BIOGRAPHIE

Joseph Bouchard

&

Ozélina Déry

 

 

 

 

 

 

 

 

St-Grégoire-de-Montmorency

Québec, Qc.

 


Pascal Bouchard, ing.

 

 

 


 


 

NOTE

 

Cette biographie de Joseph Bouchard et Ozélina Déry est très extensive dans sa première partie du fait que l’auteur a voulu mettre en contexte la famille dans laquelle Joseph est né en 1875. 

 

Plusieurs extraits de cette biographie concernent plus particulièrement les parents de Joseph soit Elzéar Bouchard et Louise Danielson, et feront partie, ultimement, de leur propre biographie.

 

Il était donc nécessaire de procéder de cette façon pour la bonne compréhension de la chronologie des événements.

 

 

 

CRÉDIT DES PHOTOS

 

À moins d’être notées autrement, les photos de cette biographie proviennent de Mary Bouchard, fille d’Elzéar. Cette collection est en possession d’André Bédard, petit-fils de Joseph et Ozélina.

 

Page couverture :

Photo du mariage de Joseph Bouchard et Ozélina Déry, le 9 novembre 1896.

Collection André Bédard.

 

 

L’auteur

 


 

PRÉFACE

Il y a très longtemps que les familles ne forment plus des clans dont la survie de chacun dépend de tous ses proches. De nouvelles réalités ont profondément transformé notre tissu social : mobilité accrue des personnes, nature changeante du marché du travail,  nouveaux programmes et infrastructures sociales etc. Les familles plus petites et plus éparpillées qui en résultent voient diminuer les contacts avec la parenté ainsi que les traditions orales séculaires. Les grandes réunions de familles se font rares; les grandes familles se font rares. Seuls les moins jeunes évoquent désormais les grands Noëls d’antan. Les rencontres dominicales animées sur le parvis de l’église ont disparu. Il n’est pas étonnant que le sens de la famille s’effrite, et que beaucoup d’immigrants se surprennent de rencontrer ici des gens incapables de nommer leurs cousins, leurs grands-oncles, voire leurs ancêtres directs. Les nouvelles réalités ont toutefois cela de positif que les technologies modernes facilitent à nouveau les contacts. C’est ainsi que Pascal et moi avons fait connaissance. Pascal a amassé beaucoup de précieuses informations alors qu’il en était encore temps. Tempus fugit.

Mon statut de premier-né m’a donné des liens privilégiés avec mes grands-parents, ce qui m’a nourri de nombreuses connaissances et d’anecdotes dont n’ont pas hérité les plus jeunes qui m’ont suivi. Ma contribution, somme toute modeste, aux recherches de Pascal a été très enthousiasmante et ce fut un privilège qui m’a permis de nouer ou renouer contact avec des membres de ma parenté et de découvrir beaucoup de choses fascinantes au cours de ces conversations. Puisse cet ouvrage permettre aux nouvelles générations d’en tirer profit. En premier lieu, connaître l’histoire de nos ancêtres permet de se connaître soi-même, découvrir pourquoi notre famille habite en cet endroit, et d’acquérir une certaine sagesse en tirant des leçons du passé. Deuxièmement, découvrir le vécu des gens qui nous ont précédés permet d’apprécier à leur juste valeur toutes ces commodités dont nous jouissons aujourd’hui. Il est difficile d’imaginer le contexte dans lequel vivaient Joseph et Ozélina, à une époque où plus d’un enfant sur six mourait en bas âge. On parle aussi d’une époque où les hommes, et surtout les femmes, avaient des sommes colossales de travail à abattre avec l’absence de ressources et d’aide sociale digne de ce nom, etc. Cet ouvrage nous en donne un bon aperçu. Ces dures circonstances permettent  de comprendre certains faits qui peuvent sembler surprenants a priori lorsque perçus à travers le prisme de notre société contemporaine.

Je souhaite une bonne lecture à toute la parenté et amis, en particulier à « mononc » Léonce[1], la dernière personne à avoir connu Jos Bouchard et l’un des derniers témoins de cette époque et de l’omniprésence du chemin de fer dans la vie des Bouchard. Enfin, mes sincères félicitations et remerciements à Pascal pour ce précieux legs à la postérité.

François Pichette, petit-fils d’Ernest.

 

 

PROLOGUE

Mon intérêt pour la généalogie a débuté par le remarquable travail de recherche que ma mère, Mariette Laliberté, avait effectué sur la famille Bouchard. Pendant des mois, elle avait minutieusement détaillé les biographies des descendants de mon grand-père Émile Bouchard et de ma grand-mère Délia Boivin dans un Album de Famille auquel j’avais humblement contribué en faisant des copies pour distribution dans la famille. Son œuvre lui a survécu et m’a insufflé le désir de la poursuivre.

En racontant les souvenirs de grand-mère Délia, elle faisait parfois allusion à Elzéar Bouchard et Louise Danielson et à leurs enfants. En lisant ces lignes, j’ai appris que j'avais de la parenté à Québec, à La Tuque, aux Trois-Rivières et probablement aussi dans Portneuf où ces gens avaient vécu. Malheureusement, aucun lien ne s'était maintenu avec ces familles et tous ceux qui auraient pu m’aider à les rétablir étaient maintenant décédés.

Suite à notre retraite, mon épouse et moi quittons notre Lac-St-Jean natal en 2003 pour nous établir dans la belle ville de Québec. J’étais loin de m’imaginer que ce déracinement allait constituer le début d’une grande aventure et l’accomplissement d’un rêve soit la reconstitution de l’histoire de la famille de mon arrière-grand-père Elzéar Bouchard.

Le 4 janvier 2004, je reçois un courriel de Robert Brousseau (fils de Cécile Bouchard). Il vient de consulter la section Généalogie de mon site Internet www.mitan.ca et y a découvert que son grand-père maternel, Joseph Bouchard, était le frère de mon grand-père Émile. L’intérêt de Robert ouvrit une cascade d’événements et de contacts qui m’ont permis, en trois ans, de renouer contact avec tous les descendants d’Elzéar Bouchard et Louise Danielson. Une des plus remarquables rencontres fut sans doute celle de son cousin Jacques Bédard (fils de Rose-Blanche Bouchard) dont le frère André possédait une boite de photos anciennes ayant appartenues à Mary, sœur de Joseph. Ce trésor incomparable nous permettait enfin de mettre des visages sur les noms de nos ancêtres.

C’est pour remercier Robert et Jacques que je leur dédicace cette biographie de leur grand-père Joseph Bouchard, la première d’une série qui va reconstituer l’histoire de la famille d’Elzéar Bouchard et Louise Danielson. Et qui de mieux que François Pichette, arrière-petit-fils de Joseph, pour en faire la préface puisqu’il représente notre relève à tous.

Pascal Bouchard, ing., petit-fils d’Émile.

 

 

 

 

 

LES PREMIÈRES ANNÉES

Fin 1875, Alexander Graham Bell fignole son tout premier téléphone mais cette invention révolutionnaire n’atteindra pas le village de Baie-St-Paul[2], dans Charlevoix au Québec, avant plusieurs années encore. Ce n’est donc pas de cette façon que le 8 décembre de la même année  Elzéar Bouchard et son épouse Louise Danielson annoncent aux parents et amis la naissance d’un nouvel enfant, un garçon.

Le baptême[3] a lieu le lendemain en l’église St-Pierre et St-Paul située sur le bord de la rivière du Gouffre. C’est le vicaire de la paroisse, Napoléon Leclerc, qui officie à la cérémonie en présence du père Elzéar, du parrain Joseph Danielson, frère de la mère, et de la marraine Marie Bouchard, sœur du père. L’enfant est baptisé Joseph Alfred mais sera connu sous le seul prénom de Joseph et de Jos pour les intimes.

 

 

 

LES PARENTS DE JOSEPH

 Elzéar Bouchard [4] a 24 ans lorsqu’il épouse Louise Danielson, 19 ans, en l’église de Baie-St-Paul le 10 janvier 1871. Il est le fils de Jacob Bouchard, cultivateur, et d’Olympe Bouchard dont le mariage avait été annulé puis réhabilité quatre mois plus tard pour consanguinité du 4ième degré. Elzéar est l’aîné d’une famille de 11 enfants. Peu après son mariage à Cédulie Boily, son frère Thomas émigrera à St-Boniface au Manitoba où ils ont passé toute leur vie. Sa sœur Joséphine a vécu aux États-unis avec son mari William Lavoie où elle est décédée à Manchester, N.-H., en 1923.

Louise Danielson[5] est la fille de Pierre Danielson dit Daniel. Dans cette famille, on est  cordonnier de père en fils. Son ancêtre, Daniel Williamson a quitté l’Écosse vers 1760 pour s’établir à Québec où il s’est fait connaître sous le nom de William Danielson. Dans la famille de Louise, on utilise indifféremment le patronyme Daniel ou Danielson et sur l’acte de baptême de Joseph, la mère est identifiée comme Louise Daniel. Celle-ci ne reniera jamais ses origines écossaises qu’elle se fera un honneur de spécifier lors des recensements. Louise est l’aînée d’une famille de 12 enfants dont huit fonderont des familles.

 

 

LES PREMIERS ENFANTS

 

Deux filles ont précédé Joseph dans cette famille. Le premier enfant du couple est  Émilie[6] née le 4 novembre 1871 à Baie-St-Paul. Elle ne vivra que 15 mois et décédera le 3 février 1873. Bizarrement, le nom à son décès est Amélia. 

Six mois après la perte de sa fille, Louise Danielson accouche d’une autre fille le 17 août 1873 qui sera baptisée le lendemain à Baie-St-Paul sous le prénom de Marie-Louise[7]. Curieusement, le père est absent lors du baptême de sa fille qui sera surtout connue sous le prénom Mary, prononcé Méré, du fait qu’elle a vécu une grande partie de sa vie active à Boston, États-unis.

Mary avait deux ans lorsque son petit frère Joseph est né en 1875. Il faudra attendre deux ans et demi avant que naisse un autre frère, Émile[8], le 21 mai 1878 et deux autres années avant que Mary n’ait enfin une sœur, Laura[9], qui voit le jour le 9 septembre 1880, toujours à Baie-St-Paul. Celle-ci se fera connaître à la fois sous les prénoms de Laura et de Clara.

 

VIVRE À BAIE-ST-PAUL EN 1880

LA TERRE

La vie à Baie-St-Paul à cette époque n’est pas facile. Les bons sols arables dans la vallée de la rivière du Gouffre ont depuis longtemps été mis en culture. Les familles sont nombreuses et, après quelques générations, il est devenu impossible de subdiviser à nouveau ces terres pour établir les enfants. Les emplacements agricoles disponibles sont donc limités. On y pratique une agriculture de subsistance répondant aux besoins des familles d'agriculteurs. Le blé est semé en grande quantité de même que l'avoine, la pomme de terre et les pois. Les familles cultivent aussi le lin pour la confection des vêtements.

LA MER

La pêche à la morue et au saumon demeure une activité saisonnière destinée à la consommation locale et familiale. La construction de goélettes et le cabotage sur le fleuve St-Laurent sont des activités marginales à Baie-St-Paul même si on y retrouve quelques familles de marins et des capitaines renommés.

LA FORÊT

Le pin rouge de Baie-Saint-Paul qui pendant longtemps a fait  le bonheur des entrepreneurs forestiers de Charlevoix est maintenant disparu. Il faut davantage se tourner vers l'arrière-pays pour trouver du bois car la forêt située sur la côte est décimée. L’immense potentiel forestier de la région du Saguenay attire maintenant de plus en plus de travailleurs de Baie-St-Paul qui partent, chaque automne, y passer les mois d’hiver à bûcher l’épinette, le sapin et le pin gris. C’est le lot de la majorité des travailleurs forestiers. À cette époque, rares étaient ceux qui pouvaient se permettre de revenir visiter leur famille pour les Fêtes. Les longs mois d’hiver étaient donc passés à besogner durement dans des conditions extrêmes du genre à forger les surhommes.

OCCUPATIONS DES BOUCHARD

Trente ans plus tôt, lors du recensement de 1852[10], Jacob, le grand-père de Joseph,  se disait «cultivateur». Il possédait une soixantaine d’arpents de terre dont 30 étaient en culture. Il produisait de l’orge, du seigle, de l’avoine et des pommes de terre. En 1851, il avait récolté 300 bottes de foin. Son cheptel comptait un bœuf, deux vaches laitières, un cheval et une couple de moutons. C’était une exploitation marginale car plusieurs de ses voisins avaient plus de 100 arpents en culture. Jacob devait donc exercer plusieurs métiers pour faire vivre sa famille.

Il n’est donc pas étonnant de constater que, sur ce même recensement de 1852, nous retrouvons tous les frères et sœurs de Jacob exilés au Saguenay où ils se sont établis comme colons quelques années auparavant avec leurs familles afin d’y trouver des conditions de vie meilleures qu’à Baie-St-Paul.

En avril 1881[11], un nouveau recensement canadien nous fait découvrir les familles de Jacob Bouchard et de ses fils Elzéar et Joseph établies côte à côte dans le village de Baie-St-Paul. Ils ont comme voisins les Danielson et les Lavoie tous apparentés aux Bouchard.  Sur ce recensement, Mary a huit ans, Joseph cinq ans, Émile trois ans et Clara est née de l’année.

Tous les paternels se disent «journaliers». Comme la majorité de ses concitoyens, Elzéar est un touche-à-tout par nécessité. Il a appris les rudiments de l’agriculture avec son père ce qui lui permet probablement de louer ses services aux cultivateurs du village pour subvenir aux besoins élémentaires de sa famille. Ceux qui ont connu Elzéar l’ont décrit comme étant une force de la nature : la pratique prolongée du métier de bûcheron aura très certainement contribué à son développement physique. Mais la vie à Baie-St-Paul n’est pas facile et, pour les gens sans métier, le travail est rare. Au début de l’année 1882, Elzéar prend une décision qui va changer la destinée des  générations subséquentes.

 

EXIL DE LA FAMILLE

Au cours de l’année 1882, Elzéar et sa petite famille quittent définitivement Baie-St-Paul en quête d’un travail plus stable et plus rémunérateur. Ils s’établissent à Ste-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, un village situé entre Québec et St-Raymond dans le comté de Portneuf. 

À l’automne, le 20 octobre, Louise Danielson met au monde à Ste-Catherine un autre enfant qui sera baptisé le lendemain sous le prénom d’Ovide[12].  Son parrain est Joseph Beaumont et sa marraine Marie Cantin, des jeunes personnes qui uniront leur destinée le 9 avril 1888 à Ste-Catherine.

La famille n’est pas seule dans son exil. Deux frères d’Elzéar ont aussi plié bagages pour les rejoindre soit Thomas, célibataire, et Charles, marié à Virginie Lavoie. Louise non plus ne s’ennuiera pas trop des siens car trois de ses sœurs et leurs époux se sont joints à eux : Évelyne mariée à Joseph Filion, Eugénie mariée à Joseph Bruneau et Joséphine, encore célibataire, mais qui s’y mariera en 1885 à Charles Berthiaume. 

Il n’y a aucun hasard dans le choix de Ste-Catherine-de-la-Jacques-Cartier comme lieu de résidence : un chantier de construction très important est à la veille de se mettre en branle dans la région de Portneuf et Elzéar, ses frères et beaux-frères, veulent être aux avant-postes lorsque les travailleurs y seront appelés.

Ce chantier, c’est la construction du chemin de fer Québec-Lac-St-Jean qui a connu son aboutissement vers la fin des années 1880. Il est donc primordial d’en relater ici les péripéties.

 

LE CHEMIN DE FER DU LAC-ST-JEAN

Dans le livre « Le Club Triton[13] » publié en 1989, les auteurs relatent en profondeur toutes les péripéties de la mise en chantier et de la construction de cette ligne de chemin de fer, «une histoire aussi tortueuse que le tracé même de cette voie ferrée» !

Vers 1850, le Saguenay-Lac-St-Jean regroupait 3 000 habitants, la plupart résidant sur les bords de la rivière Saguenay et du lac St-Jean. La construction de cette voie d'accès avait pour but de désenclaver la région et de briser l'isolement des colonisateurs venus de Charlevoix et de Québec. La voie maritime du Saguenay était le seul lien avec le monde extérieur. Mais en hiver, c'était l'isolement total ! Le chemin de fer permettrait donc de relier la ville de Québec avec l'arrière-pays dont elle deviendrait une source de débouchés et un  moteur économique très important.

En 1854, le gouvernement du Québec permettait l'incorporation de la compagnie de chemin de fer Quebec & Lake St-John Railway (QLSJR). Mais trouver du financement pour ce projet s'avéra extrêmement difficile et ce n'est qu'à coups de petites subventions gouvernementales que le chemin de fer relia la ville de Québec à St-Raymond-de-Portneuf en 1880.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Après un hiatus de trois ans, la construction reprit en 1883 sous la conduite experte et vigoureuse d’Horace Jansen Beemer, qui donnera son nom au fameux hôtel Beemer de Roberval. En 1885, Rivière-à-Pierre était dépassée et le rail prenait fermement la direction du Lac-St-Jean.   En 1886, on atteignait le Lac Édouard. La compagnie de chemin de fer QLSJR décida alors qu'il était temps de fêter l'évènement.

Citons un autre passage du livre « Le Club Triton »[14] relatant ces festivités :

« Si les conditions étaient affreuses pour les ouvriers, celles des entrepreneurs, ingénieurs et arpenteurs n'étaient en rien comparables. Ces derniers profitaient de bonnes maisons spacieuses. Citons comme exemple le « log-house » Windsor, à la station Beaudet, un magnifique site le long de la belle rivière Batiscan, à 86 milles de Québec. Le Windsor tenait lieu de quartier général de la compagnie. À l'automne de 1886, un bal y fut donné. Gentlemen et dames de la ville de Québec, 200 convives en tout y vinrent dans un convoi spécial. En plein cœur des Laurentides, dans ce paysage sauvage, les convives dégustèrent des mets exquis et écoutèrent confortablement de pompeux discours. Des travailleurs de tous rangs vinrent réveillonner à leur tour, une fois que l'aristocratie s'eût régalée à son goût.

Pendant que tous regagnaient la ville, un autre train, en sens inverse cette fois, amenait des travailleurs à leur chantier qui allaient retrouver leurs pénibles conditions quotidiennes. »

L'année suivante, en 1887, on arrivait à Lac-Bouchette, et, finalement, en 1888, le chemin de fer atteignit Chambord, sur la rive du Lac St-Jean. L'isolement de la région prenait fin.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ELZÉAR à beaudet

Revenons en 1883. Le chantier de construction du chemin de fer se remet en marche provoquant un afflux de travailleurs dans la région de Portneuf. En établissant sa famille à Ste-Catherine-de-la-Jacques-Cartier l’année précédente, Elzéar Bouchard s’assure ainsi d’avoir du travail[15] pour quelques années sur ce chantier.

CONFIRMATION DE JOSEPH

En 1885, des événements importants se produisent dans la vie de Joseph : il fait sa communion solennelle et reçoit le sacrement de la confirmation[16] en l’église de Ste-Catherine.  Le 22 juin de la même année, un autre frère s’ajoute à la famille. Il reçoit le baptême le lendemain sous le prénom d’Elzéar[17]. Sur le baptistère, le curé René Casgrain note que le père est «journalier». Joseph Lemelin est son parrain et sa sœur, Marie-Louise Bouchard, sa marraine. 

La même année, Charles Bouchard, l’oncle de Joseph, décide pour sa part que l’aventure en terre portneuvoise est terminée. Il retourne dans Charlevoix avec sa femme Virginie et son fils Charles-Elzéar et s’établissent définitivement à Baie-St-Paul, leur village d’origine. Ils y auront quatre autres enfants : Herménégilde, Edmond, Oscar, Armand et Augustine.

LA MAISON DE BEAUDET

Les travaux d’installation des rails progressent rapidement et arrivent éventuellement à Beaudet[18]  vers 1885 où l’on s’affaire à la construction d’un pont[19] pour traverser la rivière Batiscan. Le site[20] est assez exceptionnel. Enchâssé dans les montagnes de la forêt laurentienne, il jouxte la Batiscan en s’élargissant pour former une longue plaine bien dégagée qui s’étend sur deux kilomètres en aval du pont jusqu’à un autre lieu nommé Falrie.

Une photo[21] intitulée «Le dépôt de Beaudet» a été prise par le photographe Livernois, fondateur du Club Stadacona[22], vers à la fin des années 1890, mais le paysage représenté est cependant celui de Falrie : une voie secondaire désaffectée, les vestiges d’un château d’eau et de nombreux autres artéfacts d’habitations laissent supposer qu’un dépôt de matériel devait s’y trouver à l’époque du chantier de construction.

 « Elzéar a travaillé à la construction du chemin de fer. Il a ensuite construit la maison pour héberger les travailleurs de la construction. Une maison de pension. C’est Elzéar qui l’a bâtie lui-même en pièces sur pièces  Ces paroles de Joseph-Albert Bouchard, laissent entendre clairement que son grand-père Elzéar a participé lui-même à la construction du «log house» Windsor qui s’élevait, telle que décrit[23]  par Arthur Buis, sur un monticule, près du pont de Beaudet. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une autre version[24] provenant de la famille Harvey propriétaire actuel de la maison propose que la maison ait été construite par les travailleurs de la Quebec & Lake St-John Railway pour héberger les employés et a été ensuite cédée à Elzéar qui travaillait aussi pour la QLSJR.

Est-ce que Elzéar et son épouse ont opéré la maison pour le compte de la compagnie en logeant les ingénieurs de la compagnie et en leur préparant les repas pour ensuite en prendre possession à la fin des travaux ? C’est fort possible. Ce qui est certain, c’est que le 20 mars 1888, Elzéar Bouchard prend possession du lot 58[25] dans le rang X du Canton de Lasalle, compté de Portneuf, sur lequel est construit le «log house Windsor». Il le fait en vertu d’une «vente par billet de location[26]» portant le numéro 26176 et délivré par l’agent des terres, le Séraphin Poudrier de l’époque !  

La superficie totale est de 122 acres incluant un droit de voie de 2.5 acres enregistrée un mois auparavant par la compagnie Quebec & Lake St-John Railway. En effet, le pont de Beaudet ainsi qu’une partie de la voie ferrée sont sur le lot 58 qui s’étend jusqu’à la rive nord du lac L’Appel (Lac de la Neige).  Ayant satisfait aux exigences du Ministère de la Colonisation, Elzéar reçoit ses lettres patentes[27]  le 22 mai 1890. Le prix d’acquisition du lot fut de «61 piastres».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bien située sur un monticule près du pont de Beaudet, la maison ancestrale blanche et jaune que l’on voit encore aujourd’hui a déjà appartenu à Elzéar Bouchard. Du moins, la partie gauche car elle a été agrandie du double par la famille Harvey. Cette belle maison en pièces sur pièces admirablement bien conservée par ses propriétaires actuels intrigue et attire encore les regards sans laisser personne indifférent.

Mais, comme nous le verrons plus loin, ce n’est pas le «log house» Windsor original car tout laisse croire qu’elle a été détruite lors du gigantesque feu de forêt de 1903. Elzéar aurait reconstruit au même endroit mais en beaucoup plus petit. C’est cette maison que l’on voit aujourd’hui.

Elle est, encore aujourd’hui, une source d’admiration pour les passagers du train et les visiteurs occasionnels de Beaudet qui, ne connaissant pas son histoire, ne manquent pas de s’étonner de voir un si beau bâtiment en pleine forêt Laurentienne.

