MARIAGE DE RAYMOND ET MARIETTE
Le 8 juillet 1944, Raymond se mariera à
Mariette Laliberté
, une institutrice de St-François
de Montmagny. Le couple demeurera avec la famille et Mariette partagera la tache de sa
belle-mère.
En décembre 1944, Paul-Yvon reviendra au foyer alors que la guerre se termine en mai
1945. Le retour des militaires dans leur foyer fut le terme de cette angoisse dans laquelle
vécurent les parents concernés. C'est avec un accent nouveau que la vie familiale a repris
son cours chez les Bouchard où le commerce prenant de l'expansion procurait à chacun
sa part de travail. C'est au cours de cette année que le village sera doté du service d'un aqueduc à la grande
satisfaction de toute la populace.
En avril 1946 est né Pascal, le premier enfant de Raymond
et Mariette. Tante Philomène est encore là pour prodiguer ses soins attentifs à la maman
comme au bébé. Puis ce sera la venue de
Réjean en avril 1948.
NOUVEL HÔTEL
Quelques mois plus tard, au début de juin, commençait la construction d'un
nouvel hôtel
qui deviendra aussi la nouvelle demeure familiale. Il sera localisé dans le lot voisine,
côté-ouest de la maison actuelle. L'entrepreneur est Ludger Pilote.
Il est aidé par quelques ouvriers: Gaudiose Ouimet, Ovila Bouchard, Moïse Tremblay, Antonio
Tremblay. Papa Bouchard se dévoue beaucoup dans cette construction, déployant sa
clairvoyance et surveillant la marche des travaux.
MALADIE DE GRAND-PAPA BOUCHARD
Au printemps de 1949, son état de santé oblige Émile à passer quelques semaines à
l'hôpital pour des examens. On s'aperçoit déjà que la maladie l'atteint sérieusement.
La famille entre dans la nouvelle demeure au début de juin. Paul-Yvon aura l'avantage
d'avoir la présence de son père le 6 juin lors de son mariage à
Gemma Gagné, fille
de M. Mme Louis Gagné du village.
Le paternel entrera de nouveau à l'hôpital de Chicoutimi où l'on découvre un cancer de
l'oesophage. Ses médecins informent la famille qu'une opération n'est pas possible dans
son cas, bien que certains traitements peuvent enrayer les progrès de ce mal qui ne
pardonne pas. Il ne peut assister, le 11 juillet, au mariage de Conrad à
Thérèse Riel,
fille de M, Mme Narcisse Riel du village.
UN NOËL DOULOUREUX
Dans ces circonstances pénibles, la famille se voit dans l'impossibilité de célébrer les
cinquante années de vie conjugale de leurs parents. Quelques mois de vie latente où il
s'abandonnera courageusement à son sort avec une sainte résignation, terminera une
existence qu'il aurait souhaité prolonger. «Ne pourrions-nous jamais, sur l'océan des
Âges, jeter l'ancre un seul jour?..» Oui, pouvoir vivre encore avec ses enfants afin de
bénéficier des fruits de son labeur.. vivre avec son épouse une vieillesse heureuse et
sans soucis tout en caressant les têtes blondes et brunes de ses petits-enfants..
Mais hélas.. c'est à la maison qu'il s'éteint peu à peu, voyant venir la mort avec le calme
et la résignation que procure la foi.. Il reçoit presque tous les jours la visite du sympathique
Curé Larouche de même que celle de ses parents, de ses amis. Au soir du
22 décembre 1949, le Père rappelle
Émile
à Lui. Il était âgé de 71 ans.
La dignité de ses funérailles témoigne de l'attachement de son épouse et du
respect de ses enfants.
Au cours de leur vie conjugale, papa et Maman Bouchard virent plus d'un lever de soleil
radieux.. plus d'un matin brumeux aussi, Courageusement, ils ont trimé ensemble,
acceptant la vie avec ce qu'elle leur réclamait d'effort, ramant à droite et à gauche,
afin de conduire leur barque familiale vers un port assuré. Rien ne fut l'effet du hasard,
tout s'est acquis par leur travail soutenu et par leur entraide mutuelle.
UNE GRAND-MAMAN.... UNE GRANDE FAMILLE
Depuis ce grand départ, vingt-cinq ans ont passé. Malgré cette pénible séparation,
maman Bouchard ne se retrouve pas seule. Elle continue de demeurer avec Raymond
et Mariette partageant les joies de leur famille. Trois autres enfants naquirent dans
ce foyers Michel en 1952, Colette en 1955 et Denis en 1957.
