CARNET DE VOYAGE

MES ÎLES, MON PAYS

AUJOURD'HUI

Bassin, Havre-Aubert


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JOUR 5

LUNDI, 5 AOÛT 2002

Valérie a découché! Hier soir, elle et Gaétan ont passé la soirée à l'Escapade, une boite à chanson et un resto à Cap-aux-Meules. Au petit matin, trop fatiguée, elle a préféré terminer la nuit dans sa tente. Raymonde se lève vers 9h00 et va faire des emplettes à La Madelon de Cap-aux-Meules : on y trouve beaucoup de variétés de fromages, de viandes froides et de pains. À conseiller!

Je me lève à 10h00. Pendant le déjeuner, Marcel me raconte sa rencontre avec un maître du moulage sous toutes ses formes. C'est un belge qui demeure à Rimouski et qui s'est construit une minuscule automobile qui fait 2000 km au litre. Difficile à croire! Il pense utiliser ses services pour mouler la coque de la bicyclette ergonomique qu'il est à développer. Aujourd'hui, avec Guylaine, ils vont visiter en vélo.

Après ma marche matinale, je vais me reposer et lire quelques heures dans la tranquillité de la petite plage en face de la maison. Entre-temps, Raymonde a récupéré Valérie et toutes les deux sont parties sur la plage de La Martinique y cueillir des dollars des sables. C'est le meilleur endroit des Îles pour cette activité!

Vers 16h00, la pluie commence à tomber et tout le monde revient pour le souper. Nous partageons nos expériences de la journée pendant que Valérie est absorbée dans la lecture du livre «Métaphysique des tubes» de Amélie Nothomb. À tout moment, nous l'entendons s'esclaffer: ce livre est hilarant et Guylaine, qui l'a déjà lu, comprend bien ses éclats de rire.

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MES ÎLES, MON PAYS

Ce soir, nous allons à la présentation de «Mes Îles, Mon pays» au Centre communautaire de Havre-Aubert. Croyant que Gaétan venait, Raymonde a acheté 6 billets au lieu de 5. Nous sommes placés à la deuxième rangée grâce à Raymonde qui, nous ayant précédé pour se faire rembourser le billet excédentaire, nous a réservé ces places de choix. La formule du spectacle est la même que «La Fabuleuse» à La Baie, au Saguenay. Les comédiens sont amateurs et leurs dialogues nous permettent de savourer à plein l'accent et les expressions du langage madelinot. Un régal!

La Déportation des Acadiens en 1755

Le spectacle raconte l'histoire des Îles à partir des premiers habitants, les indiens Micmacs, en passant par les Bretons et les Basques qui venaient y pêcher. Cartier, le découvreur de la Nouvelle-France, fait la description des Îles pour la première fois. Après des essais infructueux de colonisation de la part des Français, il faut attendre la Grand Dérangement, la Déportation des Acadiens, pour voir les Anglais emmener quelques déportés avec eux sur les îles afin d'en exploiter les richesses maritimes moyennant une redevance des 2/3 des prises en faveur du général anglais!

L'ANECDOTE
DU JOUR

Les habitants de Havre-aux-Maisons ont conservé une particularité de langage qui date de cette époque.

En effet, en guise de contestation contre les Rois autant anglais que français, ils ont décidé de ne plus prononcer les «R» en les remplaçant par des «Y»!

«Et, pay dessous tout, ils ont ben hâte que la saison touyistique se teymine pouy yecommencer à payler plus yapidement et plus noymalement!».

La Révolution Française a eu aussi un effet sur la population locale car 22 familles des îles de St-Pierre et Miquelon accompagnées d'un prêtre ont trouvé refuge sur les Îles de la Madeleine pour fuir les effets néfastes de cette révolution. On peut en déduire que ces gens étaient royalistes!

Les anglophones des îles ont leur source aussi dans la période de la déportation des acadiens car les anglais de cette époque avaient convaincu quelques familles écossaises de la Nouvelle-Écosse à venir s'établir ici, en particulier sur l'île d'Entrée. Un autre apport non négligeable fut celui des émigrés irlandais dont les bateaux se sont échoué sur les Îles et qui se sont mélangés autant à la population anglophone que francophone.

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LE PONCHON

On nous raconte aussi l'histoire du fameux «ponchon» (baril à voile) des Îles! Au début du siècle, les Îles étaient reliées à la terre ferme par un câble sous-marin qui permettait les communications. Mais le 2 février 1910, les transmissions télégraphiques cessèrent et les Îles furent isolées de la Grande Terre. Après quelques semaines d'attente, les habitants n'ayant d'autre moyen pour avertir le continent de leur isolement, munirent un ponchon d'un gouvernail et d'une petite voile sur laquelle on avait écrit «Winter Magdalen Mail».

DÉPENSES

Cadeau: 21 $
Spectacle (3): 54 $
Friandises: 5 $
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TOTAL :80 $

Après avoir placé à l'intérieur plusieurs boîtes de conserve contenant des lettres on mit la fragile embarcation à l'eau. Les vents firent en sorte que le ponchon s'échoua sur l'île du Cap-Breton ce qui permit de rétablir les communications.

Nous revenons à la maison vers 23h00 bien contents de notre soirée car le spectacle nous a fait découvrir la difficile histoire des habitants des îles, si souvent et si longtemps exploités. Nous sommes aussi bien heureux de retrouver nos deux co-locs qui ont réussi à se louer une automobile pour faire le grand tour de l'archipel. Elles quittent demain matin.




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