 

 

VIVRE À BEAUDET

Au cours de l’année 1887, Joseph, âgé de 12 ans, doit se résigner à quitter ses amis de Ste-Catherine-de-la-Jacques-Cartier et prendre le train à la gare locale avec sa famille en direction de «Station Beaudet» comme on désigne l’endroit à l’époque.  Sa mère Louise est enceinte mais elle peut compter sur ses enfants pour l’aider dans le déménagement à Beaudet.

NAISSANCE D’ADÉLARD

Le 25 janvier 1888, Louise donne naissance à un garçon avec l’aide de la sage-femme Lucie Duchesne[28], épouse de François Girard. Deux mois plus tard, le 22 mars, le curé Gosselin de Notre-Dame-des-Anges de Montauban se rend à la mission de Beaudet et «baptise privément à la maison» l’enfant sous le prénom d’Adélard.  André Gagné, cultivateur, est son parrain et Lucie Duchesne, la sage-femme, sa marraine, tous de Beaudet.

LE TRAVAIL

La vie dans ce coin perdu du Québec s’organise à la manière des colons : la terre doit être défrichée et mise en culture pour subvenir aux besoins essentiels de la famille. Les arbres sont coupés de longueur, écorcés et chargés sur des wagons pour être livrés à Québec où Elzéar a ses acheteurs.  Le paternel et ses fils ont de quoi s’occuper. Une grange-étable est construite derrière la maison pour abriter le cheval, quelques vaches, une couple de porcs et autres animaux de basse-cour qui fourniront le lait, les oeufs et la viande.  Louise Danielson, aidée de sa fille Mary, s’occupe du potager qui fournira les légumes dont certains seront entreposés pour les mois d’hiver.

LA CHASSE ET LA PÊCHE

Dans leurs temps libres, Joseph et  Émile, 10 ans, peuvent s’adonner à la pêche dans la rivière Batiscan ou au poissonneux lac L’Appel situé au bout de la terre d’Elzéar, sur les hauteurs de Falrie. La chasse au lièvre et à la perdrix ainsi qu’à l’orignal est une activité qu’ils doivent pratiquer afin de diversifier les menus. Elzéar ne manquera pas non plus de leur enseigner tous les rudiments de la trappe des animaux à fourrure dont la vente des peaux apporte à la famille l’argent nécessaire à l’acquisition des denrées et fournitures disponibles seulement à Rivière-à-Pierre ou à Québec.

LA PRATIQUE RELIGIEUSE

Sur le plan religieux, Beaudet est une mission qui sera desservie par le curé de Notre-Dame-des-Anges de Montauban jusqu’en 1890. C’est dans cette église que le 2 juin 1889, Joseph, 13 ans, devient parrain de son cousin Alfred Berthiaume né le 15 avril. Il est le fils de sa tante Joséphine Danielson et de Charles Berthiaume demeurant tous à Beaudet. Sa sœur Mary est marraine de l’enfant.

Par la suite, la mission de Beaudet relèvera de la paroisse de St-Bernardin de Rivière-à-Pierre jusqu’en 1930 et finalement de la paroisse Notre-Dame-des-Neiges du Lac-Édouard. À cette époque, les gens sont très pratiquants et la venue du prêtre missionnaire est un événement marquant.

 

Pour la famille Bouchard, le fait d’avoir une grande maison leur permet de contribuer à la vie religieuse en y installant un autel surmonté d’un dais. Joseph-Albert Bouchard se souvient très bien de cette pièce dans la maison ancestrale où les gens de Beaudet se réunissaient lorsque le missionnaire venait y dire la messe. Sur la photo montrant cet autel, on peut voir, sur le mur, le portrait encadré de Louise Danielson, épouse d’Elzéar Bouchard

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’ÉDUCATION

Beaudet est très isolé et le nombre de familles résidentes ne pourra jamais justifier qu’on y construise une école comme telle. L’éducation des enfants est donc du ressort des parents, et, sporadiquement, de quelques bénévoles de passage. Les quelques années passées à Baie-St-Paul et à Ste-Catherine ont permis aux plus vieux de la famille, surtout Mary, d’acquérir un minimum d’éducation. Joseph aura probablement appris les rudiments de l’écriture car il apposera sa signature sur plusieurs documents futurs. Pour Émile et ses plus jeunes frères, Ovide et Elzéar, l’école ne fera pas partie de leur formation et les connaissances transmises par les parents formeront l’essentiel de leur apprentissage.

LES DIVERTISSEMENTS

La vie sociale à Beaudet se résume à côtoyer les voisins et à échanger des nouvelles que le personnel des trains et les rares visiteurs leur colportent. Comme on est peu fortuné, on se met à plusieurs familles pour payer un abonnement à un journal, généralement l’Action Catholique, que le train laisse à la gare avec le courrier.  Les occasions de fêter sont rares mais lorsque le cas se présente, les violons, les musiques à bouche et les accordéons sortent des placards et la fête commence.

 

 

MARIAGE DE MARY

Le 5 février 1890, Mary, la sœur aînée de Joseph, unit sa destinée à celle de Pierre-Gustave Cante, fils de feu Joseph Cante et Jeanne Charrette de Beaudet. Selon le recensement canadien de 1901, le futur époux est né en France, le 20 mars 1870. On ne saura probablement jamais les raisons qui ont poussé cette famille française à venir s’établir dans un endroit aussi isolé que Beaudet.

Les deux époux sont mineurs : Mary est âgée de 17 ans et Pierre-Gustave a tout juste 20 ans. La cérémonie du mariage[29] a lieu en l’église de St-Raymond-de-Portneuf.

Quelques semaines plus tard, le 27 mars, Joseph est à nouveau parrain, cette fois de son cousin Georges Bruneau, fils de sa tante Eugénie Danielson mariée à Joseph Bruneau et demeurant aussi à Beaudet. La cérémonie du baptême a lieu à Notre-Dame-des-Anges de Montauban, Portneuf.

 

 

 

 

DÉCES D’ADÉLARD

Tous ces heureux événements seront attristés cependant par le décès le 15 avril de la même année 1890 d’Adélard[30], le benjamin de la famille Elzéar. Il sera inhumé le lendemain  à St-Raymond-de-Portneuf.

 

NAISSANCES D’ALBERT ET EDGAR

Le 28 février 1891, Louise, la mère de Mary, accouche à Beaudet d’un garçon qui sera baptisé le 18 mars du prénom d’Albert[31]. Et puis, le 22 juin, à Beaudet également, c’est au tour de Mary de mettre au monde un enfant mâle qui sera baptisé un mois plus tard, le 21 juillet, par le prêtre missionnaire de Rivière-à-Pierre. La cérémonie a lieu à Beaudet et le bébé est prénommé Edgar. Comme profession du père, absent au baptême, le prêtre inscrit « voyageux » sur le baptistère. On peut en déduire que Pierre-Gustave est représentant de commerce et qu’il doit souvent s’absenter pour son travail.

Cet enfant vivra à peine 10 mois et décédera le 28 mai 1892 à St-Grégoire-de-Montmorency, qui a encore le statut de mission à cette époque. Il sera inhumé deux jours plus tard dans le cimetière de cette mission. Sur l’acte d’inhumation, le prêtre mentionne que les parents résident à cet endroit et que le père est « journalier ». Eugénie Danielson, la tante de Mary mariée à Joseph Bruneau, demeure aussi à St-Grégoire, ayant quitté Ste-Catherine-de-la-Jacques-Cartier  pour s’y établir.

C’est certainement la présence de sa sœur Mary et de sa tante Eugénie  à St-Grégoire en 1895 qui permet à Joseph de sortir de Beaudet et d’aller y faire occasionnellement des promenades et par le fait même d’y faire de nouvelles connaissances, comme celle de la jolie Ozélina Déry par exemple !

 

 

 

Montmorency – Magasin général Ulric Vachon vers 1895

Archines Nationales du Québec

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LA FAMILLE DÉRY

 

En 1892, la famille de Philéas Déry[32] et Célanire Gosselin[33] habite St-Grégoire-de-Montmorency dans une maison située sur l’emplacement actuel du salon funéraire[34], boulevard Ste-Anne.  Les parents de Philéas sont François-d’Assise Déry et Olive Lacroix de St-Ferréol-les-Neiges. Célanire est la fille d’Isaïe Gosselin et Artémises Dionne demeurant à Beauport.

 

La famille[35] de Philéas et Célanire compte déjà neuf enfants dont huit vivants. Marie-Célanire est l’aînée de la famille suivie d’Ozélina,  Émerild, Marie-Louise, Delphine,  Léontine,  Alice et Aza. 

 

Ozélina est née le 4 septembre 1875 à Beauport et baptisée le lendemain en l’église de La-Nativité-de-Notre-Dame sous le prénom de Marie-Ausina mais sera connue sous celui de Ozélina. Son parrain est Pierre Gagnon et sa marraine Malvina Déry, son épouse et sœur de son père.

 

 

Le 25 janvier 1892, Célanire accouche d’un nouvel enfant qui sera baptisé le lendemain en l’église de St-Grégoire sous les prénoms de Stanislas-Antonio. Sa sœur Ozélina, 17 ans, en sera la marraine et un nommé Joseph Gagnon, le parrain. Malheureusement, cet enfant  ne survivra que quelques jours et décèdera le 5 février.  Sur tous les actes de naissance de ses enfants, le prêtre indique «journalier» comme profession de Philéas.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

St-Grégoire-de-Montmorency

Le village ouvrier de St-Grégoire est situé à proximité de la chute Montmorency où une usine de sciage sera en opération jusqu’en 1890. Mais depuis 1886, c’est la filature de la Montmorency Cotton Mills (Dominion Textile à partir de 1905) qui fournit du travail à une grande partie de la population locale. Dans les belles années, c’est près de 60% de la population de St-Grégoire qui travaille à la filature. Mais les salaires sont peu élevés et les conditions de travail extrêmement difficiles créant un foyer fertile pour la lutte syndicale des employés qui marquera significativement l’existence de cette entreprise. 

 

Au début des années 1880, la compagnie Quebec & Levis Electric Light construit un barrage au haut de la chute et installe une centrale hydroélectrique qui permet, à l'automne 1885, d'éclairer la terrasse Dufferin à Québec; c'était la première fois au monde que l'électricité était transportée sur une aussi longue distance (11,7 km).

 

En 1889, on inaugure le chemin de fer de la Quebec, Montmorency and Charlevoix Railway Company dont les rails feront dorénavant partie intégrante du paysage de St-Grégoire. Les jours sont ponctués par le passage des trains et la voie ferrée devient le terrain de jeu de plusieurs générations d’enfants… et le cauchemar de leurs mères !

 

Les années 1893 à 1900 verront les naissances des derniers frères et sœurs d’Ozélina : Blanche voit le jour le 24 avril 1893, Antonio naît le 21  février 1896 et Alfred le 15 juillet 1897. Finalement, un dernier enfant mort-né, une fille, est inscrit au registre de St-Grégoire le 12 février 1900.

 

L’année 1896 sera festive pour la famille Déry : outre la naissance d’Antonio, l’aînée de la famille Déry, Marie-Célanire, née le 8 mai 1874, entre au noviciat de la Congrégation de Notre-Dame sous le nom de sœur Ste-Marine. Elle enseignera pendant 30 ans au couvent de St-Denis-sur-Richelieu. Mais l’événement majeur dans la vie d’Ozélina cette année-là sera son mariage avec Joseph Bouchard qu’elle a fréquenté lors de ses séjours chez sa sœur Mary et sa tante Eugénie Danielson qui demeurent toutes deux à St-Grégoire.

 

 

MARIAGE DE JOSEPH ET OZÉLINA

Ozélina est née le 04 septembre 1875 à Beauport et baptisée le lendemain en l’église de La-Nativité-de-Notre-Dame.  Sa tante Malvina Déry est sa marraine et Pierre Gagnon, son époux, son parrain. Ayant vécu à Beauport depuis sa naissance, elle a pu fréquenter l’école. Elle sait lire et écrire. Parvenue en âge de travailler, Ozélina déniche un emploi à la factory (filature Montmorency Cotton Mills) où elle gagne 15 cents de l’heure[36]. Elle aide aussi sa mère dans les travaux ménagers car, avec dix enfants à nourrir et à s’occuper, le travail ne manque pas. Elle accumule beaucoup d’expérience ce qui lui sera très utile dans sa future vie maritale.

Selon son fils Léonce[37], Ozélina aurait pu participer au concours de la plus belle femme de  Montmorency et l’aurait remporté facilement. Les quelques photos que nous avons d’elle à cette époque font honneur à sa grande beauté. Cependant, elle était taciturne et ne sortait pas beaucoup. Dans son entourage, on l’appelait «la sœur» tellement elle était sage. Pour Joseph Bouchard, c’était la femme qu’il désirait et il a su conquérir son cœur. 

Le 9 novembre 1896, en l’église de St-Grégoire-de-Montmorency, en présence de Philéas Déry et Elzéar Bouchard, les pères des époux, et de nombreux parents, le curé Ruel unit la destinée d’Ozélina Déry et Joseph Bouchard. La mariée vient d’avoir 21 ans en septembre et son époux les aura dans un mois. Le jeune couple appose leur signature au bas de l’acte de mariage[38] de même que Marie-Louise, la sœur d’Ozélina.

 

Le futur père de famille est déjà bien engagé dans la vie et sa position de contremaître à Stadacona, sur le chemin de fer du Lac-St-Jean, démontre le sérieux et la maturité du jeune homme. Ce sont probablement ces traits de caractère qui ont séduit Ozélina en lui faisant espérer un bel avenir en sa compagnie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LES SECTIONNAIRES

L’installation des premières lignes de chemin de fer à la fin du 18ième siècle a vu l’apparition   d’une nouvelle catégorie de travailleurs : les cheminots. Au Québec, les travailleurs affectés à l’entretien de «sections» de voies ferrées sont désignés sous le vocable de «sectionnaires».  Les sociétés de chemin de fer étant gérées et opérées par des anglophones, beaucoup de termes anglais sont venus truffer le vocabulaire des travailleurs francophones.  

 

Groupés en équipe de trois et supervisés par un contremaître ou «foreman», les sectionnaires ont la responsabilité d’entretenir une «section» de voie ferrée d’une longueur de sept à huit milles soit environ onze kilomètres. Pour se déplacer sur les rails, on utilise le hand car (draisine à bras ou pompeux) dont la propulsion requiert beaucoup d’huile de bras et de bons muscles dorsaux. Pour transporter le matériel, on attache un «lorry» derrière la draisine. Des années plus tard, la mécanisation aidant, les pompeux sont  graduellement remplacés par les «motor cars» mus par un moteur à essence.

 

Les sectionnaires logent dans une maison appartenant à la compagnie et située au centre de leur section. C’est le contremaître et son épouse qui entretiennent la maison dont une partie est réservée aux travailleurs.

 

La journée de travail débute tôt le matin et s’étire pendant une dizaine d’heures et ce, six jours par semaine. 

 

L’inspection des rails et des ponceaux fait partie de la routine. Ils doivent, au besoin, remplacer les «ties» pourries ou brisées, ces traverses de bois goudronnées auxquelles les rails sont fixés par d’énormes clous carrés communément appelés «spikes». On fait aussi l’entretien des équipements de signalisation et des aiguillages ou «switches». Une fois revenus à la section, la draisine et les équipements de travail sont rangés dans un hangar fermé à clef.

 

Les équipes de sectionnaires situées dans un territoire donné, sont supervisées par un «roadmaster», un ancien contremaître de section lui-même. À bord de son «motor car», il parcourt régulièrement son secteur et visite chacune des équipes afin d’en apprécier le travail. Si un  déraillement se produit dans une section, le «roadmaster» réquisitionne tous les sectionnaires des sections voisines afin de réparer les dommages et remettre la ligne en service au plus vite. Advenant un projet spécial dans une section, le «roadmaster» utilise alors des «gangs d’extras», des travailleurs temporaires engagés spécifiquement pour ces travaux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

JOSEPH LE SECTIONNAIRE

En 1892, Moses Cullen, 25 ans, est contremaître de section à Stadacona pour la compagnie de chemin de fer Quebec & Lake St-John Railway. De descendance irlandaise, il est né à Ste-Catherine-de-la-Jacques-Cartier. Il est père d’une fillette, Véronica, âgée de deux ans. Cette même année, son épouse, Ellen McClintock, met au monde un garçon, Arthur, qui ne vivra que deux mois.

 

À Stadacona, c’est sous la férule de Moses Cullen que Joseph Bouchard apprend  les rudiments du métier de sectionnaire. Il loge dans la maison de la compagnie et côtoie la famille Cullen. Lors du recensement de 1911, Joseph indique qu’il parle anglais et c’est probablement au contact de ces gens qu’il a appris cette langue.

 

En 1895, Moses Cullen est transféré à la section de Beaudet où il travaillera  jusqu’en 1906. Joseph Bouchard lui succède alors comme contremaître à Stadacona qui est situé entre les stations de Beaudet et Pearl Lake. Il n’est pas rare que les sectionnaires de Stadacona, parvenus au bout de leur section, rencontrent  les équipes de Beaudet et de Pearl Lake. Ils en profitent alors pour se transmettre de vive voix les dernières nouvelles et s’échanger des histoires. On peut aussi utiliser une boite, installée à la limite des sections, pour se transmettre des messages écrits ou pour planifier une rencontre avec l’autre équipe pour le lendemain. 

 

Selon Léonce[39], fils de Joseph, lorsque le maître et l’élève se rencontrent au bout de leur section respective, Joseph en profite pour tirer la pipe au fougueux Irlandais en lui reprochant le mauvais travail de ses sectionnaires! Mais cette rivalité n’est que superficielle car les deux hommes se vouent une admiration mutuelle, Moses ayant toujours été un grand ami de la famille Bouchard. 

 

LA VIE À STADACONA

Suite au départ des Cullen, Ozélina prend la place d’Ellen McClintock dans la maison de Stadacona, la seule résidence à cet endroit. Elle est bâtie sur la rive du Lac Aux Rognons et divisée en deux avec un appartement réservé à la famille du contremaître et l’autre pour ses trois employés, des jeunes de 18-20 ans, qui rémunèrent Ozélina pour les services qu’elle leur rend comme les repas, le lavage, etc. Les chambres sont situées à l’étage au dessus du rez-de-chaussée.

LA NOURRITURE

Pendant l’été, Ozélina s’occupe du potager qui leur fournit des légumes frais. Une couple de vaches produit le lait et quelques poules, les œufs. Mais ce n’est pas suffisant pour nourrir tout son monde et, à chaque semaine, elle doit faire sa «commande» d’épicerie. Elle remplit une formule fournie par la compagnie de chemin de fer sur laquelle elle coche les items dont elle a besoin. Elle remet ensuite cette requête au conducteur du train qui transmet la liste à l’agent de la gare qui s’occupe de la faire remplir, dans la même journée, au magasin désigné par la compagnie. Dès le lendemain, Ozélina prend possession de ses provisions au retour du train.

 

Pour conserver les aliments périssables, Ozélina utilise une grande glacière qui a été remplie de glace pendant l’hiver. Il faut un dimanche complet à Joseph pour ce faire. Utilisant un godendart, il découpe la glace du lac en morceaux qu’il tire ensuite vers la glacière avec l’aide de ses gros chiens. Ils sont très utiles en hiver car, bien attelés à un traîneau, ils permettent de se déplacer rapidement et facilement d’un endroit à l’autre sur la neige durcie. En été, ces chiens vivent comme des pachas, n’ayant rien d’autre à faire qu’à courir et dormir. On les nourrit de poissons puisés dans le lac ou les ruisseaux voisins dont ils s’empiffrent jusqu’à en vomir ! 

GARDIEN DE CLUB ET TRAPPEUR 

À cette époque, la semaine de travail des sectionnaires s’étend du lundi au samedi ce qui ne laisse que le dimanche de congé. Joseph est un bourreau de travail et ne s’accorde aucune vacance quand il s’agit d’assurer le bien-être de sa famille. En plus de son travail de sectionnaire, il est aussi gardien au Club Iroquois[40] ce qui lui donne accès à un grand territoire où le gibier est abondant. Ce second travail lui permet donc de joindre l’utile à l’agréable en lui permettant de s’adonner à sa passion : le piégeage des animaux à fourrure qui lui rapporte beaucoup plus que son salaire de contremaître de section.

 

Partant très tôt le matin, avant le lever du soleil, il chausse ses raquettes à neige et chemine toute la journée dans ses «trails» pour relever ses pièges. Il transporte ses prises dans un sac à dos. La capture d’un ou deux castors alourdit passablement son fardeau car, ne pouvant les dépecer sur place, il doit les ramener en entier. Sa «run» s’étendant sur 30 – 35 miles, il ne revient à la maison qu’à la noirceur ce qui ne manque pas d’inquiéter Ozélina.

 

Il passe ensuite de longues heures à dépecer les animaux et préparer les peaux qu’il met à sécher sur des cadres dans la laiterie et un peu partout dans la maison rendant l’atmosphère fétide[41]. Les peaux sont ensuite entreposées dans un tonneau. Deux ou trois fois par année, un acheteur débarque du train pour venir négocier avec Joseph la vente de ses fourrures. Les négociations sont ardues car les acheteurs ne veulent que les plus belles peaux, levant le nez sur les moins désirables. Joseph doit alors «barguigner» pour que l’acheteur finisse par prendre le lot au complet, se résignant parfois à laisser aller quelques peaux pour rien.

 

LES PREMIERS ENFANTS

Comme c’est la coutume au Québec à cette époque, c’est au rythme d’un enfant par année que la famille d’Ozélina et Joseph s’agrandit : Lucia naît en 1897, Alfred (Freddy) en 1898, Louise-Aimée en 1899, Marie-Aimée en 1901, Béatrice en 1902, Odilon en 1903 et Émerild en 1904. Louise-Aimée ne vivra qu’un an.

 

Alors que les trois premiers enfants sont nés à Stadacona où leurs parents demeurent et baptisés à Rivière-à-Pierre ou St-Grégoire-de-Montmorency où la famille de leur mère réside, les trois suivants sont les seuls à être nés ailleurs. En effet, au baptême de Marie-Aimée, le curé Ruel de St-Grégoire note que les parents sont de Ste-Catherine et aux baptêmes d’Odilon et Émerild à Rivière-à-Pierre, le curé Odilon Blanchet note que les parents sont de Beaudet.

 

On ne peut croire à une erreur de sa part car ce prêtre est très au fait de l’existence des différentes missions qu’il dessert le long de la voie ferrée du Lac-St-Jean. Ceci nous amène donc à penser que la famille de Joseph et Ozélina a résidé brièvement à Ste-Catherine en 1901 et à Beaudet en 1902 et 1903 avant de revenir s’établir définitivement à Stadacona en 1904.

 

 

LE GRAND FEU DE 1903

En 1903, un événement catastrophique et bien documenté est venu marquer l’imaginaire et les souvenirs de plusieurs membres de la famille Bouchard qui l’ont vécu directement : le Grand Feu de 1903[42].