La compatibilité, qui a
toujours été l'apanage du couple Raymond et Mariette et dans laquelle s'édifie une vie
de famille chaleureuse, a certes créé pour grand-maman Bouchard ce climat de sécurité
qui lui était nécessaire. Ceux qu'elle coudoyait alors quotidiennement se sont efforcés
de lui rendre l'existence la plus agréable, possible. Heureusement, elle n'eut pas à subir
les heurts qu'occasionne, presque toujours aux personnes âgées, leur entrée dans
un foyer d'hébergement. On peut dire qu'elle a l'avantage «de vivre entre ses parents
le reste de son âge»...
LES BELLES ANNÉES DE L'HÔTEL
L'Hôtel St-François a connu alors des saisons de grande activité qui
obligèrent Mariette à recevoir les services de quelques servantes de même qu'une cuisinière.
L'aide de grand-maman fut toujours appréciable. Elle berce le sommeil des petits de ses refrains
pleins de tendresse, tricote chaussons et mitaines, surveille la marmite, enlève le couvert
et même partage la corvée de la vaisselle. C'était alors son «hobby».. L'assistance à la
messe, la lecture et la télévision faisaient aussi partie de sa vie quotidienne.
L'ÂGE D'OR
Même après que les hivers posèrent du givre dans ses cheveux sa démarche alerte a
longtemps dissimulé son âge. Cependant peu à peu, le poids des ans se fit sentir et elle
dut recourir aux soins du médecin qui maintenant la visite assez régulièrement. Toute la
famille admire et respecte sa vieillesse prodigieuse favorisée par cet état d'esprit qui se
traduit par son bon raisonnement.
Son affection maternelle entretient en elle l'intérêt qu'elle a toujours manifesté envers ses
enfants et ses petits-enfants. Elle assiste avec satisfaction à l'évolution qui se produit
progressivement clans chacun de leur foyer. Son coeur battant au rythme de son affection
se réjouit de leur réussite. Leurs joies font ses beaux jours... mais hélas, leurs
préoccupations lui apportent des soucis. Aussi doit-on parfois passer certaines
choses sous silence.
Ses sorties se font rares maintenant. Elle ne peut plus assister à la messe dominicale,
mais y supplée par celle qui est télévisée. Ses profondes convictions religieuses ne lui
ont pas permis d'accepter facilement les changements subséquents qui se sont produits
dans le renouveau de l'Église. Chaque jour dans sa chambre, elle consacre plusieurs
heures à la prière, son réconfort moral. D'un pas lent, elle traverse souventes fois les
appartements tout en récitant ses «Ave». Elle fait preuve en outre de patience,
supportant en silence les maux inhérents à la vieillesse.
LES RÉUNIONS DE FAMILLE
Aujourd'hui, les visites et les témoignages d'affection de ses enfants et de ses petits-enfants
stimulent les battements de son coeur et font sa joie de vivre... Les membres de cette
nombreuse famille, dispersés aux quatre coins de la province, n'en demeurent pas moins
unis entre eux. C'est avec une joie toujours nouvelle qu'elle accueillera: les Fradette,
les Boivin, les Joncas, les Bouchard. Qui ne se souvient des fastueux Jours de l'An
passés à St-François alors que toute la parenté se réunissait à l'Hôtel de Raymond et Mariette?
CINQ GÉNÉRATIONS
Grand-maman Bouchard a 92 ans. Cette vénérable bisaïeule qui eut 7 enfants compte
maintenant 40 petits-enfants, 72 arrières petits-enfants et 4 de la
cinquième génération.
Après avoir marché si longtemps sur les routes de son histoire, il n'est pas étrange
qu'elle n'aie plus d'illusions. Aussi, ceux qui parviennent à cet âge, seraient-ils les derniers
d'un autre temps? Dans leur subconscient, ils semblent savourer en s'endormant lentement
pour toujours, la vie qui fuit...
Comme vous le constatez, la vie de Grand-maman Bouchard fut un long voyage. Les cinquante
années de vie conjugale de vos parents furent une vie remplie d'abnégation, de sacrifices
et de volonté. Vous, leurs descendants, nous ceux qui ont adhéré à votre famille, conservons
cet esprit de famille qu'ils ont su vous inculquer, Tous ensemble, soyons toujours unis !...
Ainsi Grand-maman Bouchard, puisiez-vous vivre encore heureuse entourée de vos enfants et
petits-enfants qui vous affectionnent.
Voici l'authentique signature de grand-maman Bouchard :
[Fin du texte de Mariette Laliberté-Bouchard écrit en 1974.]
DÉCÈS DE GRAND-MAMAN DÉLIA
En 1976, affaiblie mais encore très alerte, Délia entre à l'Hôtel-Dieu de Roberval
où c'est toujours agréable de la visiter. Sur cette photo prise en 1977, on la voit en compagnie de son fils Raymond,
son épouse Mariette Laliberté et ses petits-fils, Denis, à gauche, et Michel.
Délia Boivin est décédée à Roberval le 8 mai 1978 à l'âge vénérable de 97 ans et six mois.