assiette de fruits frais dont la mangue goûte un peu la citrouille mais garde sa texture poisseuse sans les fibres avec un petit goût quand même sucré, ananas et papaye. Rôties grillées sans doute sur une plaque métallique, comme le faisait nos grands-mères sur un rond de poêle : tout simplement divines ces rôties.
Douche et merci Valérie pour tous ces shampoings et gel de douche qui nous servent ici, car seul un savon daigne trôner dans la minuscule salle de bain. Il faut attendre un bon 3 à 4 minutes avant l’eau chaude marque sa présence. Au moins, nous en avons!
Pascal m’a mentionné hier, que le patron australien continue de construire des cottages. Je décide donc d’y aller voir de plus près avec ma tablette, cette fois-ci. En babouche, la petite jupe blanche et le haut en dentelle rose, les cheveux au vent, le nez tourné vers les nuages, me voilà partie! Il faut chaud et j’entends un grillon qui donne la note, un autre s’ajoute et un autre, et un autre et voici que la vocalise se généralise. Le ton monte donc à chaque fois pour se transformer en chorale naturelle. Et c’est parti! Ça dérape! D’un à coup, silence! Et la boucle recommence. C’est super d’assister à autant de différences auditives.
Je prends des photos des nouveaux cottages qui sont groupés en série de deux. Ils sont plus grands que ceux que nous avons visités hier. J’aperçois un petit pont de bambou qui traverse la rivière dont les cascades bousculent le son jusqu’à notre chambre. Allons-y! Je traverse. Un petit chemin formé de pierre « saute-mouton » et il ne faut pas en manquer une sinon le pied dans la boue de la rizière qui s’étend en face de notre chambre.
Où est ma babouche?
Je me pose la question qu’un instant à savoir, est-ce que je continue? Bien oui! Je vois un autre pont plus loin, donc je peux traverser la rizière au complet et revenir par ce pont. Photos, photos et oups, le pied dans la boue. Où est ma babouche. Je me penche, oups! Où est mon équilibre? Ouf! Je réussis à garder un pied sur une pierre. Je retrouve ma babouche qui a changé de couleur. Je fais plus attention afin de bien poser mes pieds sur les pierres. Ça vaut le coup que je me dis. Un employé vient à ma rencontre pour que je le prenne en photo. Bien certainement monsieur! Photo, photo et je repars. L’autre homme se cache derrière un arbuste. Je respecte. No photo, photo. Une fois près de lui, il sort de sa cachette. Je fais un saut et oups! Où est ma babouche. Dans la boue, ma fille! Je ne veux pas me pencher car là il aurait une vue directe sous ma jupe. Alors, je me tourne lentement sur une pierre, me penche sur mes talons, et en gardant un certain équilibre, j’extirpe ma babouche. C’est d’un ridicule inouï en portant cette petite jupe blanche pour traverser une rizière. L’homme sourit alors de ses dents blanches et repart travailler en se foutant bien que je prenne maintenant une photo, photo. En ressortant de cette aventure, je zoom sur l’homme qui colmate l’espace où s’écoulait l’eau pour ouvrir un autre espace, en enlevant de la terre avec ses mains et les deux pieds dans la boue, il s’active jusqu’à ce que l’eau tombe dans le bassin plus bas.
Je vais lire maintenant alors que Pascal roupille dans le living room plein air, à l’ombre où les bruits du quotidien semblent le bercer en cet après-midi de relaxation.
Selamat sorré! (bon après-midi, après 15h00)! xxx