 

C'est en page 8 du journal Le Soleil, édition du 28 mai 1903, que paraît la première mention d'un feu de forêt sur la ligne de chemin de fer Québec et Lac-St-Jean qui a détruit les maisons des Club Iroquois, Stadacona et du Triton. Ensuite du 3 juin au 6 juin, c'est en première page que l'on parle des «Feux dans les bois». On décrit en particulier la destruction des 25 maisons de la station de Perthuis près de St-Raymond de Portneuf. Selon le correspondant du journal, les dégâts causés par le feu  « sur tout le parcours du chemin de fer du Québec et Lac-St-Jean, depuis Beaudet  jusqu'au  Lac des Commissaires (près de Lac-Bouchette, Lac-St-Jean), présente un coup d'oeil des plus désolants.».

 

 

 

 

 

 

Le 5 juin, encore en première page, le correspondant du Soleil mentionne que «deux fermiers de Beaudet, MM Bouchard et Filion ont perdu leur résidence[43] durant les derniers jours. M. Bouchard perd du même coup huit vaches». Ces deux compères sont très certainement Elzéar Bouchard et son beau-frère, Joseph Filion.

 

Quand Ozélina Déry parle de ce feu, elle précise que c’était l’année de la naissance de son fils Odilon et c’est l’intervention du curé Gingras[44], un ami de la famille qui possède un chalet aux Rapides de Beaudet, qui aurait arrêté la progression du feu entre Beaudet et Falrie.

 

Émile Bouchard, frère de Joseph, s’est marié[45] en 1900 à Délia Boivin.  Son épouse est chez ses parents à St-François-de-Sales, au Lac-St-Jean, où, le 17 mai 1903, elle vient d’accoucher de sa fille Anita. Elle raconte[46] que lors du passage du feu à Pearl Lake, sa sœur Philomène qui s’occupait des autres enfants du couple, doit la vie aux sectionnaires qui sont parvenus à la sortir de leur modeste campement en flamme y perdant ses maigres économies.

 

 

 

 

 

 

Elle ajoute que c’est grâce au curé Apollinaire Gingras qu’ils reçurent gratuitement de certains bienfaiteurs de Québec des meubles, des vêtements, des couvertures et des articles de cuisine afin de compenser ce qu’ils avaient perdu dans l’incendie. Le gigantesque feu de forêt s’éteindra de lui-même vers le 16 juin suite à de fortes pluies.  En 1953, 50 ans après l’événement, les employés du chemin de fer ont érigé une croix, maintenant disparue, à l’endroit où ce curé aurait arrêté le feu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

DÉCÈS DE LOUISE DANIELSON

Pendant la longue maladie de Louise Danielson, mère de Joseph, c’est cette même Philomène Boivin qui se rend plusieurs fois à Beaudet afin de lui venir en aide et s’occuper des trois derniers enfants soit Elzéar-fils, Ovide et Albert. Malgré tous les soins qu’elle reçoit, Louise s’éteint lentement le 2 avril 1906 à l’âge de 54 ans. Elle sera inhumée trois jours plus tard au cimetière de Rivière-à-Pierre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

REMARIAGE D’ELZÉAR BOUCHARD

Elzéar n’est pas homme à rester veuf longtemps ! Dans la famille[47], on se plaît à raconter qu’il serait parti à Québec pour s’acheter une jument et serait revenu avec une jumelle ! Cette jumelle, c’est Caroline Dufour qui travaille comme domestique[48] dans la maison de Joseph Rouleau, un employé civil de Québec. Elle est née le 5 juillet 1861 à Baie-St-Paul où possiblement Elzéar a fait sa connaissance. Sa sœur jumelle se prénomme Azilda.

 

Elzéar et Caroline se marient le 29 octobre 1906 à l’église St-Roch de Québec, six mois seulement après le décès de Louise. Ils sont âgés respectivement de 59 et 45 ans. Pendant plusieurs années après son mariage, Caroline gardera contact avec Éva Rouleau, fille de Joseph, avec qui elle échange des lettres et des cartes postales qui nous en apprennent un peu sur la vie modeste et pas toujours facile des colons de Beaudet.

 

Elzéar en profite alors pour rédiger un testament[49] dans lequel il lègue à son fils Joseph la maison voisine de la sienne «connue dans la famille sous le nom de maison à Jos». Cette maison[50] ayant probablement appartenue à son frère Joseph Bouchard servira de demeure à sa fille Clara et son mari Charles Tremblay pendant de nombreuses années. Lors de son mariage[51] avec Clara en 1898, Charles travaillait comme sectionnaire à Stadacona sous les ordres de Joseph, un emploi qu’il occupera pendant une couple d’années.

 

 

 

 

ÉDUCATION DES ENFANTS

Les enfants grandissent et vient le temps de les envoyer à l’école. Stadacona est loin de tout et le pensionnat est la seule solution pour leur faire acquérir une scolarité peu commune à l’époque.  La famille ne roule pas sur l’or et Ozélina craint de dépenser autant d’argent. Mais ses hésitations ne trouvent pas d’écho chez Joseph : «Un autre enfant au pensionnat, c’est juste une couple de peaux de castor de plus[52]

 

Ozélina profite du fait que sa sœur Marie-Célanire dite Sœur Ste Marine enseigne au Pensionnat de la Congrégation Notre-Dame à  St-Denis-sur-Richelieu pour y mettre ses filles Lucia, Marie-Aimée et Béatrice en pension. Elles y feront leur cours primaire tout comme leurs frères  Freddy et Odilon qui, eux, sont pensionnaires au Collège St-François Xavier du même endroit. Les «passes de train» de Joseph, permettent aux enfants de voyager gratuitement. C’est un avantage consenti par la compagnie de chemin de fer à ses employés et à leur famille.

 

En 1907file://Q:\PHOTOS\02 - DEPOSITAIRES\BJ - BEDARD - Jacques\Bouchard - Cartes postales - f. Joseph\bouchard lucia marie-aimee_1907_carte postale congregation notre dame a elzear.tif, sur une carte postale adressée aux grands-parents Elzéar et Caroline pour les voeux de fin d'année, les enfants se plaignent ouvertement de ne jamais rien recevoir en retour. Lucia et Marie-Aimée demandent si les grands-parents sont fâchés contre elles! Sur la carte du 28 décembre 1909file://Q:\PHOTOS\02 - DEPOSITAIRES\BJ - BEDARD - Jacques\Bouchard - Cartes postales - f. Joseph\bouchard lucia_1909_carte postale pensionnat St-Denis a elzear.tif, les enfants mentionnent à Elzéar qu'ils ont beaucoup prié pour son rétablissement. Cela devait être assez grave pour qu'ils le notent. Le 5 juin 1910file://Q:\PHOTOS\02 - DEPOSITAIRES\BJ - BEDARD - Jacques\Bouchard - Cartes postales - f. Joseph\bouchard marie-aimée_1910_carte postale pensionnat St-Denis a elzear .tif, Marie-Aimée leur envoie une carte leur annonçant sa première communion et remercie grand-mère Dufour de lui avoir envoyé une "belle dentelle [...] pour son petit trousseau".

 

Enfin, sur la dernière carte en notre possession datée de 1911file://Q:\PHOTOS\02 - DEPOSITAIRES\BJ - BEDARD - Jacques\Bouchard - Cartes postales - f. Joseph\bouchard freddy odilon marie-aimee beatrice_1911_carte postale pensionnat St-Denis a Elzear.tif, les enfants, probablement sous l'incitation de Freddy et Odilon, menacent ouvertement les grands-parents de cesser toute correspondance future s'ils ne reçoivent rien en retour ! À une couple d'occasion, les enfants ne manquent pas non plus de saluer leur oncle Albert qui s’est marié à Adèle Corneau le 9 janvier 1911 et qui habitent Beaudet.

 

 

LES VISITES

Sur une des rares photos de Joseph, on peut le voir, moustachu[53] et la pipe au bec, posant fièrement sur son «hand car» entre Antoine Voyer et Napoléon (dit Paul) Beaurivage qui, «lui, aimait ça ramer ! [54] » 

 

Stadacona est à onze kilomètres de Beaudet où vit la parenté de Joseph. Dans les premiers temps, c’est en draisine à bras qu’on s’y rend visiter la famille. Comme le dimanche est la seule journée de congé de Joseph, tous les déplacements en famille ne peuvent se faire que cette journée-là,  à condition qu’il fasse beau bien sûr ! En hiver, on n’y pense même pas : c’est trop froid et Joseph utilise son congé pour faire sa trappe. À l’occasion, il utilise son traîneau à chiens pour s’y rendre mais c’est exceptionnel. Il y a le train, bien sur, mais les horaires ne conviennent pas toujours. 

 

 

 

 

Lorsque Joseph prend possession de sa première draisine à moteur, les choses changent passablement. La compagnie de chemin de fer n’autorise pas les employés à utiliser ces équipements en dehors des heures de travail. Mais Joseph connaît bien l’horaire des trains et fait, à l’occasion, accroc à la règle pour amener à la pêche la parenté de passage.

 

Pour aller visiter «les vieux» à Beaudet, on amène les enfants. Les plus jeunes sont installés sur la draisine à moteur bien à la vue des parents. Joseph les installe derrière une corde qu’ils agrippent et qu’ils ne doivent lâcher sous aucun prétexte. Joseph raccorde le lorry à la draisine et y installe les plus vieux des enfants assis tout autour avec les jambes pendantes. Par mesure de sécurité, l’un d’eux est installé face à l’arrière afin de surveiller l’arrivée imprévue d’un train. C’est le «watchman» !

 

Si quelqu’un s’avise de faire une coche mal taillée, Joseph est là pour y voir! L’autorité parentale, à cette époque, n’était jamais remise en cause. Son fils Léonce[55] décrit son père comme une personne autoritaire mais «pas méchant».  Voici, en ses mots, comment il «corrigeait» un enfant qui s’était mal comporté :  « Quand on faisait un méchant coup, la mère disait :  M'a le dire à ton père. Tu vas voir mec’ que ton père arrive, tu vas voir !  Fait que quand le père arrivait, elle lui contait ça : Y’a pas écouté aujourd'hui. Il disait : Viens icitte, toé! Tu vas écouter ta mère. Viens me voir une minute. Là il arrivait pis (Léonce allonge le bras en faisant le geste de donner une claque) : Hé baptême de maudit, je l'ai manqué !  Il faisait exprès pour passer à côté ! »

                                                                                                           

Joseph profite de ses visites à Beaudet pour apporter à son père quelques victuailles mais surtout du tabac en feuille[56] car Elzéar est un fumeur qui possède une belle collection de pipes[57] qu’il met à sécher sur un râtelier derrière le poêle.  Quant à mémère Caroline, ceux qui l’ont connu ne lui accordent pas beaucoup de points pour la beauté et l’amabilité. Elle n’est pas tellement futée non plus et le plaisir coupable des jeunes visiteurs est de l’épier lorsqu’elle va, sans gêne, uriner dans les hautes herbes près de la maison !

 

Joseph ne manque pas non plus de visiter son frère Albert, le benjamin de la famille. «Ils ne font qu’un ces deux-là ! »[58] se plaît-on à répéter tellement ils apprécient être ensemble.  Albert s’est marié[59] à Adèle Corneau le 9 janvier 1911 à Rivière-à-Pierre. Le couple demeure non loin de son père dans une maison  construite derrière la gare et la maison de la compagnie de chemin de fer. Il est cultivateur. Depuis tout jeune, sa vue n’est pas bonne et il doit porter d’épaisses lunettes ce qui l’a probablement empêché de devenir sectionnaire comme tous ses frères. 

 

 

DÉCÈS DE CÉLANIRE GOSSELIN

Le 8 février 1914, Célanire Gosselin, la mère d’Ozélina, quitte ce bas monde. Elle laisse dans le deuil ses enfants et son époux Phileas Déry. Celui-ci ne peut se résoudre à demeurer seul et, six mois plus tard, le 29 août, il se remarie à St-Grégoire-de-Montmorency à Marie Langlois, veuve de Magloire Gosselin, sans lien de parenté avec Célanire. Cette union durera huit ans jusqu’au décès de Marie survenu le 29 janvier 1922. Un an plus tard, le 15 janvier 1923, il se remarie une dernière fois à Marie-Léda Bouchard[60] à St-Roch. Au décès de Philéas, le 4 février 1939, celle-ci était encore vivante.

 

 

 

LA MAISON DE ST-GRÉGOIRE

Les années passent et la famille continue à s’agrandir : entre 1906 et 1919, ce sont  huit autres enfants qui voient le jour : Ernestine en 1906, Germaine en 1908, Thérèse en 1909, Lucienne en 1910, Jules en 1912, Simone en 1913, Rose-Blanche en 1915 et Cécile en 1916.

 

Dans sa prévoyance, Joseph utilise les revenus, provenant de la trappe des fourrures, pour faire l’achat, vers 1917, d’une maison sur la rue du Collège (aujourd’hui # 508, 113ième rue) à St-Grégoire. On y trouve deux appartements, un au rez-de-chaussée  et un autre à l’étage pour sa fille aînée Lucia.

 

Lorsqu’elle emménage dans ce logement, Lucia a 20 ans et est encore célibataire. Elle est débrouillarde, sérieuse et dévouée. Ses parents n’hésitent donc pas à lui confier la tâche d’héberger et de nourrir ses frères et sœurs plus jeunes qui ont été retirés du pensionnat de St-Denis-sur-Richelieu afin de fréquenter l’école de St-Grégoire et faire ainsi d’importantes économies.

 

Le 25 août 1919, Lucia est la première des enfants à se marier : elle convole en juste noce avec Léonce Vachon dont la famille est originaire d’Hébertville au Lac-St-Jean. La cérémonie a lieu à St-Grégoire.  Le couple emménage dans l’appartement de Lucia qui continue pendant quelques temps de s’occuper de ses frères et sœurs mais y met fin progressivement afin de prendre soin de ses propres enfants. C’est dans ce logement que sa mère Ozélina mettra au monde ses deux derniers enfants[61],  Léonce en 1918 et Ernest en 1920.

 

 

En janvier 1920, la famille célèbre un autre mariage : celui de Marie-Aimée et René Létourneau mais au Lac-Édouard cette fois-ci. Le 2 juillet 1920, Joseph et Ozélina deviennent parrain et marraine de leur premier petit-fils, Roland Vachon.  Ensuite c’est au tour d’Ernestine de se marier avec Wilfrid Bédard en octobre 1924 et Odilon fait de même avec Dolorès Beaurivage en mai 1925.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

VOYAGE À SPRINGFIELD

En 1921, Joseph et Ozélina fêtent leurs premiers 25 ans de mariage. N’ayant probablement jamais eu de véritable «voyage de noces» lors de leur mariage en 1896, c’est peut être cela qui les incitera, une couple d’années plus tard, à effectuer un voyage en train à Springfield aux États-Unis afin d’y visiter des membres de la famille qui y résident.

 

Selon leur fils Léonce[62], il leur a fallu plusieurs «passes de train» différentes avant d’arriver à bon port. Ils vont loger chez Freddy Déry, un frère d’Ozélina, qui a déménagé dans cette ville peu de temps après son mariage à Marie Beaudoin en 1920. 

 

Le but premier de cette visite est surtout de revoir leur fils Alfred, communément appelé Freddy, qui y opère un «smoke shop», une tabagie. Le choc est brutal pour Joseph et Ozélina, habitués qu’ils sont à un style de vie plus austère : Freddy vit au rythme des années folles que sont les années 20. « Il avait 3-4 autos et un paquet de filles autour de lui qui lui coûtaient cher. Il vivait riche ! » nous raconte Léonce.  À ce qu’il semble, les parents sont revenus assez contents de leur périple mais passablement découragés de leur fils ! 

 

 

 

 

 

 

LA TUBERCULOSE

 D’autres enfants quittent la famille de Joseph et Ozélina mais dans des circonstances douloureuses. Le 12 décembre 1922, Thérèse décède de la tuberculose à l’hôpital Laval de Québec.  Elle avait 13 ans.

 

Trois ans plus tard, jour pour jour,  Émerild décède aussi de la  même maladie à l'hôpital Jeffery Hale  de Québec à l’âge de 21 ans. Selon son frère Ernest[63], c’était l’automne et Émerild avait dormi une nuit sous un canot et avait pris froid. Il avait beaucoup grelotté. Ernest l’avait vu uriner du sang sur la neige mais Émerild lui avait interdit d’en parler à leur mère afin de ne pas l’inquiéter car elle avait déjà assez de préoccupations.  Les soins médicaux étant très dispendieux à l'époque, Émerild pensait peut-être éviter ces dépenses à ses parents. Malheureusement, la guérison ne fut pas au rendez-vous et Émerild devint une autre victime de la tuberculose. 

 

Deux années vont passer avant que cette terrible maladie ne frappe à nouveau la famille : cette fois c’est  Simone, 14 ans, qui exhale son dernier souffle le 29 mai 1927 à Stadacona.

 

Tous sont décédés de la tuberculose qui fait des ravages partout au pays autant dans les corps que dans les cœurs. En effet, cette maladie a très mauvaise réputation dans la société qui la considère comme étant l’apanage des familles pauvres et miséreuses.  Il n’était donc pas rare que les familles atteintes fassent silence sur cette affliction qui leur apportait autant la honte que la perte d’êtres chers. C’est dans ce contexte que les gouvernements décidèrent la construction d’une multitude de sanatoriums,  dont un au Lac-Édouard en 1927,  pour contrer l’épidémie en isolant les malades de la population.

 

 

 

 

 

DÉCÈS DE JOSEPH

 

Sur la voie ferrée, le travail de  sectionnaires est souvent routinier mais lorsque survient un accident ou un déraillement de train, tous les effectifs humains et matériels sont  déployés pour corriger rapidement la situation.  Joseph n’est pas homme à se défiler devant son devoir et  son rôle de contremaître exige de lui qu’il soit toujours aux avant-postes.

 

Lors d’un déraillement survenu pendant l’hiver 1928-29, Joseph est un des premiers à arriver sur l’accident et à porter secours au conducteur et au chauffeur emprisonnés dans la cabine de la locomotive. Il ne ménage pas ses efforts allant même jusqu’à enlever[64] ses encombrants vêtements d’hiver pour se faufiler sous la machine renversée et sauver la vie des deux hommes. Cet acte de courage ajouté aux nombreuses heures de travail dans les conditions pénibles de l’hiver provoquera chez lui un rhume et une grippe sévère.

 Voyant cela, le «roadmaster» Talbot, le patron de Joseph, le force à prendre congé[65] pour se soigner. Mais rendu à la maison, le lendemain, Joseph  part faire sa «trail» à collets de lièvre, plus de 200 à relever. Il  revient tard en soirée  et  fait une grosse rechute. Sa grippe s’est transformée en pneumonie. Transporté à St-Grégoire-de-Montmorency dans le logis de sa fille Lucia, il y décède le 26 mai 1929 à l’âge de 52 ans et neuf mois.

 

C’est la désolation dans la famille. Le décès du paternel est un choc pour Ozélina, ses enfants et les membres des familles Bouchard et Déry.  Les funérailles ont lieu le 29 mai dans l’église de St-Grégoire et la dépouille mortelle de Joseph ensevelie dans le cimetière de la paroisse où il repose près de ses enfants Émerild, Simone et Thérèse.

LIMOILOU

Son époux décédé, Ozélina doit trouver un toit pour sa famille car il n’est plus question de continuer à demeurer à Stadacona, un nouveau contremaître des sectionnaires devant prendre possession de la maison. Les deux logements de sa maison de St-Grégoire sont occupés par la famille Nérée Tremblay au rez-de-chaussée et par sa fille Lucia et Léonce Vachon et leurs huit enfants à l’étage.  Ozélina doit donc se résoudre à louer un appartement à Limoilou où elle emménage avec six de ses enfants. Léonce a 11 ans à l’époque et relate l’événement en ces termes : «Moé, quand j'suis arrivé par ici quand mon père est mort, j'étais tout démoralisé, tout detèmé… ». Leur vie est complètement chambardée ! 

 

MARIAGE DE LUCIENNE – DÉCÈS D’ELZÉAR

Le 5 novembre 1929, Ozélina marie sa fille Lucienne à Albert Lessard en l’église St-Charles de Québec. L’absence de Joseph se fait cruellement sentir et c’est avec des pincements au cœur que l’on voit la mariée descendre l’allée centrale de l’église au bras de son oncle et parrain, Émile Bouchard du Lac-St-Jean, qui lui sert de père lors de la cérémonie.

 

Trois mois plus tard, le 14 février 1930, Elzéar Bouchard, l’aïeul, décède à l’Hôtel-Dieu de Québec avec sa fille Mary à ses côtés. Il sera inhumé à Rivière-à-Pierre près de sa première épouse Louise Danielson. Caroline Dufour décèdera le 27 octobre 1932 et sera inhumée au Lac-Édouard.

 

UNE DEUXIÈME MAISON À REVENUS

Pendant près de deux ans, les enfants d’Ozélina vont à l’école à Limoilou.  Elle profite de cette période pour planifier son avenir et s’assurer d’avoir assez de revenus pour les années futures. À son décès, le compte en banque de Joseph était passablement bien garni et ses nombreux enfants savent qu’elle «en a de collé» et ne se gênent aucunement pour lui en demander constamment. Elle craint de se faire vider son escarcelle !  

 

Elle utilise donc une partie de cet argent pour ajouter un étage supplémentaire à sa maison à logements de St-Grégoire. Elle élimine l’escalier intérieur et le reconstruit à l’extérieur pour relier tous les étages.  Elle engage Georges Chalifour[66] , un entrepreneur bien connu de Courville, pour exécuter ces travaux. Elle voudrait bien aussi acheter le terrain vague voisin pour y construire une autre maison à revenus mais la propriétaire, une dame Lebel qui habite près de la voie ferrée, préfère y exploiter un poulailler.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un peu plus tard, cette dame Lebel se décide soudainement à vendre son terrain à Ozélina ! Quelle est la part de l’entrepreneur Chalifour dans ce revirement imprévu ? Aurait-il promis une commission à la dame advenant qu’il construise la nouvelle maison d’Ozélina sur ce terrain ? C'est fort possible !  Finalement tout le monde trouvera son compte dans cette transaction et quelques mois plus tard Ozélina fait emménager ses locataires dans la nouvelle maison.

 

Entre-temps,  Lucia et son mari Léonce Vachon se sont trouvé un autre appartement à St-Grégoire dans un des deux blocs[67] appartenant à Charles Lafrance marié à Jeanne Vachon, sœur de Léonce. Ozélina est bien heureuse alors de quitter Limoilou et revenir à St-Grégoire où presque toute la parenté réside. Elle emménage dans l’appartement libéré par sa fille sur la rue du Collège[68].

 

 

LES DERNIERS JOURS D’OZÉLINA

 Les années défilent au gré des mariages qui se succèdent : Germaine se marie en février 1932, Jules et  Rose-Blanche en noces doubles en février 1934.

 

Le 12 mars suivant, une  tragédie frappe à nouveau la famille : René Létourneau, l’époux de Marie-Aimée, se suicide à Taschereau en Abitibi. Veuve avec cinq enfants et vivant déjà dans la misère,  Marie-Aimée se voit contrainte de demander de l’aide à sa mère le temps qu’elle refasse sa vie ce qu’elle fera neuf mois plus tard en se remariant à Jean-Charles Blais de Rouyn-Noranda.

 

Trois ans plus tard, c’est au tour de Cécile, la dernière de ses filles de se marier en juin 1937.  Les  naissances des nombreux petits-enfants ajoutent aussi au bonheur d’Ozélina. Le 4 février 1939, son père Philéas décède à St-Grégoire à l’âge de 88 ans. Il était marié en troisièmes noces à Marie-Léda Bouchard[69] qui lui survit.

 

Dans son désir de respecter un vœu[70] de son défunt mari qui voulait que l’héritage favorise les deux plus jeunes de ses enfants, Ozélina lègue, de son vivant, ses deux blocs à appartements à  Ernest et Léonce. En juillet 1944, Ernest épouse Rita Plourde. Voulant s’assurer une vieillesse sans soucis, Ozélina demande au jeune couple de l’héberger jusqu’à la fin de ses jours. Cette obligation créera un froid entre Ernest et Léonce, Ernest  se sentant défavorisé du fait qu’il devait, en plus, héberger son frère Freddy, revenu des États-Unis. Le dernier mariage auquel elle assistera sera celui de Léonce, le benjamin de la famille, qui épouse Thérèse Boily en 1945. Quelques mois plus tard, le 15 mai 1946, Ozélina décède  à l’âge de 71 ans, entourée des siens.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans son testament[71], Ozélina confirme le legs de ses blocs à Léonce et Ernest et fait de Freddy, le seul de ses enfants encore célibataire, le récipiendaire de tout son argent liquide ainsi que de celui provenant des assurances.  Comme il fallait s’y attendre, cette clause testamentaire déplut à certains membres de la famille qui considéraient que «Freddy le radin» en avait eu plus qu’il ne méritait[72] !  L’épopée de Joseph Bouchard et Ozélina Déry se termine ici empreinte autant de passages douloureux  que de moments joyeux dans une vie qui n’aura pas été des plus faciles. Il en est ainsi pour toutes les histoires de famille et il est du devoir des descendants d’en préserver la mémoire car, pour connaître où on va, on doit savoir d’où on vient.

 

Joseph a été :

-  Parrain de son cousin Alfred Berthiaume fils de sa tante Joséphine Danielson le 2 juin 1889 à Notre-Dame-des-Anges de Montauban, Portneuf.

 

-  Parrain de son cousin  Georges Bruneau fils de sa tante Eugénie Danielson le 27 mars 1890 à Notre-Dame-des-Anges de Montauban, Portneuf.

 

-  Témoin au mariage de Théophile Boivin le 23 février 1903  à St-François-de-Sales, Lac-St-Jean.

 

-  Parrain de son petit-fils Roland Vachon le 04 juillet 1920 à St-Grégoire-de-Montmorency.

 

-  Parrain de sa petite-fille Fernande Bouchard, fille d’Odilon, le 15 février 1926, à Pearl Lake, voie ferrée du Lac-St-Jean.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ozélina a été :

-  Marraine de son frère Stanislas-Antonio Déry  le 26 janvier 1892 à St-Grégoire-de-Montmorency.

 

-  Témoin au mariage de Théophile Boivin le 23 février 1903  à St-François-de-Sales, Lac-St-Jean.

 

-  Marraine de son petit-fils Roland Vachon le 04 juillet 1920 à St-Grégoire-de-Montmorency.

 

-  Marraine de sa petite-fille Fernande Bouchard, fille d’Odilon, le 15 février 1926, à Pearl Lake, voie ferrée du Lac-St-Jean.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

LES DESCENDANTS

LUCIA BOUCHARD

 

Joseph Bouchard et Ozélina Déry se sont mariés le 9 novembre 1896 à St-Grégoire-de-Montmorency et c’est au même endroit que leur premier enfant naît le 30 octobre 1897, «le samedi matin à 10 heures» note sa mère dans son carnet. C’est une fille qui sera baptisée le 2 novembre à St-Grégoire sous le prénom de Lucia. Comme c’est la coutume à cette époque pour un premier-né, ce sont les grands-parents qui ont les honneurs d’être parrain et marraine soit Elzéar Bouchard, son grand-père paternel, et Célanire Gosselin, sa grand-mère maternelle, épouse de Philéas Déry.  L’enfance de Lucia se passe à Stadacona sur la voie ferrée du Lac-St-Jean où son père est chef de section pour la compagnie Quebec & Lake St-John Railway.

 

En 1903, lorsque vient le temps pour Lucia de fréquenter l’école, ses parents la placent comme pensionnaire au couvent des Soeurs de la Congrégation-de-Notre-Dame à St-Denis-sur-Richelieu. Sa tante, Marie-Célanire Déry, y est religieuse sous le nom de soeur Ste-Marine[73]. Comme le cortège d’enfants s’allonge à chaque année à Stadacona, Lucia est graduellement rejointe par ses sœurs Marie-Aimée et Béatrice et ses frères Alfred et Odilon qui eux fréquentent le Collège Saint-François-Xavier du même endroit.

 

Le 8 février 1914, Célanire Gosselin, sa marraine et grand-mère maternelle, décède.  Les années passent et il est temps pour Lucia de quitter l’école et aider sa mère dans ses tâches ménagères. Elle apprend rapidement les rudiments de la tenue d’une maison et, lorsque ses parents achètent une maison à appartements à St-Grégoire en 1917, c’est Lucia qu’ils désignent pour y occuper un logement. Cette décision est bien mûrie car elle permet ainsi à Joseph et Ozélina de ramener à St-Grégoire les enfants pensionnaires à St-Denis-sur-Richelieu et ainsi sauver beaucoup d’argent pour leur pension.  C’est Lucia qui s’occupera d’eux pendant quelques années[74] et ce, même après son mariage. Mais n’anticipons pas trop !

 

 

 

 

 

 

 

LE MARIAGE

En 1917, Lucia assiste au mariage de Jeanne Vachon, la sœur de Léonce Vachon qui l’a invitée à l’accompagner à ces noces. Le jeune couple signe le registre en tant que témoins. Leurs fréquentations durent encore deux ans et finissent par conduire à leur mariage célébré le 25 août 1919 en l’église de St-Grégoire-de-Montmorency.

 

Son époux, Léonce Vachon, est né le 31 décembre 1895 à Hébertville au Lac-St-Jean et il est le fils de Moïse Vachon et Léonie Michaud.  Il exerce le métier de plâtrier[75] et ne manque pas de travail car, à cette époque, les murs des maisons sont constitués d’un treillis de lattes de bois sur lequel on applique plusieurs couches de plâtre. Léonce a très bonne réputation et la finition de ses murs est aussi unie et parfaite que nos murs revêtus de «Gyproc»[76].  Plus tard, il sera livreur dans Montmorency pour un magasin général opéré par un Bouchard, sans parenté avec Lucia. Les gens du quartier passent leurs commandes et Léonce livre «les ordres» avec un cheval[77]. Il a aussi travaillé pour son beau-frère, Charles Lafrance marié à sa sœur Jeanne[78].

 

 

LA FAMILLE

Dès l’année suivante, le 2 juillet 1920, Lucia met au monde un premier enfant, Roland, qui ne survivra que quinze jours. Un autre enfant, Paul-Henri, décédera de la même façon le 13 avril 1921. Ce n’est que le 4 juillet 1922 que la descendance du jeune couple s’assure enfin avec la naissance de Léonce Junior. Pendant les quinze années suivantes, Lucia enfantera 10 autres fois mais seulement quatre enfants survivront : Philippe né en 1927, Lionel en 1929, Guy  en 1932 et Paul-André en 1935.

 

 Le 26 mai 1929, dans son appartement au deuxième étage[79] du 508 rue du Collège à  Montmorency, Lucia et sa famille assiste au douloureux départ du paternel : Joseph rend l’âme suite à une sévère pneumonie contactée lors d’un déraillement survenu l’hiver précédent.  La famille est dévastée par cette tragédie.

Sa mère Ozélina quitte Stadacona avec ses enfants dans l’espoir de s’établir à St-Grégoire. Mais voilà, tous les logements sont occupés et elle doit se résigner à s’exiler à Limoilou pendant 2 ans[80], le temps qu’elle fasse construire une autre maison à appartements voisine de celle occupée par Lucia. Finalement, Lucia aménage dans un appartement propriété de son beau-frère Charles Lafrance[81] ce qui libère un logement pour Ozélina.

 

 

Plusieurs années plus tard, c’est au tour de son mari Léonce Vachon de quitter ce bas monde le 19 janvier 1948. L’année suivante, le 26 décembre 1949, Lucia, accompagnée de ses frères Léonce et Ernest et de son fils Philippe, assiste aux funérailles de son oncle Émile Bouchard à St-François-de-Sales au Lac-St-Jean[82]. Sur le retour vers Québec, une tempête de neige s’abat sur eux dans le parc des Laurentides. Ils sont contraints d’attendre plus de 24 heures dans un refuge que la route soit à nouveau dégagée. Selon Léonce[83], le gîte et le couvert étaient assurés par le Ministère des Transports et ils n’ont pas eu à se plaindre !

 

Graduellement les enfants quittent le foyer. Philippe est artisan-plâtrier comme son père et fait le tour de la province à restaurer les églises et construire des écoles[84].  Son frère aîné,   Léonce Junior,  est à l’emploi de la Dominion Textile comme électricien. Il est électrocuté et gravement brûlé aux mains en installant une immense enseigne sur le toit de l’usine. Son compagnon de travail a moins de chance et décède de ses blessures.  Ne pouvant plus travailler manuellement, ses patrons le nomment alors électricien en chef avec maison fournie par la compagnie[85].

 

 

 

 

 

 

 

Lucia s’entend bien avec ses sœurs Cécile et Rose-Blanche et, même mariées, elles habitent toujours à peu de distance les unes des autres dans Montmorency. Si l’une déménage, les autres suivent peu de temps après pour s’en approcher. Toujours serviable, Lucia est celle que l’on appelle quand quelqu’un est malade[86].

 

En 1963, un peu après la célébration des quinze années de mariage de son frère Freddy, Lucia et ses sœurs Cécile et Rose-Blanche procèdent au déménagement de leur tante Mary Bouchard, impotente et sous alimentée dans son logement de la rue Canardière dans Limoilou. Elle accueille Mary chez-elle pendant quelques semaines et lui prête même son lit. Mais la présence d’enfants et de petits-enfants dans la maison déplait à Mary qui a besoin de tranquillité… et qui déteste les enfants ! Ce sera donc Rose-Blanche qui l’accueillera chez-elle et en prendra soin jusqu’à son décès en 1965, Lucia prenant la relève occasionnellement lorsque Rose-Blanche doit s’absenter. Lucia vivra plusieurs années encore et décèdera le 8 septembre 1982 à St-Grégoire-de-Montmorency où elle aura habité presque toute sa vie.

 

 

 

 

 

 

 

Lucia a été :

Marraine de sa sœur Thérèse Bouchard le 6 juillet 1909 à Stadacona.

Marraine de sa sœur Simone Bouchard le 12 juin 1913 à Stadacona.

Marraine de son neveu Maurice Bédard le 24 janvier 1927 à Loretteville.

Marraine de son neveu Robert Brousseau le 14 février 1937 à St-Grégoire.

Marraine de sa nièce Murielle Bouchard le 18 août 1939 à St-Grégoire.

Marraine de sa nièce Suzanne Bédard le 18 février 1935 à St-Grégoire.

 

LES ENFANTS

  1 – Roland  Vachon – Décédé en bas âge.

  2 – Paul-Henri  Vachon – Décédé en bas âge.

  3 – Léonce jr.  Vachon

  4 – Anonyme Vachon – Mort né.

  5 – Roger  Vachon  – Décédé en bas âge.

  6 – Philippe  Vachon

  7 – Jean-Baptiste  Vachon – Décédé. Date inconnue.

  8 – Lionel  Vachon

  9 – Guy  Vachon

10 – Jules  Vachon – Décédé en bas âge.

12 – Muriel-Carmel  Vachon  – Décédée en bas âge.

13 – Paul-André   Vachon

14 – Anonyme Vachon – Mort né. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ALFRED BOUCHARD dit FREDDY

LES PREMIÈRES ANNÉES

Alfred est né le 20 novembre 1898 à Stadacona sur la ligne de chemin de fer du Lac-St-Jean. Son père Joseph est chef de section pour la compagnie Quebec & Lake St-John Railway qui deviendra le Canadien National. Il est baptisé cinq jours plus tard à St-Grégoire- de-Montmorency où vivent les parents de sa mère Ozélina Déry. Ses parrain et marraine sont Philéas Déry, son grand-père maternel, et Marie Bouchard, soeur de son grand-père Elzéar Bouchard qui, lui, vit à Beaudet, à quelques milles de Stadacona. Il a  une sœur, Lucia. Sa petite enfance se déroule paisiblement à Stadacona, à Ste-Catherine et à Beaudet, au gré des déplacements de sa famille.

 

Vers 1904, ayant atteint l'âge de fréquenter l'école, sa mère Ozélina décide qu'Alfred, tout comme Lucia, aura droit à une bonne éducation. C'est donc par le train que les deux enfants prennent la direction de St-Denis-sur-Richelieu où leur tante Marie-Célanire Déry est religieuse sous le nom de soeur Ste-Marine au couvent des Soeurs de la Congrégation de Notre-Dame. Alfred, lui, ira au Collège St-François-Xavier du même endroit. Ils y seront rejoints graduellement par Béatrice, Marie-Aimée et Odilon, leurs autres frères et soeurs[87].  Une carte postale[88] datée du 27 décembre 1911 et adressée à son grand-père Elzéar Bouchard de Beaudet en dit long sur le caractère d’Alfred. Après les vœux de bonne année, il menace de ne plus lui écrire à moins qu’il ne reçoive quelque chose en retour. Il lui suggère de «demander à papa de l’envoyer pour vous, il sera content de vous faire ça !»

 

 

JAMBE SECTIONNÉE

                  

Ses études terminées, Alfred travaille comme commis dans un magasin. Il a 21 ans. Alors qu’il est à mettre des marchandises dans un monte-charge, une fausse manœuvre met l’équipement en marche et Alfred se retrouve avec une jambe sectionnée[89]. Cette terrible épreuve va réorienter sa vie. Son père Joseph est beaucoup respecté par ses patrons. Il  utilise ses contacts et déniche l’emploi idéal pour son fils handicapé : «watchman» dans le «caboose» ou wagon de queue des convois de chemin de fer.  Installé dans la partie supérieure du wagon, son travail consiste à surveiller l’apparition de fumée indiquant que les freins d’un wagon ont pris feu et en avertir le conducteur. Il faut rappeler que ce genre d’événement fâcheux était assez fréquent avec les freins utilisés à cette époque sur les wagons.

 

 

 

 

Mais Alfred n’aime pas ce travail et s’en confie à sa mère[90]. « Avec l’éducation que j’ai, je peux faire autre chose que ça ! ». Celle-ci l’avertit qu’il est hors de question d’en avertir son père Joseph qui en serait très offensé. Alfred décide donc de prendre congé de son travail sous prétexte d'aller visiter son oncle Alfred dit «Freddy» Déry qui demeure à Springfield, Massachusetts, aux États-Unis. Ses parents sont d’accord et lui font venir les passes de train nécessaires à ce voyage.

 

 

 

 SMOKE SHOP À SPRINGFIELD, USA

On est en 1920, au début des «années folles» où tout semble réussir à qui veut bien essayer ! À la suggestion de son oncle,  Alfred n’hésite donc pas à utiliser ses économies pour acheter un «smoke shop[91]», une tabagie, située non loin de là. L’aventure américaine d’Alfred[92], surnommé là-bas Freddy, débute et durera plus de 15 ans. Pendant cette période, il aura même droit à la visite de ses parents, Joseph et Ozélina, qui feront le voyage vers 1924. Ils reviendront «ben découragés» de leur Freddy comme le rapporte son frère Léonce dans son langage imagé : «Il avait 3-4 autos et un paquet de filles autour de lui qui lui coûtaient cher ! Il vivait riche : 5 filles et 5 chars!».

 

 

 

 

 

 

RETOUR AU QUÉBEC

La crise économique des années 30 et le train de vie démesuré de Freddy auront finalement raison de lui. Acculé à la faillite, il fait une requête écrite à sa mère : serait-il possible, après toutes ces années d’exil, de revenir vivre à St-Grégoire ? Ozélina soupèse la question et en réfère à ses enfants, surtout les plus jeunes comme Cécile, Ernest, Jules et Léonce qui n’ont pas connu leur frère et dont le retour risque de leur causer des problèmes. La réponse est positive et Freddy revient au pays vers 1938. Il demeure chez sa mère sur la rue du Collège.

 

 

UN CARACTÈRE DIFFICILE

Comme anticipé par Ozélina, les premiers contacts sont difficiles car son «Freddy» est passablement bourru.  «C’était un bougonneux qui aimait runner tout le monde»  se rappelle Léonce qui ne peut laisser cet «étranger» faire la pluie et le beau temps dans la maison. «Si t'arrêtes pas de bosser ma mère, je vais te l'étamper dans face !». Parait que cet avertissement eut son effet sur le caractère de Freddy… selon Léonce !  Son neveu Jacques Bédard[93] se souvient très bien de lui. « C’était un bon gars mais autoritaire et qui n’aimait pas se faire obstiner. Fallait être poli avec lui et oublier de lui dire bonjour, c’était une insulte ! Il était bon avec les enfants et ne se faisait pas prier pour répondre aux questions.»

 

 

 

ENSEIGNANT

Comme il est parfait bilingue, sa mère l’incite à utiliser ce talent pour enseigner l’anglais et se faire une peu de sous. C’est sa sœur Rose-Blanche qui  lui trouve un local[94] où il reçoit ses clients désireux de parfaire leur apprentissage de cette langue.  Aujourd’hui, le viaduc de l’autoroute 40 passe au-dessus du site de ce local.

 

Un peu plus tard, suite à cette expérience positive,  il est engagé par le Ministère de l’Éducation de l’époque pour enseigner aux enfants de Beaudet sur la voie ferrée du Lac-St-Jean où demeure son oncle Albert, frère de son père.  C’est chez lui qu’il réside, dans la maison derrière la gare de Beaudet. Son école est située en face, de l’autre coté de la voie ferrée, dans l’ancienne maison de Moses Cullen, un ami de la famille Bouchard, ancien chef de section et mentor de son père Joseph.

 

Pendant cette période, il est aussi télégraphiste[95] pour la compagnie de chemin de fer à la gare de Falrie, voisine de celle de Beaudet. C’est ce poste qui lui a peut être permis de faire la rencontre de Joseph Kennedy, le père du futur président John Kennedy, qui lui remettra un fusil en souvenir[96]. Cette arme est  aujourd’hui conservée dans la famille d’Ernest.

 

Au décès de sa mère Ozélina en 1946, elle laisse, par testament,  ses deux maisons à logements à Léonce et Ernest et, à Freddy, le reste de ses biens incluant son argent et ses assurances. Ayant la réputation d’être un peu radin sur les bords, ce legs n’a pas fait que des heureux dans la famille[97] !

 

 

 

RETOUR À MONTMORENCY

Ce travail d’enseignant est bien rémunéré mais l’éloignement lui pèse et il revient à Montmorency. Le 21 juin 1948, il marie Émilia Tremblay, une amie d’enfance, fille d’Arthur et Marie Girard de Montmorency. Le couple s’établit à St-Grégoire dans un appartement situé en face de l’Hôtel de ville. Ce retour à la civilisation a été rendu possible par le fait que Freddy a décroché le poste de secrétaire-trésorier[98] pour la ville de St-Grégoire-de-Montmorency, travail qu’il occupera jusqu’à sa retraite.

 

Son neveu Jacques Bédard se souvient du fameux Chevrolet 1932 de Freddy qui a été un des premiers à avoir une voiture à Montmorency. « On l'entendait venir à un quart de mille, on allait voir dans le châssis et c'était ben lui! Y'étaient trois à Montmorency avec des chars. C'était pas dur à reconnaître. Il a toujours eu des petits chars propres[99]. »

 

Le 21 juin 1963, tous ses frères et sœurs et leurs conjoints se réunissent pour célébrer les 15 ans de mariage de Freddy et Émilia.  Freddy a 65 ans et l’âge de la retraite a sonné.

 

 

Son épouse Émilia décède quelques années plus tard. Les années s’écoulent mais la santé de Freddy décline. Lorsqu’il est retrouvé inconscient dans son appartement, ses sœurs Cécile et Rose-Blanche le convainquent de faire son entrée à l’hôpital St-Augustin de Courville où il pourra recevoir de bons soins et avoir une vieillesse sans soucis, ses économies lui permettant même d’avoir une chambre privée[100].  Freddy est décédé à cet endroit le 15 juin 1987 à l’âge de 88 ans.

 

Alfred Bouchard a été parrain de sa sœur Thérèse Bouchard le 6 juillet 1909 à Stadacona.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LOUISE-AIMÉE BOUCHARD

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Marie-Louise-Aimée Bouchard est née le 17 novembre 1899 à Stadacona sur la ligne de chemin de fer du Lac-St-Jean. Elle est baptisée le même jour par le révérend Odilon Blanchet de Rivière-à-Pierre.

 

Le parrain est son oncle Émile Bouchard et la marraine, Marie-Louise Filion, sa petite-cousine, fille de sa grand-tante Évelyne Danielson et de Joseph Fillion, tous venus spécialement de Beaudet pour l’occasion.

 

Le parcours terrestre de Marie-Louise-Aimée se limitera à 9 mois et 15 jours car elle décèdera à Stadacona le 1er septembre 1900. Elle a été inhumée à Rivière-à-Pierre.

 

Note :  Dans son carnet, sa mère Ozélina Déry inscrit son nom comme étant « Marie Louise Maimée » avec un M et par deux fois : à son baptême et à son décès.

 

 


MARIE-AIMÉE BOUCHARD

L’ENFANCE

Marie-Aimée Bouchard est née le 28 mai 1901 à St-Grégoire-de-Montmorency[101] mais ses parents demeurent à  Ste-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, comté de Portneuf. Du moins c’est ce que le curé Ruel de St-Grégoire-de-Montmorency a inscrit sur le registre de son baptême célébré le 2 juin suivant.  Son oncle Émerild Déry est son parrain et son épouse Marie Simard, sa marraine.

 

Ses parents sont Joseph Bouchard et Ozélina Déry. Son père est chef de section pour la compagnie de chemin de fer Quebec & Lake-St-John Railway  à Stadacona sur la ligne du Lac-St-Jean. C’est la seule enfant de la famille à ne pas être née à Stadacona, Beaudet ou Montmorency. La famille était-elle vraiment établie dans cette paroisse en 1901 ? Nous ne savons pas. Curieusement, personne de la famille de Joseph et Ozélina n’a  été recensée lors du passage du recenseur à l’été 1901 autant à Stadacona, Beaudet que Ste-Catherine : aucune trace d’eux !

 

Recensée ou non, Marie-Aimée mène une existence des plus normales dans la forêt Laurentienne ! Son frère Alfred et sa sœur Lucia sont les seuls autres enfants de la famille à sa naissance mais beaucoup d’autres s’ajouteront pas la suite.

 

 C’est au couvent de St-Denis-sur-Richelieu qu’elle fera son primaire comme pensionnaire en compagnie de sa sœur Lucia. Elles seront rejointes par Béatrice quelques mois plus tard. Le 5 juin 1910, elle écrit une carte postale[102] à son grand-père Elzéar Bouchard qui demeure à Beaudet, près de Stadacona, sur la ligne de chemin de fer. Elle lui annonce qu’elle fera sa communion solennelle et sera confirmée[103] le dimanche suivant et remercie grand-maman Caroline Dufour, la seconde épouse d’Elzéar, pour «la belle dentelle» qu’elle lui a faite pour son «petit trousseau».

 

LES MARIAGES

Les études terminées, Marie-Aimée trouve époux en la personne de René Létourneau, fils d’Alexandre et Anaïsse Beaulieu originaires de Les Escoumins dans Charlevoix mais résidents de Stadacona. Ils officialisent leur union le 7 janvier 1920 en l’église N.-D. des Neiges du Lac-Édouard sur la ligne de chemin de fer du Lac-St-Jean. 

 

 

Au gré des transferts, le couple se retrouve en Abitibi où naît leur premier enfant, Jeannette, suivie, sur 10 ans, de quatre autres enfants aux baptêmes desquels le curé de l’église St-Paul de Senneterre  indique au registre que les parents sont de la mission de Forget, probablement une section sur la voie ferrée de l’Abitibi.

Au début des années 30, la crise économique frappe partout  au Québec. Pour contrer les effets néfastes du chômage massif des gens, le gouvernement provincial décide d’ouvrir la grande région de l’Abitibi à la colonisation. C’est par trains complets que des centaines de familles miséreuses débarquent sur ce vaste territoire pour essayer d’y retrouver une vie normale. Mais pour beaucoup,  ce ne sera encore que la misère noire ! En était-il ainsi pour René Létourneau, cantonnier de chemin de fer, lorsqu’il décide de retourner contre lui son arme à feu et de s’enlever la vie le 12 mars 1934 à Taschereau  à l’âge de 38 ans ? Le prêtre officiant à son service funèbre en l’église St-Pierre y a vu  plutôt un geste malheureux commis «dans un moment d’aliénation mentale».

 

On croit que c’est à la suite de cette tragédie que sa mère Ozélina a dû délier les cordons de sa bourse pour rapatrier[104] à St-Grégoire Marie-Aimée laissée veuve et démunie avec cinq enfants.  Mais Marie-Aimée avait probablement déjà quelqu’un d’autre en vue car  neuf mois plus tard, le 22 décembre 1934, elle épouse Jean-Charles Blais en la cathédrale St-Michel-Archange de Rouyn-Noranda. Il est le fils d’Auguste Blais et Pomela Chaloux. Odilon Bouchard, le frère de Marie-Aimée, qui est sectionnaire à Vandry en Abitibi, lui sert de témoin.

 

 

 

 

 

UNE VIE DIFFICILE

La vie de Marie-Aimée ne sera jamais facile et, dans les conversations en famille, on déplore, toujours à mots couverts, combien rien n’est aisé pour elle et que la misère semble s’être accrochée à elle comme du chardon. Jacques Bédard[105] se souvient, lors de parties de cartes en famille, d’avoir entendu ses tantes exprimer le désir d’aller la visiter, ce qu’elles feront éventuellement, car on était en panne de nouvelles d’elle ! Et si quelqu’un osait mentionner qu’elle vivait pauvrement, on lui conseillait rapidement de se taire[106].  À croire que son état déshonorait la famille !

 

Robert Brousseau a souvenance qu’elle soit revenue une autre fois à St-Grégoire et qu’on lui avait rapporté qu’elle fumait beaucoup[107]. Quoiqu’il en soit, après le décès de son second mari à une date inconnue, Marie-Aimée a épousé Joseph Léonard et a vécu avec lui à Timmins, Ontario,  où elle a passé le reste de son existence à prendre soin de ses petits-enfants.

 

Elle serait décédée vers 1992 au même endroit[108].

 

Marie-Aimée a été marraine de sa sœur Rose-Blanche le 31 mars 1915 à Stadacona. Elle était absente lors du baptême.

 

LES ENFANTS

 

1 - Jeannette Létourneau[109].

2 - Paul-Émile Létourneau.

3 - Fernand  Létourneau.

4 - Raymond Létourneau.

5 - Marcel  Létourneau[110].

 

On ne lui connaît pas d’autres enfants.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

BÉATRICE BOUCHARD

Le 20ième siècle est dans sa deuxième année lorsque Béatrice décide qu’il est temps pour elle de venir explorer notre belle planète, la Terre. Mais l’endroit qu’elle choisit pour le faire est, si l’on peut dire, assez éloigné de la civilisation ! En effet, elle naît  le 4 mai 1902 à Beaudet sur la ligne de chemin de fer du Lac-St-Jean où son père Joseph est sectionnaire. Sa mère Ozélina Déry, aidée d’une voisine qui lui sert de sage-femme, met alors au monde son cinquième enfant car Béatrice a été précédée par Lucia, Alfred, Louise-Aimée décédée depuis, et Marie-Aimée.

 

Elle est baptisée le 23 mai 1902 à Beaudet par Odilon Blanchet, le prêtre missionnaire de Rivière-à-Pierre. Sa marraine est  Louise Danielson, sa grand-mère paternelle, et son parrain Joseph Filion, un oncle de son père marié à Évelyne Danielson.

 

 

Dans la famille de sa mère Ozélina Déry, l’éducation est importante et on ne lésine pas sur les moyens pour donner aux enfants un bon départ dans la vie. En 1908, Béatrice va rejoindre la fratrie au Couvent de la Congrégation Notre-Dame à St-Denis-sur-Richelieu où leur tante Marie-Célanire Déry est en communauté sous le nom de soeur Ste-Marine.

 

Le 28 novembre 1910, elle adresse une carte postale[111] à son grand-père Elzéar Bouchard de Beaudet dans laquelle elle lui transmet toute son affection et lui demande de prier pour elle car elle fera sa première communion le 8 décembre suivant. 

 

 

 

 

 

 

 

MARIAGE

Béatrice se marie sur le tard. Elle a 31 ans et la première à le faire à l’extérieur de la région de Québec. Ses études terminées, on croit qu’elle a choisi de s’exiler dans la Métropole pour y travailler. Cette décision fut sans doute rendue plus facile par le fait que sa tante Léontine Déry mariée à Philippe Ouellet habite déjà dans  la paroisse  St-François-d'Assise-de-Longue-Pointe[112], près du port de  Montréal.

 

Le 5 juillet 1933, elle unit sa destinée à Louis-Armand Blanchard en l’église Ste-Cunégonde de Montréal. Fait étrange, aucune parenté de l’époux comme de l’épouse ne semble assister à leur mariage et c’est un dénommé Gérard Bonneau qui sert de témoin à Béatrice. Quant à l’époux, c’est le sacristain, Narcisse Rivet, qui est son témoin ! Cependant, leur photo de mariage laisse supposer que Cécile, la sœur de Béatrice, aurait pu y assister.

 

Louis-Armand Blanchard est né le 14 mars 1904 du mariage de Joseph-O. Blanchard et Mary Mélanson de Bathurst  au Nouveau-Brunswick. Tout comme Béatrice, lui aussi semble s’être exilé à Montréal assez tôt dans sa jeunesse pour y faire sa vie.  

 

Le couple s’établit à Repentigny pour le reste de leur jour. Nous ne savons pas quel métier Louis-Armand exerçait. Jacques Bédard se souvient de Béatrice pour l’avoir rencontrée lors de ses visites à Montmorency et il avait été étonné par son air sévère. Les liens de la parenté étant quand même étroits dans la famille de Joseph et Ozélina, il n’est donc pas étonnant que Béatrice et Louis-Armand ait possédé un chalet à Rawdon[113] à courte distance de celui de sa sœur Lucienne avec qui elle devait bien s’entendre.

 

Béatrice est décédée à Repentigny le 13 juillet 1991 et Louis-Armand l’a suivie le 28 juin de l’année suivante. Ils n’ont pas eu de descendance.

 

 

 

Elle a été :

Marraine de son neveu Robert Poliquin, fils de sa soeur Ernestine,  le 31 octobre 1937 à Très-Saint-Nom-de-Jésus-de-Montréal.

 

Marraine de sa sœur Cécile Bouchard le 05 août 1916 à Stadacona.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ODILON BOUCHARD

Lorsqu’elle parle du Grand Feu de 1903 qui a fait des ravages le long de la voie ferrée du Lac-St-Jean, Ozélina Déry s’en souvient très bien : c’est l’année de la naissance de son fils Odilon, le 15 juin, quelques jours à peine après le passage de l’élément destructeur à Beaudet où Joseph, son époux, est sectionnaire.

 

Le nouveau né est baptisé le 21 juin au même endroit par le curé de Rivière-à-Pierre venu par train visiter la mission. Comme parrain et marraine, les parents choisissent Moses Cullen et son épouse Ellen (Nelly) McClintoch aussi de Beaudet. Quelques années auparavant, c’est  sous les ordres de Moses que Joseph a appris les rudiments du métier de sectionnaire à Stadacona, la section voisine sur la voie ferrée du Lac-St-Jean.  

 

L’enfance d’Odilon sera marquée par ses études primaires à St-Denis-sur-Richelieu où il rejoint son frère Alfred pour quelques années. Dès qu’il est en âge de travailler, Odilon suit les traces de son père sur l’entretien des voies ferrées.

 

 

 

 

 

 

 

MARIAGE

Le 12 mai 1925, il épouse Dolorès Beaurivage en l’église Notre-Dame-des-Neiges du Lac-Édouard. Elle est née le 15 octobre 1905 à St-Romuald, sur la rive sud, du mariage de Joseph Beaurivage et Amanda Veilleux. Elle a un frère, Napoléon dit Paul, qui travaille aussi comme sectionnaire avec Joseph et c’est probablement par son intermédiaire que les deux jeunes gens se sont rencontrés. 

 

Odilon est sectionnaire à Pearl Lake, environ 72 kilomètres au nord de Rivière-à-Pierre. C’est à cet endroit que naît leur premier enfant, Fernande, née le 5 février 1926. Les grands-parents paternels sont les parrain et marraine du bébé.  Au cours des années et des déplacements de la famille, ce sont quatre autres enfants qui naîtront : Pauline, André, Rita et Yvonne. Ce dernier enfant, né le 3 janvier 1932, décèdera le 20 mars suivant.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

SÉPARATION

Au début des années 1930, Odilon est transféré en Abitibi, d’abord à Taschereau puis à Vandry où il sera chef de section pendant de longues années. Il a été un des premiers à utiliser une draisine à moteur[114].  L’éloignement pèse énormément à Dolorès qui préfère de beaucoup la vie trépidante de la ville de Québec à l’isolement bucolique des forêts abitibiennes. Elle passe donc de plus en plus de temps dans la Capitale et en vient à s’y faire une vie parallèle.  Elle demeure alors sur la rue Sous le Cap[115]. La séparation du couple devient inévitable vers 1937 et Odilon se voit dans l’obligation de placer ses enfants à l’orphelinat car ni lui, ni Dolorès, ne peut s’en occuper adéquatement.

De temps à autres, Freddy fait monter sa sœur Rose-Blanche dans son auto pour aller visiter leurs neveu et nièces à l’orphelinat. Ils leur apportent des vêtements et autres objets de nécessité. Mais, d’une visite à l’autre, Rose-Blanche remarque qu’aucun des enfants ne bénéficie de leurs cadeaux, le personnel de l’établissement préférant les donner à des enfants plus nécessiteux.

 

Ne pouvant rester insensible devant leur état lamentable, Rose-Blanche décide alors de les prendre en élève chez elle. C’est ainsi que Fernande, André, Pauline et Rita passeront plusieurs années chez les Bédard et ne quitteront la maison que pour se marier. Au début des années 50, André entrera dans l’armée canadienne et participera à la guerre de Corée d’où il reviendra blessé au cou.

 

 

 

 

 

 

 

 

LA RETRAITE

En 1968, Odilon prend officiellement sa retraite du CN.  De tous ses frères et sœurs, c’est avec Léonce qu’il s’entend le mieux. Celui-ci a entrepris la construction d’une petite maison sur l’Île d’Orléans, juste à la sortie du pont, à gauche après les marais. Odilon veut un pied à terre à Québec et offre à Léonce de l’aider à en compléter la construction et de l’acheter[116].

 

C’est à cet endroit qu’il demeurera dorénavant. Toute la famille Bouchard se souvient des fameuses «Soirées canadiennes» tenues dans cette maison après les parties de hockey du samedi soir. «Ça veillait tard la nuit, Odilon ou Cécile au piano, mon père Eugène à la musique à bouche !» se souvient André Bédard[117].

 

« Mon oncle Odilon, c’était un vrai gars de bois ! » nous dit encore André Bédard qui l’a accompagné quelques fois à  son chalet de Vandry où Odilon aime recevoir la parenté. Même à la retraite, Odilon ne peut se résigner à demeurer inactif en ville. Il se fait donc engager comme gardien de club au lac des Soixante Arpents entre Rivière-à-Pierre et St-Raymond de Portneuf.

 

 

L’ OVNI

En cette chaude soirée du 2 juillet 1968[118],  Odilon est dans le chalet du club à lire un journal sur son lit. Il est 23h30. Entendant le bruit d’un moteur hors-bord et croyant l’arrivée inattendue d’un «sportsman», un membre du club, Odilon sort sur la galerie. À 150 pieds devant lui, un engin très lumineux s’est posé sur la rive et un autre, plus gros et plus lumineux encore,  fait des va-et-vient extrêmement rapide à 800 pieds au dessus du lac. Après 15 minutes de ce spectacle incroyable, les yeux d’Odilon sont irrités par la lumière intense et il entre dans le chalet pour s’allumer une cigarette. À son retour sur la galerie, une couple de minutes plus tard, les deux mystérieux engins ont disparu.

 

Odilon est décédé le 23 juin 1984 à l’Hôpital Enfant-Jésus de Québec où sa sœur Rose-Blanche l’avait conduit.  Dolorès est décédée le 3 novembre 1986.

 

Il a été :

Parrain de sa soeur Rose-Blanche le 31 mars 1915 à Stadacona.

Témoin au décès de son beau-frère René Létourneau le 15 mars 1934 à Taschereau, Abitibi.

Témoin au remariage de sa soeur Marie-Aimée le 22 décembre 1934  à Rouyn, Abitibi.

 

 

LES ENFANTS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 – Fernande Bouchard

 

2 – Pauline Bouchard

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

3 – André Bouchard

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

4 – Rita Bouchard

 

5 – Yvonne Bouchard

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

ÉMERILD BOUCHARD

Le passage sur Terre d’Émerild, septième enfant de Joseph Bouchard  et Ozélina Déry, n’aura duré que 21 ans.  Il est né le 6 octobre 1904 à Stadacona, sur la ligne de chemin de fer du Lac-St-Jean où son père est chef de section. Dans son carnet, sa mère précise que c’était un jeudi et qu’il a vu le jour à 3 heures, en après-midi.

 

Dix jours plus tard,  le 16 octobre, il est baptisé par le prêtre missionnaire de Rivière-à-Pierre qui s’est déplacé à Stadacona pour la cérémonie. Le parrain est Joseph Bouchard, cousin germain du père[119], et la marraine, Philomène Boivin[120].

 

Tard à l’automne 1925, alors qu’il était  en forêt avec ses frères, il aurait passé une nuit au froid et à la pluie à grelotter sous un canot. Par la suite, on l’aurait vu uriner du sang sur la neige. Ayant demandé à ses frères ne rien dire à leur mère pour ne pas l’inquiéter, Émerild développe une tuberculose dont il décède le 12 décembre 1925 à l’hôpital Jeffery Hale de Québec.

 

Émerild a fait sa première communion à Stadacona le 4 mars 1912 et sa communion solennelle le 24 mai 1917 à St-Grégoire où il a été aussi confirmé[121]. Il a été le parrain de sa sœur Cécile le 05 août 1916 à Stadacona.

 

 

 

 

 

 

 


ERNESTINE BOUCHARD

Ernestine est née le 9 mai 1906 à Stadacona et baptisée au même endroit le 12 mai suivant. Elle est la fille d’Ozélina Déry et Joseph Bouchard, chef de section local pour la compagnie de chemin de fer Quebec & Lake-St-John Railway.

 

Stadacona est situé sur la voie ferrée du Lac-St-Jean, en pleine forêt et à 59 kilomètres de Rivière-à-Pierre. Outre la famille de ses parents, les deux ou trois sectionnaires travaillant pour son père et les gardiens du club de chasse et pêche voisin, très peu de gens habitent ce coin de pays en permanence. C’est probablement la raison pour laquelle il a été impossible de trouver un parrain pour la petite Ernestine et c’est le prêtre missionnaire officiant, l’abbé Louis Carrier du Lac- Édouard, qui rempli cette fonction. Pour marraine, on a fait venir la jeune Marie-Anne Laberge de Miguick. Elle est la sœur de Émilia Laberge épouse d’Elzéar-fils Bouchard, frère de son père.

 

On ne sait pas où Ernestine fait son école primaire mais dans le carnet que tient sa mère Ozélina, elle a noté qu’elle a fait sa première communion à Stadacona le 4 mars 1912 et sa communion solennelle le 12 mai 1918 à St-Grégoire où Lucia, sa sœur aînée, prend soin de ses frères et sœurs qui vont à l’école de l’endroit.

 

 

 

 

LES MARIAGES

Ernestine prend époux le 14 octobre 1924 à Lac-Édouard. Son mari est Wilfrid Bédard, né le 30 mai 1899 du mariage d’Ismaël Bédard et Henriette Rhéaume de St-Ambroise-de-Jeune-Lorette, aujourd’hui Loretteville. Personne dans les deux familles concernées ne voulait manquer ce mariage comme en fait foi la longue liste des témoins qui ont signé le registre. La famille s’établie à Loretteville où trois enfants naissent de cette union : Yvette en 1925, Maurice en 1927 et Jacqueline en 1928. Le 29 juillet 1929, deux mois après le décès de son père Joseph, une autre tragédie frappe la petite famille d’Ernestine : son mari Wilfrid décède des suites d’un terrible accident. Le malheureux était à couper du bois à Beaudet[122] lorsqu’il est tombé sur la grande scie qui lui a ouvert le ventre. La blessure est  très grave et Wilfrid décède quelques heures plus tard.

 

 

 

 

 

 

Veuve à 23 ans avec trois enfants, Ernestine ne peut se résigner à faire sa vie seule. Deux ans plus tard, probablement lors d’une visite chez sa tante Léontine Déry qui réside dans le quartier Longue-Pointe à Montréal, elle fait la connaissance d’Albini Poliquin avec qui elle convole en justes noces le 23 mai 1931 en l’église St-François-d’Assise de l’endroit. Albini est du même âge qu’elle étant né le 13 juin 1906 à Montréal dans le quartier voisin d’Hochelaga. Ses parents sont Denis Poliquin et Adélaïde Simard.

 

De ce mariage naîtront deux autres enfants, Gisèle en 1931 et Robert en 1937.  Nous n’avons aucune indication quant à la durée de ce mariage ni sur les circonstances de la mort d’Albani. Vers 1979[123], Ernestine se  remarie à Roland Patterson ou Peterson avec qui elle a vécu au moins 20 ans. Jacques Bédard se souvient de cet homme comme étant un «bon gars»[124]  avec qui il aimait aller pêcher l’anguille et la barbotte dans la rivière L’Assomption. Il lui manquait un doigt.  Ernestine est décédée le 27 janvier 1998.

 

 

 

 

 

 

 

LES ENFANTS

1 – Yvette Bédard

2 – Maurice Bédard

3 – Jacqueline Bédard

4 – Gisèle Poliquin

5 – Robert Poliquin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

GERMAINE BOUCHARD

Est-ce pour marquer le 300ième anniversaire de la fondation de Québec que Germaine décide de naître en ce 15 février 1908 à Stadacona sur la ligne de chemin de fer du Lac-St-Jean ? Nous n’aurons jamais réponse à cette question mais nous sommes certains que ses parents, Joseph Bouchard et Ozélina Déry, sont au courant des festivités qui vont marquer cet événement car la famille Déry a son pied à terre à St-Grégoire, au pied de la chute Montmorency, en banlieue de la Capitale.

 

Comme le parrain et la marraine seront Léontine Déry et son époux Philippe Ouellet, tante et oncle de l’enfant demeurant à Montréal, on doit attendre jusqu’au 9 mars suivant pour tenir la cérémonie du baptême, à Stadacona, en présence du curé de Rivière-à-Pierre, Louis Carrier.

 

 

 

 

À MONTRÉAL

On en sait peu sur l’enfance de Germaine sinon les renseignements usuels contenus dans le carnet de famille tenu par sa mère Ozélina : elle  fait sa première communion le 12 juin 1913 à Stadacona à l’âge de 5 ans et 4 mois,  sa communion solennelle à St-Grégoire le 12 mai 1918 et est confirmée au Lac-Édouard le 20 novembre 1918.

 

À St-Grégoire, les sœurs Bouchard font sensation dans leurs manteaux de fourrure fabriqués à partir des meilleures peaux trappées par leur père Joseph. Elles sont les seules à pouvoir ainsi se pavaner bien «enfirouapées» dans leurs chaudes pelisses dignes des familles aisées de la Haute-Ville de Québec.

 

Tout comme sa sœur Béatrice avant elle, Germaine termine ses études et, à la fin des années 20, prend le train en direction de Montréal et s’installe à Longue-Pointe, un quartier populaire francophone situé près du port et qu’habitent ses parrain et marraine Philippe Ouellet et Léontine Déry qui ont probablement influencé la décision de Germaine de s’installer à cet endroit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

MARIAGE

 

En ce début d’année 1932, la crise économique fait rage partout sur la planète. Germaine et son ami de cœur, Alexandre Paquet, ont foi en l’avenir car il exerce un bon métier : il est maître de poste[125]. Ils décident d’unir leur destinée, pour le meilleur et pour le pire, en cette froide journée du 6 février 1932. Le mariage a lieu en l’église St-François-d’Assise de Longue-Pointe et le témoin de la mariée est son oncle et parrain, Philippe Ouellet. Alexandre, le nouveau marié,  est né à Montréal le 12 mai 1907 du mariage d’Almanzar Paquet et Anna Jodoin.

 

 

 

 

 

 

 

ENFANT

Germaine et Alexandre n’auront qu’un seul enfant qui voit le jour le 3 octobre 1932. Il sera prénommé Alexandre comme son père mais connu sous le diminutif d’Alex. La famille habite alors la paroisse de N.-D.-du-Saint-Sacrement de Montréal.

 

Alexandre sera le premier à quitter ce monde le 6 avril 1980 à l’âge de 72 ans suivi de Germaine le 7 juillet 1989 à Montréal-Nord. Elle était âgée de 81 ans.

 

Germaine a été marraine de son neveu Roger Vachon, fils de Lucia et Léonce Vachon le 26 septembre 1925 à St-Grégoire-de-Montmorency.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

THÉRÈSE BOUCHARD

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

UN COURT PASSAGE

Thérèse Bouchard est née le 6 juillet 1909 à Stadacona sur la voie ferrée du Lac-St-Jean. Son père Joseph est chef de section à cet endroit pour la compagnie Quebec & Lake-St-John Railway. Elle est baptisée la journée même par l’abbé Castonguay du Lac-Édouard. Son frère Alfred et sa sœur Lucia sont ses parrain et marraine.

 

Sa mère, Ozélina Déry, tient un carnet dans lequel elle note les dates importantes de la famille. Sur la page de Thérèse, elle résume les 13 années terrestres de sa fille en quelques lignes : petite communion à l’âge de 5 ans et 8 mois le 26 mars 1915 à Stadacona et confirmation à l’église des Cèdres. Mais la ligne qu’aucune mère ne veut écrire est celle du décès d’un enfant. Ozélina n’y échappe pas et inscrit la date de son départ, le 12 décembre 1922 à l’âge de 13 ans et 5 mois et de sa sépulture, le 15, à St-Grégoire-de-Montmorency.

 

Mais ce que ces quelques lignes ne disent pas c’est toute la peine que ceux qui restent ressentent en pensant à leur fille, à leur sœur. Ils se souviennent avec tristesse des longues journées d’hôpital que Thérèse a dû affronter en essayant de combattre la tuberculose, cette terrible maladie épidémique qui fait, à cette époque, des brèches importantes dans la population québécoise.  Ils garderont d’elle le souvenir d’une courageuse combattante.

 

 

 

 

 

LUCIENNE BOUCHARD

NAISSANCE

 

 Le 3 août 1910 est un mercredi. Très tôt ce matin-là, à 6 heures pour être précis[126], Ozélina Déry accouche d’une fille dans la maison des sectionnaires de Stadacona. Son mari, Joseph Bouchard, cantonnier, se prépare à aller travailler à l’entretien de la ligne de chemin de fer de la QLSJR dont il est le chef de section. Il fait lui-même sa boite à lunch et laisse sa femme en compagnie de la sage-femme et des filles les plus vieilles qui prendront soin de la marmaille.

 

C’est le onzième enfant à naître dans la famille. Presque de la routine ! Lucienne est baptisée dès le lendemain par le révérend Esdras Castonguay du Lac-Édouard. Le parrain est Émile Bouchard, oncle de l’enfant, qui occupe le même poste que son frère Joseph à Pearl Lake, 13 kilomètres plus haut sur la ligne de chemin de fer du Lac-St-Jean. Il n’a pu cependant être présent à la cérémonie et c’est l’abbé Castonguay qui le représente. La marraine est son épouse, Délia Boivin, qui a fait le trajet par train pour assister au baptême de sa filleule.

 

 

 

 

 

 

 

 

MARIAGE

Dix-neuf ans plus tard, Lucienne prend époux, le 25 novembre 1929, en la personne d’Albert Lessard en l’église St-Charles de Québec. Il est né le 6 mai 1906 à St-Joseph-de-Beauce du mariage d’Ernest Lessard et Odélie Poulin. Orpheline de son père décédé six mois plus tôt, Lucienne parcourt l’allée centrale de l’église au bras de son oncle et parrain, Émile Bouchard, qui lui sert de témoin.

 

Lucienne et Albert habitent ensuite quelques temps à Montmorency car Gérard, leur deuxième enfant, est né à St-Grégoire. Ils seront finalement les parents de cinq enfants, les deux derniers naissant à Cléricy en Abitibi, au nord-est de Rouyn-Noranda. Ensuite, la famille s’établira à Montréal.

 

Dans son carnet de famille, Ozélina, la mère de Lucienne, a noté l’adresse de sa fille : 1414, rue Chapleau, Montréal. L’appartement est situé en face du parc Baldwin, dans le secteur de la Petite-Patrie, non loin du pont Jacques-Cartier. On les retrouve, plusieurs années plus tard, à St-Paul-L’Ermite[127], Repentigny, où ils mènent une vie paisible. Les beaux mois d’été, ils les passent à Rawdon, à l’ouest de Joliette, où ils possèdent un immense terrain gazonné planté de pins et sur lequel leur chalet a été construit. « Ça ressemblait plus à une maison qu’à un chalet ! » se souvient Jacques Bédard[128] qui en a gardé de beaux souvenirs ayant passé l’été de ses neufs ans à cet endroit idyllique à  se faire dorloter par sa tante Lucienne ! Il ne manque pas non plus de visiter sa tante Béatrice qui possède, elle aussi, un chalet à proximité car les deux sœurs se visitent régulièrement. C’est en traversant la route pour aller à un restaurant qu’Albert Lessard perd la vie[129], happé par une automobile. Il était âgé de 57 ans. Son décès est enregistré à St-Esprit le premier juillet 1963 et son corps inhumé à Rawdon. Lucienne lui survivra encore quarante ans et décèdera le 19 décembre 2003.

 

Lucienne a fait sa communion solennelle à l'église des Cèdres (?) le 26 mai 1921 et a été confirmée au même endroit[130].  Elle a été la marraine de sa nièce Jacqueline Bédard, fille d’Ernestine, le 27 avril 1928 à St-Ambroise-de-Jeune-Lorette (Loretteville).

 

LES ENFANTS

1 – Pierrette  Lessard [131]

2 – Gérard Lessard [132]

3 – Marcelle Lessard [133]

4 – Doris Lessard [134]

5 – Huguette Lessard[135]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

JULES BOUCHARD

Jules Bouchard est né le 27 mars 1912 à Stadacona à 8 heures du matin[136]. Son père, Joseph Bouchard, est sectionnaire à cet endroit situé sur la ligne de chemin de fer du Lac-St-Jean. Sa mère, Ozélina Déry, en est à son douzième enfant. L’aînée est Lucia, 15 ans, qui l’aide dans les tâches ménagères et s’occupe de ses frères et sœurs plus jeunes.

Le baptême a lieu dans le logis familial qui est, en fait, une maison fournie par la compagnie Quebec & Lake-St-John Railway. C’est J. E. Castonguay,  le prêtre missionnaire du Lac-Édouard, qui officie au sacrement en présence du père qui signe le registre. Philippe Ouellet est le parrain et son épouse, Léontine Déry, sœur de la mère, est la marraine.

 

Dans la famille de Joseph Bouchard, tous les enfants vont à l’école et Jules n’échappe pas à la règle. Selon son frère Léonce[137], il aurait été pensionnaire dans un collège de Victoriaville. Cependant, dans son carnet de famille, sa mère n’en fait pas mention notant seulement ces trois événements : première communion le 10 avril 1918 à Stadacona, communion solennelle le 20 mai 1922 à Notre-Dame-des-Anges de Montauban et confirmation en 1919 à St-Grégoire.

 

 

Pendant ses années de pensionnat, Jules ne revoit sa famille qu’aux Fêtes et aux vacances d’été. Mais ces quelques semaines de congé  n’en sont pas vraiment pour les enfants, affectés par leurs parents à diverses tâches. À Jules, son père Joseph confie le ramassage des «bibittes à patates» ou doryphores sur les plans que Joseph  plante le long de la voie ferrée. Même s’il n’aime pas ce travail, Jules s’acquitte de ce boulot en jetant les insectes dans une chaudière pour ensuite les faire brûler tout en fumant une cigarette roulée à la main, une habitude qu’il semble avoir acquise assez jeune!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

MARIAGE

Après ses études, Jules apprend le métier de menuisier qu’il exercera toute sa vie. Le 10 février 1934, il se trouve assez solide financièrement pour fonder une famille en épousant Jeanne d’Arc Laforest à St-Grégoire-de-Montmorency où le couple s’établit. Ce sont des noces doubles car Rose-Blanche, la sœur de Jules, a choisi cette date, elle aussi, pour se marier à Eugène Bédard.

 

Jeanne-d’Arc est née le 8 septembre 1914 à Beauport du mariage de Alfred Laforest et Elmire Potvin.  Pour leur voyage de noces, Jules et Jeanne d’Arc vont à Montréal visiter sa sœur Lucienne mariée à Albert Lessard.

 

Les deux couples sont loin d’être fortunés et doivent partager le même appartement pendant quelques temps. Ozélina veut assurer un bon départ à sa fille Rose-Blanche et à son fils Jules : comme cadeau de mariage, elle paye leurs meubles incluant un poêle à bois[138].

 

Jules est un bon musicien et ne se fait pas prier pour prendre le violon  lors des soirées de famille avec Léonce à l’accordéon, Cécile au violon et Ernest au piano[139].  Sa petite fille, Carole Beaudoin[140], en a été témoin et se rappelle des samedi soirs chez le cousin Roland Bouchard à Rivière-à-Pierre : « Ils sortaient les violons, accordéons, guitares, c'était des soirées incroyables! Parfois, d'autres cousins Bouchard venaient d'un peu partout pour jouer de la musique avec eux, c'était le délire ! ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CAMP DES BOUCHARD

Jules aime aussi la pêche et quoi de mieux qu’une excursion en train à Beaudet pour «se retaper le canayen» ! Il utilise ses talents de menuisier pour remettre en état[141], avec son gendre Gaston Beaudoin marié à sa fille Françoise, le camp des Bouchard à Falrie près de Beaudet. Construit par ses cousins Roland et Joseph-Albert Bouchard, ce camp a été laissé à l’abandon pendant quelques temps. Ils y ont même monté le poêle à bois que Jules avait reçu de sa mère lors de son mariage !

 

La pêche se fait sur le lac L’appel situé sur les hauteurs derrière le camp. On s’y déplace à bord d’une chaloupe en bois qu’il a construite et portagée à cet endroit. Graduellement, ses frères Ernest et Odilon se joindront à lui pour améliorer le camp  et en faire la destination préférée des familles Bouchard jusqu’à sa destruction par le feu en 1988.

 

Au fils des années, la famille de Jules et Jeanne-d’Arc s’agrandit et finira par compter 13 enfants dont trois, Pierrette, Doris et Alain, décèderont accidentellement avant de pouvoir fonder une famille. Jeanne-d’Arc, une boute-en-train extraordinaire, quittera ce monde le 26 décembre 1983. Peu de temps après son décès, Jules transforme le deuxième étage de sa maison en un logement pour Sylvie, la plus jeune, qui s’y installe avec sa famille.

 

Les années ont passées et Jules se fait vieux et sa fille Micheline l’accueille chez elle. Sa condition se détériore et il termine ses jours à la Maison-Jeanne-Sylvain à Beauport où il décède le 2 décembre 1994 à l’âge de 83 ans.

 

Jules a été le parrain de son neveu Gérard Lessard, fils de Lucienne, le 1er décembre 1930 à St-Grégoire-de-Montmorency.  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LES ENFANTS[142]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

SIMONE BOUCHARD

Simone voit le jour à Stadacona à cinq heures du matin[143] le 5 juin 1913. Ses parents sont Joseph Bouchard et Ozélina Déry. À sa naissance, la famille compte déjà onze enfants et tous demeurent sur la voie ferrée du Lac-St-Jean, en pleine forêt, où leur père est chef de section pour la QLSJR.

 

Elle est baptisée le 12 juin suivant à Stadacona par le prêtre missionnaire J. P. Chalifour du Lac-Édouard qui a la charge de cette mission. Son parrain est son oncle Albert Bouchard de Beaudet, la station voisine, et sa marraine, sa sœur Lucia, l’aînée de la famille qui a 16 ans.

 

 

 

Une photo prise au début de l’hiver 1917 nous montre la petite Simone devant la maison en rondins d’une famille non identifiée emmitouflée dans les fourrures de renards que son père Joseph trappe dans la forêt avoisinante afin de suppléer à son salaire de sectionnaire.  Ces revenus supplémentaires permettent aux parents de fournir à leur nombreuse progéniture une vie un peu plus confortable que celle de leurs compatriotes de l’époque dont la survie est souvent précaire. C’est aussi ce qui a permis à tous les enfants de recevoir une bonne éducation soit comme pensionnaires à St-Denis-sur-Richelieu où à Rivière-à-Pierre.

 

Dans le  carnet de famille, sa mère Ozélina  inscrit les dates importantes. Elle note celles qui marquent la courte existence de  Simone : première communion à Stadacona le 23 octobre 1919 et communion solennelle à N.-D.-des-Anges de Montauban le 1er juin 1923. L’avant-dernière entrée sur cette page est datée du 26 mai 1927 et correspond au décès de Simone à Stadacona suivie de la date de son inhumation, le 28 mai à St-Grégoire. Son père Joseph et son frère Émerild ainsi que Léonce Vachon marié à sa sœur Lucia ont signé le registre. Elle avait 14 ans.

 

 

 

 

 

 

 

ROSE-BLANCHE BOUCHARD

 

Joseph Bouchard est chef de section à Stadacona sur la ligne de chemin de fer du Lac-St-Jean depuis 17 ans lorsque son épouse, Ozélina Déry, accouche d’une nouvelle fille le 27 mars 1915 à 3 heures du matin[144] dans la maison de la compagnie Quebec & Lake-St-John Railway.  

 

Quatre  jours plus tard, le 31 mars, Joseph-Pierre Chalifour, le prêtre curé du Lac-Édouard, donne le sacrement du baptême au bébé sous les prénoms de Marie Blanche Rose Flavia. Le parrain et la marraine, Odilon et Marie-Aimée, le frère et la sœur de Rose-Blanche, ne peuvent assister à la cérémonie. L’abbé Chalifour supplée en l’absence du parrain et Lucia, la sœur aînée de l’enfant, fera de même pour la marraine. Rose-Blanche est confirmée au Lac-Édouard le 9 octobre 1922 et fait sa communion solennelle à Stadacona le 10 avril 1924.

 

 

 

 

 

 

 

 

LE MARIAGE

Dix ans plus tard, à l’aube de ses 19 ans, elle épouse Charles-Eugène Bédard de Charlesbourg  né le 30 décembre 1906 du mariage d’Onésime Bédard et Joséphine Bédard. Le mariage a lieu en plein hiver, le 10 février 1934, en l’église paroissiale de St-Grégoire-de-Montmorency qui est pleine à craquer. En effet, trois familles sont représentées car ce sont des noces doubles, Jules, le frère de Rose-Blanche, épousant  Jeanne-d’Arc Laforest à la même occasion.

 

Comme cadeau de mariage, Ozélina offre à Rose-Blanche et Jules de payer leurs meubles incluant un poêle à bois[145]. Tout un cadeau pour l’époque ! Eugène et Rose-Blanche occupent  un logement dans un des immeubles d’Ozélina à St-Grégoire qu’ils partagent avec Jules et Jeanne-d’Arc pendant quelques temps. C’est à cet endroit que naissent les premiers enfants, Suzanne en 1935 et Jacques en 1937.

 

La voie ferrée passe près des maisons et c’est le lieu de prédilection des enfants mais le cauchemar des mamans. Rose-Blanche se souvient d’avoir eu, deux ou trois fois, la visite d’un conducteur de train qui lui ramenait son fils Jacques pris à faire de la bicyclette sur la voie ferrée : «Madame, si vous en avez pas soin, la prochaine fois on passe dessus ! »[146].

 

 

 

 

 

 

LES EMPLOIS D’EUGÈNE

Après avoir occupé quelques temps un emploi chez son frère Jean-Baptiste Bédard, imprimeur, Eugène trouve un emploi de commis au département des transports de la ville de Québec, près de la traverse de Lévis, où sont aujourd’hui les brise-glace.

 

À chaque matin, Eugène, le paternel, prend le train 404 en direction de la ville de Québec. Les wagons sont modernes, construits en acier plutôt qu'en bois. La locomotive porte le No. 404 avec, sur les cotés, Quebec Power and Light Company écrit en grosses lettres[147]. En hiver, elle est munie d’une gratte à neige sur le devant. Ce train fait la navette entre la Gare du Palais et la Dominion Textile, au bas de la  Chûte Montmorency. D’autres trains continuent jusqu’à Sainte-Anne-de-Beaupré pour y transporter leur lot de touristes et de pèlerins.

 

Lors des journées fériées, il doit tout de même faire acte de présence au travail et Jacques peut alors l’accompagner au travail.  Sauf à une occasion dont Jacques a gardé un souvenir indélébile.

 

Tannée d’entendre pleurer Jacques parce que son père l’a «oublié»[148] à la maison, Rose-Blanche décide de lui donner la permission d’aller le rejoindre à la Traverse de Lévis. Elle lui donne cinq cents pour prendre le train sur la rue du Collège, à peu près quatre maisons de chez eux, et  le voilà parti pour la Gare du Palais. Le reste du trajet, Jacques le fait à pied, montant vers les remparts par la côte de la Canoterie, coupant à travers le vieux Québec pour finalement redescendre la côte de la Montagne jusqu’au Petit Champlain. À six ans, fallait le faire ! L’histoire ne dit pas si son père avait apprécié la performance de son gars !

 

Mais ce travail est peu payé et la famille Bédard s’est subitement agrandie avec l’arrivée des quatre enfants d’Odilon que Rose-Blanche et Eugène ont sortis de l’orphelinat pour s’en occuper personnellement. Sur les conseils du curé de la paroisse qui l’encourage dans ses démarches et fort de l’expérience acquise dans l’imprimerie de son frère, Eugène déniche un emploi au journal l’Action Catholique, en face de la gare du Palais. Mais ce travail est périodique et le salaire ne suffit pas. Il applique alors au journal Le Soleil où il trouvera enfin la sécurité d’emploi et un très bon salaire comme typographe et linotypiste.

 

 

 

MONTMORENCY – ANNÉES  1940

 

La vie à Montmorency à cette époque était trépidante. Habité principalement par les travailleurs de la Dominion Textile, ce quartier populaire a toujours traîné avec lui la  réputation d’être un nid de fiers à bras désireux d’en découdre avec tout ce qui bouge. Ayant grandi dans ce milieu, Jacques, l’aîné des garçons de la famille Bédard, se souvient qu’il fallait être fait fort pour s’y faire respecter. « Fallait être bagarreur ! ». Il n’y a pas échappé non plus et il aimait bien faire les cent coups avec ses amis et causer un peu de grabuge lors des soirées chaudes de l’été comme, par exemple, déranger les policiers en faisant éclater des «pétards de track»[149] en pleine rue ! Peut-être est-ce pour évacuer son trop plein d’énergie que Jacques décida, un jour,  de faire partie de l'armée de réserve aux Voltigeurs de Québec à Valcartier d’où il sortit avec le grade de sergent et… un « front de beu »[150] s’empresse-t-il d’ajouter !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LES NOCES D’ARGENT

Au fil des années, la famille de Rose-Blanche s’agrandit et finira par compter neuf enfants incluant un bébé né et décédé en 1944. En 1959, les familles Bédard et Bouchard organisent le 25ième anniversaire de mariage de Rose-Blanche et Eugène. Peut-être a-t-on profité de cette occasion pour souligner aussi les noces d’argent de Jules et Jeanne-d’Arc. Eugène a sorti sa musique à bouche pour en tirer quelques notes au grand plaisir de la parenté car il était très bon sur cet instrument[151] !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La famille Bédard habite alors le 117 rue du Coteau sur le Plateau à Montmorency[152]. En 1962, Richard qui exerce le métier d’annonceur dans une station de radio décède, le 8 septembre, dans un accident de voiture.

 

Rose-Blanche est une aidante née et toujours aux avant-postes lorsque le besoin se fait sentir. Après s’être occupé, en plus de sa propre famille, des quatre enfants de son frère Odilon pendant plusieurs années, elle poursuit sa mission en 1963 avec sa grand-tante Mary qu’elle prend chez-elle et dont elle s’occupe jusqu’à son décès en 1965.

 

Eugène Bédard est décédé le 13 août 1980 et Rose-Blanche le 14 mai 1998[153]. 

 

Elle a été marraine de sa nièce Muriel-Carmel Vachon, fille de Lucia, le 11 septembre 1934 à St-Grégoire-de-Montmorency ainsi que de son neveu Gérard Lessard, fils de Lucienne, le 1er décembre 1930 à St-Grégoire-de-Montmorency.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LES ENFANTS

1 - Suzanne Bédard[154]

2 - Jacques Bédard

3 - Claudette Bédard. Décédée le 29 juillet 2002.

4 - Richard Bédard. Décédé le 8 septembre 1962 dans un accident d'auto.

5 - Michel I Bédard. Décédé bébé en 1944.

6 - Michel II Bédard

7 - André Bédard

8 - Nicole Bédard

9 - Louise Bédard

 


CÉCILE BOUCHARD

 

L’arrivée de Cécile en ce bas monde le vendredi midi 4 août 1916[155] ne semble pas s’être déroulée facilement et la sage-femme a probablement douté qu’elle puisse survivre à sa naissance. C’est du moins ce que nous laisse entendre les mots «baptisée sous condition» que le prêtre Chalifour du Lac-Édouard inscrit au registre de son baptême survenu le lendemain de sa naissance. La mère du bébé est Ozélina Déry et elle a accouché à Stadacona sur la voie ferrée du Lac-St-Jean où son père, Joseph Bouchard, est chef de section pour la compagnie Quebec & Lake-St-John Railway.  Émerild et Béatrice, frère et sœur de l’enfant, ont été parrain et marraine.

 

LES ÉTUDES

Même si la famille Bouchard demeure à Montmorency, un quartier pauvre s’il en est un, les enfants sont fiers car ils savent qu’ils sont parmi les plus aisés : chacune des filles possède son propre manteau de fourrure gracieuseté de leur père Joseph et tous les enfants font leurs études au pensionnat, des privilèges de riches !

 

Après avoir fait sa première communion à Stadacona le 3 avril 1923, Cécile fait sa communion solennelle au pensionnat de Loretteville le 2 juin 1927 et est confirmée au mois de juillet de la même année.

 

Cécile est une bonne écolière et aime beaucoup les religieuses du pensionnat qu’elle fréquente avec son jeune frère Léonce et où on lui enseigne le piano. Celui-ci est cependant fortement marqué par un événement dont il est témoin, fin juin 1927. Un soir, alors que tous les élèves sont réunis dans la salle d’étude, il voit une religieuse entrer en traînant Cécile par ses longs cheveux noirs. «J'me recroquevillais dans mon banc pis fallait pas que j'parle. J'avais peur moé itou ! Quand j'voyais la soeur... A la traînait par les cheveux ! »[156].  Cet incident se passe la veille de la communion solennelle de Cécile, les sœurs ayant décidé, malgré les protestations de la jeune fille et sans en parler à sa mère qui en sera fort contrariée, de lui couper ses longs cheveux noirs qui faisaient sa fierté et de lui donner la «coupe balais»[157] standard.

 

 

 

 

LE MARIAGE

Les loisirs à cette époque se limitent à bien peu de chose et la marche après souper dans les rues de Montmorency est une activité bien populaire. Cécile fait la rencontre d’un jeune homme très bon danseur qui la courtise quelques temps mais c’est finalement sur Maurice Brousseau qu’elle jette son dévolu… même s’il ne sait pas danser ! Né à Courville le 30 janvier 1912 du mariage d’Alfred Brousseau et d’Alida Blouin, Maurice exerce le métier de tisserand à la Dominion Textile qui est le plus gros employeur de Montmorency. Les salaires n’y sont pas faramineux et les multiples revendications des travailleurs, presque toujours justifiées, apporteront certaines améliorations mais ne pourront jamais changer le climat d’affrontement qui sévit dans cette usine. Mais la crise économique fait des ravages dans les années 30 et heureux sont ceux qui ont un emploi !

 

C’est dans ce contexte que les jeunes gens unissent leur destinée le 6 février 1937 en l’église de St-Grégoire-de-Montmorency où ils s’établiront. En l’absence du père décédé en 1929, Cécile choisit son frère Léonce comme témoin alors que celui de Maurice est son père.  Alfred. G. A. Trépanier, prêtre à St-Grégoire, bénit leur union.

 

 

 

 

 

Sur cinq enfants à naître dans ce mariage, les quatre premiers seront des garçons : Gaston, Robert, René et Jean. Finalement Jeannine, une petite sœur, viendra compléter le quintet ce qui donnera autant aux parents qu’aux fils le plaisir de lui transmettre toute leur affection.

 

 

 

Une fois par année, Cécile et sa sœur Rose-Blanche, des inséparables, prennent le train à la Gare du Palais en direction de Montréal pour rendre visite à leurs sœurs Béatrice, Lucienne, Ernestine et Germaine.  Nous sommes dans les années 1960 et Cécile, la mère au foyer, veut plus d’autonomie et d’indépendance. Elle a des talents et veut les exploiter : elle a des doigts de fée et excelle dans le tricot, la couture, le rembourrage de fauteuils qu’elle fait pour ses amies et ses voisines. Elle est bonne cuisinière et ses cretons-maison sont les meilleurs en ville selon les neveux Brousseau qui viennent s’approvisionner chez elle.

 

 

 

 

Elle voudrait travailler à l’extérieur d’autant plus qu’il ne reste que Jeannine, adolescente, à la maison. Elle se décide à en parler avec  Maurice, un homme tranquille et pas compliqué. Il penche la tête un petit peu puis lui répond : «Ouin». En traduction libre cela équivaudrait à «Ben, fais comme tu veux».

 

Elle se déniche un travail à la cafétéria de la compagnie de papier Anglo. Le travail est trop difficile et elle quitte pour travailler pour l'Institut des Aveugles comme guide-chauffeur. Elle travaillera aussi comme assistante-dentaire à Beauport.

 

 

 

 

 

L’AUTO DE CÉCILE

Nous somme en 1966. La famille Brousseau n’a jamais possédé d’auto. Cécile a 50 ans et veut pousser un peu plus loin son émancipation : elle décide de suivre un cours de conduite automobile et finalement de commander une auto à transmission manuelle toute neuve dont elle a choisi la couleur. Le jour de la livraison arrive. «Regardez, madame Brousseau, je viens vous livrer la voiture que vous avez commandée : blanche avec l'intérieur rouge !»  Elle regarde l’auto et dit au livreur : «Mais c’'est pas ce que j'ai commandé! Elle est verte et je l'ai commandée blanche!». La méprise était en fait un tour pendable dont le livreur, daltonien, avait été victime de la part de ses compagnons de travail !

 

Après des années en appartement sur la 102ième rue et sur la rue Chalifour à Courville, Maurice et Cécile font finalement l’acquisition d’une maison au 2553 Avenue Royale où leur vie se déroule dans le calme et la sérénité. Maurice est le premier à quitter ce monde le 19 août 1973 âgé à peine de 61 ans. Les longues heures passées à respirer les poussières de la Dominion Textile ont probablement contribué à écourter son existence.

 

La maison étant devenue trop grande pour elle seule, Cécile la vend à un de ses fils pour emménager dans un logement qu’elle remeuble à la moderne et que sa fille Jeannine se fait un plaisir de décorer. Cécile aura la chance d’y mener une belle vieillesse en côtoyant et chérissant ses nombreux petits-enfants. Elle sera autonome jusqu'à la fin, s’éteignant le 14 mai 2003 à l’âge de 87 ans des suites d’un ACV. 

 

Elle a été la marraine de sa nièce Françoise Bouchard, fille de Jules, le 26 décembre 1934 à St-Grégoire-de-Montmorency et de son neveu Lionel Vachon,  fils de Lucia,  le 18 août 1929 aussi St-Grégoire.

 

 

LES ENFANTS

1 - Gaston Brousseau[158]

2 - Robert Brousseau

3 - René Brousseau

4 - Jean Brousseau

5 - Jeannine Brousseau

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LÉONCE BOUCHARD

 

S’il eût fallu que Léonce Bouchard se souvienne de sa naissance, ce ne sont pas 5-6 lignes qu’il nous aurait fallu mais bien plusieurs pages ! Doté d’une mémoire exceptionnelle et d’un don de raconteur hors pair, Léonce aura été, pour l’auteur de cette biographie, une source intarissable d’informations et le seul regret que nous ayons c’est de ne pas être parvenu à la lui faire lire avant son grand départ.

 

Léonce a entrepris son épopée terrestre le 28 février 1918 à St-Grégoire-de-Montmorency. Il est le premier enfant de Joseph Bouchard et Ozélina Déry à naître dans le logement que leur fille Lucia occupe à cet endroit. L’événement se produit à 10 heures, un jeudi soir. Joseph ne pourra voir son nouveau rejeton qu’en fin de semaine. Il est chef de section ou cantonnier depuis plusieurs années à la station de Stadacona sur la ligne de chemin de fer du Lac-St-Jean opérée par la compagnie Quebec & Lake St-John Railway qui deviendra beaucoup plus tard la Canadian National Railway ou CNR.   

 

 

Même si sa mère Ozélina a inscrit dans le carnet de famille qu’il a été baptisé le 29 février, l’année 1918 n’était pas bissextile et l’abbé Odilon Blanchet a bien noté que la cérémonie a eu lieu le 1er mars en présence du parrain et de la marraine Afred Déry, oncle de l’enfant, et Juliette Déry, sa cousine.  Elle note aussi que Léonce a fait sa première communion le 14 octobre 1924, sa communion solennelle le 14 avril 1929 à Victoriaville et qu’il y a été confirmé la même année.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’ENFANCE

Léonce se souvient très bien de ses années d’enfance à Stadacona et il en a gardé des images idylliques.  Ses plus beaux moments ils les trouvent dans la nature alors qu’il adore aller à la chasse avec ses frères plus âgés accompagnés par une couple de chiens dont il aime bien s’occuper. Il affectionne aussi les randonnées du dimanche avec son père en vélocipède, mais pas assis sur la petite roue : «J'aimais pas ça ben ben ! J'avais peur, moi ! On était à ça de la track pis on voyait passer les ties... »

 

De ses visites à Beaudet en « motor car »[159] chez son grand-père Elzéar Bouchard et son oncle Albert, il en garde quelques bribes de souvenirs… surtout ceux qui marquent un bambin de cinq ou six ans comme « mémère Caroline », la seconde épouse d’Elzéar : « Ètait pas belle pis ètait pas fine... Avait de quoi, elle. Le matin, a se levait pis, Y va faire beau ! Y va faire beau !  Avait une grande jupe. Pis on entendait: pssssssss. On r'gardait tomber ça en dessous de la jupe. Ça tombait dans l'herbe ! Ètait pas jeune. Ètait pas futée futée »[160].

 

 

 

 

 

 

LES ÉTUDES

De ses années d’étude, Léonce est plus mitigé dans ses souvenirs. Les trois premières années passées à Loretteville chez les religieuses l’ont fortement marqué : « J'ai pleuré pendant 15 jours les premiers temps. Dans la nuit. J'apprenais rien pendant ce temps-là ». Ses parents décident alors de le mettre pensionnaire à Victoriaville avec son frère Jules : «C'était l'université ça! C'était plus grand. Là j'ai appris. Là on était traités comme des rois ».  

 

Lors du décès de son père en 1929, Léonce a 11 ans et Ozélina est forcée de le ramener au Collège de St-Grégoire. Mais ce n’est pas un « mangeux de balustrade[161] » et l’obligation d’aller à l’office du dimanche après-midi lui répugne car ça dérange ses sorties ! Même les avertissements de sa mère n’y peuvent rien. « Tu vas avoir la strappe ! » lui disait-elle. Et comme de raison, le lundi matin, c’était la fête à Léonce. « Le frère m'vargeait. J'venais les mains enflées pis y m'envoyait passer ça à l'eau frette, j'étais content ! Ah oui, c'était rough ! »[162]. Vers 14-15 ans, finies les études !

 

 

 

LES vacances

 

Pendant les vacances d’été, Léonce aime bien aller passer quelques jours chez son oncle Albert à Falrie, près de Beaudet, supposément pour aller cueillir des bleuets avec tante Adèle. Comme les jolies cousines Bouchard participent aussi à la cueillette, notre ado de Léonce a vraiment la tête ailleurs ! Afin d’avoir plus de temps pour leur conter fleurette, il fait croire à Adèle qu’il est un champion cueilleur en remplissait son plat… à même la chaudière de cinq gallons d’Adèle ! Paraît qu’elle n’y voyait que du feu pour les bleuets… et pour Léonce et ses filles[163] ! Avec sa cousine Cécile, cependant, les relations sont parfois tendues et elle le fait enrager en lui criant : « Gros nez ! ». Dans ces occasions-là, Ozélina trouve toujours les bons mots pour réparer l’affront : « Occupes-toi pas de ça. Un gros nez ça déguise pas un beau visage. T'es beau »[164]. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À ST-FRANÇOIS-DE-SALES

À partir de ses 17 ans et ce pendant quatre ou cinq ans, Léonce quitte Montmorency en février-mars pour aller passer quelques semaines chez son oncle Émile Bouchard à St-François-de-Sales au Lac-St-Jean. On y fête la Mi-carême et il adore ça ! Pour sa passe de train, pas de problème.  Depuis longtemps Léonce a appris à remplir, à son insu, des formules au nom de sa mère : «Pis je montais à Québec en bicycle. Au bureau du CN, y faisaient ça... Ça passait ben raide!»

 

Il prend bien soin aussi d’apporter avec lui la commande spéciale que tante Délia, propriétaire d’un magasin général, lui passe chaque année : une douzaine de « beaux masques de broche. Dans c'temps-là on payait ça six cents dans l'gros ». Arrivé à destination, tante Délia lui demande de mettre les prix sur les masques. « Ben là, on va vendre ça… 30 cents. » lui suggère Léonce.  « On vend pas ça 30 cents ! UNE PIASTRE ! » lui riposte-elle ! «Un beau masque, a dit, y'on jamais vu ça ! »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LA BABOCHE

Léonce loge en haut du magasin, dans une chambre[165] un peu spéciale qui contient  « Pas un drum de 45 gallons là ! Une grosse tonne à sirop là ! ». Car oncle Émile fait sa propre bière à l’avoine et Léonce doit, dans les premiers jours de la fermentation, brasser régulièrement le mélange.

 

Ensuite,  on laisse fermenter à découvert sans y toucher. Mais c’est sans compter sur tante Délia que les babochages de son mari mettent en rogne: elle ne se gène pas, dès qu’elle en a l’occasion, pour aller mettre une grosse couverture de laine sur le tonneau, - néfaste pour la fermentation ! - , après avoir,  délicatement, versé dans le mélange une grosse tasse d’eau bénite gracieuseté du curé Claveau, chef incontesté des tempérants du village ![166]

 

Oncle Émile possède de beaux gros chiens de traîne hérités de son frère Joseph à son décès en 1929. Ils sont encore bien vigoureux et lui servent à aller à son travail à Bilodeau où il est chef de section. En revoyant ces chiens, c’est toute son enfance qui lui revient en mémoire et Léonce ne se fait pas prier pour les atteler et faire quelques balades en compagnie de ses cousins et cousines.  

LE PIANO

Léonce, qui a eu la piqûre du piano en découvrant un piano mécanique[167] lors d’un séjour chez sa tante Léontine Déry à Montréal, est un bon accompagnateur. Il profite de ses visites au Lac-St-Jean pour parfaire sa  technique avec son cousin Raymond[168] qui excelle tant au piano qu’au violon dont il a appris les rudiments de son père : « Le violon. Si y'en a qui jouait ben, un jeu ben doux, c'était mon oncle Émile ».

 

Le dimanche, après la grand-messe, le magasin général de la famille Bouchard ouvre ses portes une couple d’heures pour permettre aux gens des rangs de profiter de leur passage au village pour faire leurs commissions. Comme le salon communique avec le magasin, Léonce s’installe au piano et Raymond au violon et les voilà partis pour la gloire avec les clients du magasin comme spectateurs enthousiastes ![169]

 

LE MARIAGE

Le « gros[170] » Léonce a fait aussi de l’armée en 1944 complétant son entraînement à Québec et Lévis, période qu’il a détesté royalement. « J'haïssais assez ça, christ ! ». Il ne verra pas les champs de bataille  car la guerre se terminera avant. Ses années de jeunesses sont derrière lui et, à l’âge de 27, juste avant de devenir «vieux garçon»,  il se décide à prendre épouse en la personne de Thérèse Boily née le 15 mai 1920 à St-Grégoire du mariage de Arthur Boily, tisserand, et d’Alice Tremblay. Ils sont bien connus dans la communauté car leur maison est située sur le « Quai à Boily ».  La cérémonie se déroule en l’église paroissiale le 17 novembre 1945.  Le couple emménage au rez-de-chaussée du 508 rue du Collège,  la maison à appartement que sa mère Ozélina lui a laissé en héritage. Une fille naîtra de cette union : Monique.

 

 

 

 

 

 

LES OCCUPATIONS

Résident de Montmorency, Léonce entre à la Dominion Textile à sa sortie du Collège, vers l’âge de15 ans, grâce au baptistère de son cousin Ovide Bouchard plus âgé que lui, fils d’Elzéar-fils, de Cann en Abitibi.  Il aime aussi beaucoup les autos et passe son permis de conduire très jeune. Il profite du fait que beaucoup de gens alentours s’achètent des autos sans savoir conduire pour devenir leur conducteur. Il raconte qu’il avait presque toujours une auto qui appartenait à quelqu'un d'autre.  « J'ai acheté une machine j'avais 16, 17 ans. 50 piastres ! ». Il fait du taxi sur courts ou longs trajets comme par exemple reconduire à Baie-St-Paul 3-4 gars qui vont voir leurs parents : « C'était pas drôle aller à Baie St-Paul. C'était tous des chemins de gravelle [171]». Il fera aussi de la livraison pour l'épicerie Côté.

 

C’est un homme à tout faire qui apprend, aux contacts des autres, les rudiments de bien des métiers qui l’aideront à passer à travers la vie sans trop de problèmes. En 1966,  il entreprend la construction d’une petite maison sur l’île d’Orléans que son frère Odilon rachète : « Je l'avais bâti pour moi pis, je l'ai pas eu six mois, quasiment. Pis Odilon l'a achetée. Je lui avais fait un bon prix ! ».  En 1967, la fin de sa carrière active sera précipitée par un accident de travail survenu au Lac Beauport alors qu’il se fait écraser de la taille aux jambes par un tracteur à chenilles[172].

 

C’est assez pour lui et il décide de prendre une retraite bien méritée dont il profitera jusqu’à son décès survenu  le 21 octobre 2008 à Hôpital Enfant-Jésus à l’âge de 90 ans. Son épouse, Thérèse, qui souffrait d’emphysème, l’avait quitté quatre ans auparavant.

 

Léonce a été le parrain de Françoise, fille de Jules, le 26 décembre 1934 à St-Grégoire-de-Montmorency.

 

 

ENFANT

 

Monique Bouchard

 


ERNEST BOUCHARD

Ozélina Déry est âgée de 45 ans et enceinte pour la dix-septième[173] fois  lorsqu’elle quitte Stadacona, au début de mars 1920, pour s’établir temporairement chez sa fille Lucia à Montmorency.  Le lundi 9 mars, elle « achète » son dernier enfant à une heure du matin selon la note inscrite à son carnet de famille.  Le baptême a lieu la journée même en l’église de St-Grégoire et est officié par l’abbé Émile Beaudet en présence du parrain Léonce Vachon, beau-frère de l’enfant marié à Lucia, et sa sœur Jeanne Vachon mariée à Charles-Auguste Lafrance, tous de Montmorency.

 

Le père d’Ernest, Joseph Bouchard, travaille comme chef de section pour la compagnie Quebec & Lake-St-John Railway à la station de Stadacona sur la voie ferrée du Lac-St-Jean. Les premières années de son enfance, Ernest les passe donc à cet endroit en compagnie de ses parents et de ses frères et sœurs les plus jeunes, les plus vieux ayant quitté la maison pour se marier ou travailler à l’extérieur. Ce n’est que par leurs visites occasionnelles à Stadacona, qu’il pourra les connaître.

 

 

 

 

 

LE PENSIONNAT

Ernest débute son école primaire au pensionnat Saint-Joseph du Sacré-Cœur[174] de Rivière-à-Pierre où les Soeurs servantes du Saint-Coeur-de-Marie enseignent et s’occupent des enfants. Il y rejoint son frère Léonce. Quelques temps après le début de l’école, Joseph Bouchard rencontre Moses Cullen au bout de sa section où ils s’échangent des nouvelles. Celui-ci lui transmet le message d’une religieuse de Rivière-à-Pierre qui lui a dit que son fils le plus jeune, Ernest, « allait mourir si ça continue, il ne mange plus ». Les parents ne font ni une ni deux et sortent l’enfant du pensionnat au grand déplaisir de Léonce qui, lui non plus, n’aimait pas cet endroit : « Quand j'ai vu qu'il était parti c'est là que j'ai fait ma crise. Moi j'ai pas sorti, ils m'ont laissé là ! »[175].  

Alors que Léonce prendra la direction de Victoriaville l’année suivante pour y rejoindre son frère Jules, on croit qu’Ernest a été placé chez sa sœur Lucia à St-Grégoire car il a fait sa communion solennelle le 4 mai 1931 et a été confirmé le 10 septembre 1932 à cet endroit.

 

 

 

 

 

 

 

MARIAGE

Ses études terminées, Ernest se sert de la grande renommée de son père Joseph, décédé en 1929, pour obtenir un emploi au Canadian National Railway[176]. Ernest exercera ce travail pendant la deuxième guerre mondiale jusqu’à quelques temps après son mariage qui a lieu le 2 juillet 1944 à St-Grégoire de Montmorency. Il épouse alors Rita Plourde née le  07 février 1924 à Beauport. Elle est la fille d’Omer Plourde et d’Adéla Lambert. Son père est très bien placé à la Dominion Textile où il occupe le poste d’ingénieur en chef, un des premiers francophones à occuper un tel emploi. Sa famille habite la maison blanche construite sur le stationnement de l'usine[177].

 

Pour leur voyage de noces, Ernest amène Rita visiter sa sœur Lucienne à Montréal[178]. Curieuse décision car, à l’époque, les chutes Niagara sont la destination de prédilection pour les jeunes mariés. De retour à Montmorency, le couple s’installe dans le logement qu’occupe Ozélina dans le  bloc qu’elle a fait construire voisin de celui de Léonce. Ozélina demeurera avec eux jusqu’à son décès en 1946 alors qu’Ernest héritera de ce bloc.

 

Ernest quitte son emploi pour la compagnie ferroviaire pour aller travailler à la Dominion Textile où son beau-père Omer Plourde lui a trouvé un travail au déchargement des wagons de coton. Il travaillera aussi à l’installation du réfractaire sur les chaudières de l’usine[179]. Il a également travaillé comme briqueteur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE CAMP DES BOUCHARD

Ernest aime le grand air et Falrie, près de Beaudet, est pour lui l’endroit idéal pour aller se détendre et pêcher au lac L’Appel, sur les hauteurs, derrière le camp des Bouchard. Ce camp,  construit par les cousins Joseph-Albert et Roland Bouchard près de fondations de l’ancienne maison de leur père Albert Bouchard, est à l’abandon depuis quelques temps.

 

Après avoir obtenu la permission de leurs cousins, Jules initie les premières visites au camp qu’il rénove avec son gendre Gaston Beaudoin. Adepte du recyclage, Jules y transporte le  poêle à bois reçu en cadeau de mariage de sa mère. Un peu plus tard, Ernest se joint à eux et fait sa part en apportant de grosses boites de carton rigide dans lesquelles les couvertures de la Dominion Textile sont livrées. Ce carton épais fait merveille pour tapisser et isoler les murs intérieurs. On récupère du papier imitation brique pour recouvrir les murs extérieurs et Odilon achète finalement un cinq gallons de goudron, le bon vieux «coaltar», pour calfeutrer le toit. Graduellement le camp reprend vie et redevient à nouveau opérationnel.

 

 

Mais ces expéditions à Falrie ne sont pas toujours sans surprises. Lors d’un séjour d’une semaine dans les années 80, Ernest se voit contraint de tuer un ours, un cas de légitime défense, avec sa 410. L’ours dormait derrière une corde de bois et Ernest l’a réveillé en allant y chercher une couverture de laine étendue à sécher sur la corde. Son petit-fils François Pichette, qui a conservé les canines de l’ours, se souvient des nombreux voyages de pêche faits en compagnie de son grand-père pour qui il avait beaucoup d’affection. Peu loquace sur ses relations familiales, Ernest retrouve sa verve lorsqu’il raconte ses mauvais coups ou des anecdotes comiques concernant ses amis de Montmorency comme Arthur Beaulieu ou Roland Couture, son meilleur ami, ou leurs connaissances qui viennent avec lui à Falrie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ernest et Rita seront les parents de cinq enfants, les trois premiers nés dans l’appartement de la rue du Collège, maison qu’Ernest vendra éventuellement pour acheter la maison de son fils Alain à Boischatel où ils ont vécu jusqu’au décès d’Ernest le 28 janvier 2001. En date de la rédaction de cette biographie, décembre 2009, Rita est toujours vivante.

 

 

 

ENFANTS

1 – Yves Bouchard. Décédé le 8 mars 2008.

2 – Alain Bouchard

3 – Bernard Bouchard

4 – Hélène Bouchard, mère de François Pichette, collaborateur à ces biographies.

5 – Johanne Bouchard

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

TABLE DES MATIERES

 

BIOGRAPHIE............................................... 1

PRÉFACE............................................................................................................................. 4

PROLOGUE......................................................................................................................... 5

LES PREMIÈRES ANNÉES............................................................................ 6

LES PARENTS DE JOSEPH.................................................................................................. 6

LES PREMIERS ENFANTS............................................................................................................................... 7

VIVRE À BAIE-ST-PAUL EN 1880....................................................................................... 7

LA TERRE................................................................................................................................................................. 7

LA MER..................................................................................................................................................................... 8

LA FORÊT................................................................................................................................................................ 8

OCCUPATIONS DES BOUCHARD................................................................................................................. 8

EXIL DE LA FAMILLE........................................................................................................... 9

LE CHEMIN DE FER DU LAC-ST-JEAN........................................................... 9

ELZÉAR à beaudet.......................................................................................................... 11

CONFIRMATION DE JOSEPH...................................................................................................................... 11

LA MAISON DE BEAUDET............................................................................................................................ 12

VIVRE À BEAUDET..................................................................................... 14

NAISSANCE DE ADÉLARD............................................................................................................................ 14

LE TRAVAIL.......................................................................................................................................................... 15

LA CHASSE ET LA PÊCHE.............................................................................................................................. 15

LA PRATIQUE RELIGIEUSE......................................................................................................................... 15

L’ÉDUCATION...................................................................................................................................................... 16

LES DIVERTISSEMENTS............................................................................................................................... 16

MARIAGE DE MARY........................................................................................................ 17

DÉCES D’ADÉLARD............................................................................................................................................ 17

NAISSANCES D’ALBERT ET EDGAR......................................................................................................... 17

LA FAMILLE DÉRY...................................................................................... 19

St-Grégoire-de-Montmorency..................................................................................... 19

MARIAGE DE JOSEPH ET OZÉLINA............................................................ 20

LES SECTIONNAIRES........................................................................................................ 21

JOSEPH LE SECTIONNAIRE.............................................................................................. 23

LA VIE À STADACONA................................................................................................... 23

LA NOURRITURE............................................................................................................................................... 23

GARDIEN DE CLUB ET TRAPPEUR................................................................................... 24

LES PREMIERS ENFANTS.......................................................................... 24

LE GRAND FEU DE 1903.................................................................................................. 25

DÉCÈS DE LOUISE DANIELSON...................................................................................... 26

REMARIAGE D’ELZÉAR BOUCHARD......................................................................................................... 26

ÉDUCATION DES ENFANTS............................................................................................. 27

LES VISITES......................................................................................................................... 28

DÉCÈS DE CÉLANIRE GOSSELIN.................................................................................... 29

LA MAISON DE ST-GRÉGOIRE........................................................................................ 29

VOYAGE À SPRINGFIELD............................................................................................... 30

LA TUBERCULOSE............................................................................................................ 31

DÉCÈS DE JOSEPH..................................................................................... 32

LIMOILOU.......................................................................................................................... 32

UNE DEUXIÈME MAISON À REVENUS............................................................................ 33

LES DERNIERS JOURS D’OZÉLINA............................................................ 34

LES DESCENDANTS.................................... 36

LUCIA BOUCHARD..................................................................................... 36

LE MARIAGE..................................................................................................................... 37

LA FAMILLE....................................................................................................................... 37

LES ENFANTS..................................................................................................................... 39

ALFRED BOUCHARD dit FREDDY.............................................................. 40

LES PREMIÈRES ANNÉES.................................................................................................. 40

JAMBE SECTIONNÉE..................................................................................................................................... 40

SMOKE SHOP À SPRINGFIELD, USA.............................................................................. 41

RETOUR AU QUÉBEC....................................................................................................................................... 41

UN CARACTÈRE DIFFICILE......................................................................................................................... 42

ENSEIGNANT.................................................................................................................... 42

RETOUR À MONTMORENCY.......................................................................................... 43

LOUISE-AIMÉE BOUCHARD....................................................................... 45

MARIE-AIMÉE BOUCHARD........................................................................ 46

L’ENFANCE....................................................................................................................... 46

LES MARIAGES................................................................................................................. 46

UNE VIE DIFFICILE............................................................................................................. 47

LES ENFANTS..................................................................................................................... 48

BÉATRICE BOUCHARD.............................................................................. 49

MARIAGE......................................................................................................................... 49

ODILON BOUCHARD.................................................................................. 51

MARIAGE......................................................................................................................... 51

SÉPARATION.................................................................................................................... 52

LA RETRAITE...................................................................................................................... 52

L’ OVNI.............................................................................................................................. 53

LES ENFANTS..................................................................................................................... 53

ÉMERILD BOUCHARD................................................................................ 54

ERNESTINE BOUCHARD............................................................................ 55

LES MARIAGES................................................................................................................. 55

LES ENFANTS..................................................................................................................... 56

GERMAINE BOUCHARD............................................................................. 57

À MONTRÉAL................................................................................................................... 57

MARIAGE......................................................................................................................... 57

ENFANT............................................................................................................................. 58

THÉRÈSE BOUCHARD................................................................................ 59

UN COURT PASSAGE...................................................................................................... 59

LUCIENNE BOUCHARD.............................................................................. 60

NAISSANCE...................................................................................................................... 60

MARIAGE......................................................................................................................... 60

LES ENFANTS..................................................................................................................... 61

JULES BOUCHARD.................................................................................... 62

MARIAGE......................................................................................................................... 63

CAMP DES BOUCHARD................................................................................................................................... 63

SIMONE BOUCHARD................................................................................. 65

ROSE-BLANCHE BOUCHARD..................................................................... 66

LE MARIAGE..................................................................................................................... 66

LES EMPLOIS D’EUGÈNE................................................................................................. 67

MONTMORENCY – ANNÉES  1940................................................................................. 68

LES NOCES D’ARGENT.................................................................................................... 68

LES ENFANTS..................................................................................................................... 69

CÉCILE BOUCHARD.................................................................................... 70

LES ÉTUDES........................................................................................................................ 70

LE MARIAGE..................................................................................................................... 71

L’AUTO DE CÉCILE........................................................................................................... 72

LES ENFANTS..................................................................................................................... 72

LÉONCE BOUCHARD.................................................................................. 73

L’ENFANCE....................................................................................................................... 73

LES ÉTUDES........................................................................................................................ 74

LES vacances.................................................................................................................. 75

À ST-FRANÇOIS-DE-SALES.............................................................................................. 75

LA BABOCHE....................................................................................................................................................... 75

LE PIANO.............................................................................................................................................................. 76

LE MARIAGE..................................................................................................................... 76

LES OCCUPATIONS......................................................................................................... 77

ENFANT............................................................................................................................. 77

ERNEST BOUCHARD.................................................................................. 78

LE PENSIONNAT............................................................................................................... 78

MARIAGE......................................................................................................................... 79

LE CAMP DES BOUCHARD............................................................................................ 80

ENFANTS........................................................................................................................... 81

TABLE DES MATIERES................................. ii

 



[1]  Léonce Bouchard est malheureusement décédé le 21 octobre 2008, avant la parution de cette biographie.

[2] Annexe 1 - Baie-St-Paul, Charlevoix, sur la carte du Québec.

[3] Annexe 2 - Acte de baptême de Joseph Bouchard à Baie-St-Paul et sa transcription. Léonce Bouchard, fils de Joseph, pensait que son père était né à Petite-Rivière-Saint-François, Charlevoix. [Entrevue de François Pichette le 31 juillet 2007]. Nous n’avons trouvé aucun document à cet effet.

[4] Annexe 3 - Ascendance d’Elzéar Bouchard.

[5] Annexe 4 - Ascendance de Louise Danielson.

[6] Annexe 5 – 1871 - Baptême et sépulture d’Émilie (Amélia) Bouchard.

[7] Annexe 5 – 1873 - Baptême de Marie-Louise (Mary) Bouchard.

[8] Annexe 5 – 1878 - Baptême d’Émile Bouchard

[9] Annexe 5 – 1880 - Baptême de Laura (Clara) Bouchard

[10] Annexe 6 - Recensement canadien de 1851.

[11] Annexe 6 - Recensement canadien de 1881.

[12]   Annexe 5 - 1882 - Baptême d’Ovide Bouchard

[13]  Gingras, Lirette & Gilbert, Le Club Triton, ISBN 2-98011408-0-5, 1989, p. 15-33. Édition épuisée.

[14]  Ibidem, p. 32

[15]  Communication de Joseph-Albert Bouchard, fils d’Albert Bouchard et petit-fils d’Elzéar Bouchard interviewé le 9 juin 2004 à la résidence La Tortolinoise de Lac-à-la-Tortue, Grand-Mère, par Pascal Bouchard et Jean-Paul Beaurivage. Il est décédé le 21 novembre 2005 à l’âge de 92 ans. Lui et son cousin Léonce Bouchard étaient alors les dernières personnes vivantes à avoir connu leur grand-père Elzéar Bouchard.

[16]  Carnet d’Ozélina Déry en possession de François Pichette.

[17]  Annexe 5 – 1885 - Baptême d’Elzéar Bouchard, fils.

[18]  Annexe 1 – Beaudet, voie ferrée du Lac-St-Jean, au nord de Rivière-à-Pierre.

[19]  Annexe 7 – Photo du pont de Beaudet et de la maison ancestrale d’Elzéar.

[20]  Annexe 7 – Cadastre de Beaudet et de Falrie.

[21] Annexe 7 – Photo du «Dépôt de Beaudet» situé à Falrie, deux kilomètres en aval du pont de Beaudet.

[22]  BUIES, Arthur, 1890: Récits de voyages, page 189.

[23]  Annexe 7 – Pont de Beaudet et maison ancestrale : extraits du livre d’Arthur Buis.

[24]  Communication de Maryse Perron de Rivière-à-Pierre le 18 juin 2005, conjointe d’Eddy Bouchard, neveu de Joseph-Albert Bouchard. Agente à la gare du CN, elle a des contacts avec les membres de la famille Harvey prenant le train pour Beaudet.

[25]  Annexe 7 – Cadastre de Beaudet et de Falrie.

[26]  On désigne ainsi les terres que le gouvernement octroie, à un prix nominal, au colon en vue d'aider au progrès de l'agriculture et à la formation de villages. Lorsqu'il a satisfait à toutes les exigences du billet de location, il reçoit, pour les terres qu'il a ainsi améliorées, des lettres patentes. Tant qu'il n'est pas possesseur de ces lettres, il ne peut couper de bois que pour les fins de défrichement et pour s'approvisionner de bois de construction, de bois de clôture et de bois de feu.

     [Biographie de l'auteur] MERCIER, Honoré, fils (1875-1937), s, 1923, p. 20

[27]  Annexe 7– Lot 58, Canton Lasalle, Comté Portneuf. Billet de location et lettres patentes.

Document du Département des Terres de la Couronne, Ministère de l’Énergie et des Ressources du Québec. Lettres patentes No. 9356 en date du 22 mai 1890 en possession de l’auteur. Elles ont été retrouvées aux Archives Nationales du Québec, Pavillon Casault, Université Laval. Joseph Filion et Charles Berthiaume, beaux-frères d’Elzéar, ont reçu, eux aussi, leurs lettres patentes pour leurs lots voisins de celui d’Elzéar.

 

[28]  Une autre référence à cette dame : «…ondoyée à la maison par la sage-femme, veuve François Girard, du même lieu» Extrait du baptême de Veronica Cullen née le 27 février 1890 à Beaudet et baptisée le 27 mars 1890  à Notre-Dame-des-Anges de Montauban, Portneuf. 

[29]   Annexe 8 – Photo de mariage de Mary Bouchard et Pierre-Gustave Cante, 5 février 1890.

[30]   Annexe 5 – 1890 – Décès d’Adélard Bouchard.

[31]   Annexe 5 – 1891 – Baptême d’Albert Bouchard.

[32]   Annexe 9 – Ascendance de Philéas Déry.

[33]   Annexe 10 – Ascendance de Célanire Gosselin.

[34]   FORTIN, J.-P., VÉZINA, G., & FLEURY, F. (1989). La vie au bas du Sault Montmorency. Québec: Imprimerie L'Éclaireur. ISBN 2-9801755-0-1. Page 350.

[35]   Annexe 11 – Naissances – Famille Philéas Déry & Célanire Gosselin

[36]  Entrevue de Léonce Bouchard par François Pichette, petit-fils d’Ernest, frère de Léonce, le 31 juillet 2007 à St-Grégoire-de-Montmorency.

[37]  Ibidem.

[38]  Annexe 8 – Photo de mariage de Joseph Bouchard et Ozélina Déry, 9 novembre 1896.

[39] Entrevue de Léonce Bouchard par Pascal Bouchard le 31 mai 2005 à St-Grégoire-de-Montmorency.

[40] Communication de Carole Beaudoin et Françoise Bouchard le 3 août 2009.

[41] Ibidem. Souvenir de son fils Jules.

[42]  Annexe 7 – Grand feu de 1903

[43]  Il est fort possible que la maison originale d’Elzéar Bouchard, le fameux Log House Windsor, ait été détruite lors de cet incendie majeur. Lire la discussion à ce sujet à l’Annexe 7 – Grand feu de 1903.

[44]  Annexe 12 – Le Curé Gingras

[45]  Annexe 8 – Photo de mariage d’Émile Bouchard et Délia Boivin le 13 août 1900.

[46] Album familial Émile Bouchard – Biographie de Délia Boivin – Propos recueillis par Mariette Laliberté-Bouchard, 1974.

[47]  Communication de Joseph-Albert Bouchard, petit-fils d’Elzéar, le 9 juin 2004.

[48]  Recensement canadien 1901 – Ville de Québec-est - Quartier Jacques-Cartier  A-13, page 1.

[49]  Testament No. 16187 passé devant Charles Grenier, Notaire public de Québec, le 27 octobre 1906.       À notre connaissance, ce testament ne sera jamais exécuté.

[50] Communication de Raymond Harvey le 5 juillet 2008 : «Dans les années 1930, une maison était bâtie entre la voie ferrée et la maison actuelle où des Bouchard et des Tremblay ont vécu». Voir Annexe 7 - «Maison Clara» sur la photo de Beaudet en 1930.

[51]  Annexe 8 – Photo de mariage de Clara Bouchard et Charles Tremblay le 01 août 1898.

[52]  Communication de Carole Beaudoin et Françoise Bouchard le 3 août 2009.

[53]  Selon son fils Léonce, 31 mai 2005, Joseph portait une énorme moustache, à l’exemple de son père Elzéar. Il lui arrivait de la couper de temps à autre et les  gens ne le reconnaissaient plus ce qui l’incitait à la laisser repousser.

[54]   Ibidem.

[55]  Communication de François Pichette le 31 juillet 2007.

[56]  Communication de Léonce Bouchard, fils de Joseph, le 22 juin 2004.

[57]  Communication de Joseph-Albert Bouchard, fils d’Albert, le 9 juin 2004.

[58]  Communication de Léonce Bouchard, fils de Joseph, le 22 juin 2004

[59]  Annexe 8 – Mariage d’Albert Bouchard et Adèle Corneau le 9 janvier 1911.

[60]  Marie-Léda n’a aucun lien de parenté avec la famille d’Elzéar Bouchard. Elle est née guidnode://1BB54384FDFDA023B9CFC65EDE95AD09EC55650le 7 décembre 1854 à Ste-Anne-de-la-Pocatière du mariage de Thomas Bouchard et Délina Bérubé.guidnode://A6B69BA8C1A67DBEA6C2808F61B725B6F92AFFA4

[61]  Communication de François Pichette le 18 juin 2007 : son grand-père Ernest, fils de Joseph, a noté dans un carnet en sa possession que sa mère Ozélina a donné naissance, le 19 février 1919, à un enfant mâle qui n’aurait survécu qu’une heure. Nous n’avons retrouvé aucun document officiel à cet effet.

[62]  Communication de Léonce Bouchard, 1 mai 2005.

[63]  Communication de François Pichette, 30 mai 2007.

[64]  Communication de Robert Brousseau, petit-fils de Joseph, le 30 mai 2005.

[65]  Communication de Léonce Bouchard, fils de Joseph, le 31 mai 2005.

[66]  Communication de François Pichette, 20 décembre 2007.

[67]  Communication de Jacques Bédard, 30 avril 2008.

[68]  Annexe 13 - Photo de la rue du Collège de St-Grégoire vers 1929.

[69]  Aucun lien de parenté avec la famille de Joseph Bouchard.

[70]  Communication de François Pichette, 20 décembre 2007

[71] En possession de François Pichette.

[72] Communication de François Pichette le 7 janvier 2009.

[73] Carnet de notes d’Ozélina Déry en possession de François Pichette.

[74] Communication de Léonce Bouchard le 22 juin 2004.

[75] Communication de Robert Brousseau le 31 mai 2005.

[76] Communication de Jacques Bédard le 30 avril 2008.

[77] Ibidem.

[78] Ibidem & Communication de Léonce Bouchard le 31 juillet 2007 à François Pichette.

[79] Communication de Léonce Bouchard le 22 juin 2004.

[80] Communication de Léonce Bouchard le 31 juillet 2007 à François Pichette.

[81] Communication de Jacques Bédard le 30 avril 2008.

[82] Avis de décès du journal Étoile du Lac de Roberval, décembre 1949.

[83] Communication de Léonce Bouchard le 31 mai 2005.

[84] Communication de Philippe Vachon le 22 juin 2004.

[85] Communication de Jacques Bédard le 30 avril 2008.

[86] Ibidem.

[87] Communication de Léonce Bouchard le 22 juin 2004.

[88] Original en possession d’André Bédard.

[89] Communication de Jacques Bédard le 2 février 2004.

[90] Communication de Léonce Bouchard le 31 mai 2005.

[91] Carnet d’Ozélina : Smoke Shop, 915 Main Street, Springfield, Mass.

[92] Cette section : communication de Léonce Bouchard le 31 mai 2005.

 

[93] Communication de Jacques Bédard le 30 avril 2008.

[94] Ibidem.

[95] Communication de Jacques Bédard le 7 juillet 2005.

[96] Communication de François Pichette le 18 juin 2007.

[97] Communication de François Pichette le 7 janvier 2009. Testament du 17 février 1940 en sa possession.

[98] Communication de Robert Brousseau le 31 mai 2005.

[99] Communication de Jacques Bédard le 30 avril 2008.

[100] Ibidem.

[101] Carnet d’Ozélina Déry. Elle est née le mardi midi, 28 mai 1901.

[102] Original en possession d’André Bédard.

[103] Carnet d’Ozélina Déry.

[104]  Information reçue de Léonce Bouchard et communiquée par François Pichette le 12 mai 2009.

[105] Communication de Jacques Bédard le 30 avril 2008.

[106] Communication de Robert Brousseau le 3 juin 2008.

[107] Ibidem

[108] Ibidem

[109] Prénom au verso de sa photo, témoin à l’inhumation de son père et confirmation par Nicole Bédard le 21 août 2005.

[110] Témoin à l’inhumation de son père et confirmation par Nicole Bédard le 21 août 2005. Nous avons les actes de naissance des trois autres enfants en notre possession.

[111] Original en possession d’André Bédard.

[112] Carnet d’Ozélina Déry & communication de François Pichette le 13 mai 2008.

[113] Communication de Jacques Bédard le 30 avril 2008.

[114] Communication de Jacques Bédard le 30 avril 2008.

[115] Ibidem pour toute cette section.

[116] Communication d’André Bédard le 19 juillet 2005.

[117] Ibidem. André Bédard a pris possession de la maison d’Odilon après son décès.

[118] Article du journal Le Soleil de Québec du 10 décembre 1968 par André Bédard. Odilon n’y est pas identifié expressément car il avait demandé à son neveu de ne pas révéler son nom de son vivant. 

[119] Ce Joseph Bouchard est le fils de Joseph, frère d’Elzéar Bouchard, grand-père paternel d’Émerild.

[120] Philomène Boivin est la sœur de Délia mariée à Émile Bouchard, oncle paternel d’Émerild. Lors du baptême, Philomène, qui habitait les États-unis, était en visite chez sa tante Obéline Morin et son oncle Alfred Denault gardien de club à Stadacona. Joseph Bouchard, le parrain, lui aurait fait la cour… parlé mariage… écrit quelques lettres... mais en vain! Source : Album des Bouchard par Mariette Laliberté-Bouchard, mère de l’auteur.

[121] Carnet de sa mère Ozélina Déry.

[122] Communication de Robert Brousseau le 6 janvier 2004.

[123] Communication de Nicole Bédard le 21 août 2005.

[124] Communication de Jacques Bédard le 30 avril 2008.

[125] Communication de Jacques Bédard le 31 mai 2005.

[126] Carnet d’Ozélina Déry.

[127] Communication de Jacques Bédard le 7 juillet 2005.

[128] Communication de Jacques Bédard le 30 avril 2008.

[129] Communication de Jacques Bédard le 7 juillet 2005.

[130] Carnet d’Ozélina Déry.

[131] Communication de Jacques Bédard le 7 juillet 2005.

[132] Acte de naissance en possession de l’auteur.

[133] Communication de Jacques Bédard le 7 juillet 2005.

[134] Acte de naissance en possession de l’auteur.

[135] Acte de naissance en possession de l’auteur.

[136] Carnet de famille d’Ozélina Déry.

[137] Communication de Léonce Bouchard à François Pichette le 31 juillet 2007.

[138] Communication de Carole Beaudoin et Françoise Bouchard le 3 août 2009.

[139] Communication de Robert Brousseau le 31 mai 2005 et Carole Beaudoin le 3 août 2009.

[140] Communication de Carole Beaudoin le 14 juin 2005.

[141] Communication de Carole Beaudoin et Françoise Bouchard le 3 août 2009 pour ce qui suit.

[142] Communication de Carole Beaudoin et Françoise Bouchard le 3 août 2009 pour les enfants.

[143] Carnet d’Ozélina Déry.

[144] Carnet de famille d’Ozélina Déry.

[145] Communication de Carole Beaudoin et Françoise Bouchard le 3 août 2009.

[146] Communications de Jacques Bédard le 30 avril 2008 pour la suite sauf si noté autrement.

[147] Ibidem. Ce train est aujourd’hui au musée Seashore Trolley Museum de Kennebunkport, près d’Old Orchard Beach, aux États-Unis.

[148] Ibidem. Jacques pense que son père avait prévu aller prendre une bière avec des amis à la taverne après le travail !

[149] Placés sur les rails par le conducteur de train, les pétards étaient déclenchés par le passage du train suivant. Ces pétarades avertissaient d’un danger imminent comme la présence d’un train pas loin devant.

[150] Communication de Jacques Bédard le 2 février 2004.

[151] Un film Super-8 tourné par André Bédard a immortalisé cet événement.

Source : Entrevue de Léonce Bouchard par François Pichette le  31 juillet 2007.

[152] Communication de Robert Brousseau le 31 mai 2005.

[153] Communication de Nicole Bédard le 21 août 2005.

[154] Ibidem pour la liste des enfants.

[155] Carnet de famille d’Ozélina Déry.

[156] Communication de Léonce Bouchard le 22 juin 2004.

[157] À moins d’être noté autrement, les renseignements suivants proviennent d’une communication de Jeannine Brousseau le 17 août 2009.

[158] Liste des enfants et autres informations par Robert Brousseau le 30 mai 2005.

 

[159] Draisine à moteur servant au transport des hommes et du matériel d’entretien de la voie ferrée.

[160] Communication de Léonce Bouchard, 22 juin 2004.

[161] Rampe au bas de l’autel où les fidèles agenouillés recevaient la communion autrefois.

[162] Communication de Léonce Bouchard le 22 juin 2004.

[163] Ibidem.

[164] Communication de Léonce Bouchard à François Pichette le 31 juillet 2007.

[165] Au grand déplaisir des petites Lucette Bouchard et Jacqueline Joncas en pension chez leurs grands-parents qui doivent céder leur chambre à «Monsieur Léonce de Québec». Communication de Jacqueline Joncas le 26 septembre 2006.

[166] Ibidem.

[167] Communication de Léonce Bouchard le 22 juin 2004. Le piano mécanique joue de la musique sans l’aide d’un pianiste pour presser les touches ou les pédales qui sont actionnées par l’intermédiaire d’un cylindre de papier troué. On change de cylindre pour entendre une nouvelle mélodie.

[168] Mariette Laliberté et Raymond Bouchard, fils d’Émile Bouchard et Délia Boivin, sont les parents de Pascal Bouchard, auteur de cette biographie.

[169] Communication de Léonce Bouchard le 31 mai 2005 pour tout ce qui suit sauf si noté autrement.

[170] Il n’était pas gros mais on le surnommait ainsi pour le distinguer de son neveu, Léonce Vachon Jr, qui était le «petit Léonce». Source : Monique Bouchard, fille de Léonce, le 25 octobre 2008.

[171] Communication de Léonce Bouchard à François Pichette le 31 juillet 2007.

[172] Communication de Jacques Bédard le 2 février 2004.

[173] 17ième ou 18ième fois ? Selon François Pichette, décembre 2009, il a entendu son grand-père Ernest dire que sa mère Ozélina était descendue «acheter» à Montmorency trois années de suite, 1918, 1919 et 1929. L’enfant de 1919 n’a pas survécu. Son grand-oncle Léonce lui en a parlé dans les mêmes termes. Aucune trace de cet enfant mort-né n’a été trouvée dans les registres de St-Grégoire et les autres paroisses voisines.

[174] Après avoir servi à l’enseignement de plusieurs générations d’enfants, ce couvent sera démoli en 1986 pour faire place au Centre Communautaire de Rivière-à-Pierre.

[175] Entrevue de Léonce Bouchard par François Pichette le 31 juillet 2007.

[176] Un «spike» chromé, en possession de son petit-fils François Pichette, lui a été remis en souvenir par le CNR lorsqu’il a quitté ce travail. Communication de François Pichette le 7 juillet 2009.

[177] Communications de François Pichette le 30 mai 2007 pour la suite sauf si noté autrement.

[178] Ibidem le 2 juin 2007.

[179] Communication de Jacques Bédard le 2 février 2004.