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Sarnath

Publié le 22 novembre par Marcel Merette

Notre voyage se poursuit. Tout aussi exaltant, mais vraiment différent. Nous visitons 2 temples bouddhistes; le premier illustrant la vie du bouddha qui , issu d’une famille très riche décida de connaître la vérité . I parti jeûner et méditer durant 44 jours et reçu l’illumination sous un arbre dont un rejeton de 350 ans trône sur un site sacré dont on a récupéré 2 feuilles que nous rapporterons à la maison.

La base du bouddhisme tibétain repose sur 4 vérités :

1.   La vie est imprégnée de souffrance (maladie, mort, froid. )

2.   La cause de la souffrance : Attachement, plaisirs, désirs

3.   Il est possible d’éliminer la souffrance

4.   On élimine la souffrance par l’octuple sentier (8 sentiers)

Vers Agra en train de nuit

Train de nuit vers Agra , ville du Taj Mahal: prévision 11 heures ; temps réel 19 heures. Pas très trippant, mais on a beaucoup rigolé avec la gang.

La visite du Fort rouge :

Forteresse et palais du « roi du monde » selon son nom moghol, le fort rouge se veut une des trois villes fortifiées qu’a fait construire ce richissime roi et celle où il finit ses jours emprisonnés par son propre fils dans son somptueux château. C’est lui qui a fait construire le Taj Mahal (qui veut dire la couronne du palais), Mausolée construit en l’honneur de son épouse chérie décédée à l’accouchement de son 14e enfant. Le palais comporte de luxueux appartements destinés principalement à ses 300 concubines, les employés et l’armée protégeant l’empire. Il comporte pas moins de 10 niveaux de fortification ne laissant aucune chance à l’envahisseur de pénétrer dans la forteresse.

Visite du Taj Mahal :

Splendeur, perfection, éternité; voici les mots qui me viennent pour exprimer de ce somptueux monument, un des plus parfaits par la symétrie, les formes arrondies des dômes et le luxw du marbre blanc incrusté de pierre précieuse et semi-précieuse. Une particularité de ce marbre est sa transparence qui fait en sorte que selon l’intensité de la lumière, il change de couleur passant du blanc pur au rose et même orangé selon l’intensité du soleil. Aucune photographie ne peut rendre justice à ce spectacle grandiose du lever du soleil sur le Taj Mahal.

Jaipur la cité rose

Visite de Jaipur :

Dans un tout autre ordre d’esprit, Jaipur est la capitale du Rajasthan, la plus grande et la plus riche province de l’Inde (29); C’est le pays des maharajahs. Ville populeuse surnommée « ville rose » en raison de la couleur des murs et des maisons construites avec une argile rosée. Comme Delhi, il y a la vieille ville qui est protégée par une muraille et comporte 9 portes. Une ville s’est édifiée en périphérie. Cette ville a été construite par un maharajah érudit de mathématiques et d’astronomie qui fit construire une ville qui a inspiré les villes modernes des 18-19 ième siècle : Rues larges et quadrilatères intersections et carrefour giratoire…. Elle comporte 9 quartiers les  deux du centre réservés au palais et les sept autres représentant les 7 planètes. Un centre d’astronomie impressionnant a d’ailleurs été édifié à l’intérieur du palais on on peut mesurer l’heure du jour à 2 secondes près.

Visite de la forteresse d’Ambert :

Située à 11 km de Jaipur Ambert fut la résidence des Rajpout avant de construire Jaipur. Elle fut édifiée autour des années 1100. Forteresse la plus impressionnante de notre voyage à ce jour , située sur le sommet de collines formant un bouclier naturel, entourée d’une muraille similaire à celle de Chine (modèle réduit tout de même) la forteresse fût agrandie à chaque successeur pour devenir le siège d’un empire à l’époque. On accède à la forteresse à dos d’éléphant , petite hallucination touristique et on découvre une autre extravagance de richesses avec le palais des miroirs vraiment impressionnant.

Premier contact avec l’Inde moderne, on visionne un film dans un méga cinéma : Humour, chorégraphies, burlesques…. On se croirait dans les années 70, mais le spectacle est dans la salle : toute l’assistance participe au spectacle, ils connaissent les héros, etc. Pascal a des choses à raconter à ce sujet.

Jaipur est la ville rose. Selon le guide hindou, C’est le prince des lieux qui a fait peindre la ville en rose pour recevoir le roi d’Angleterre à une certaine époque. La ville  a inspiré le principe des villes modernes : architecture géométrique, rues larges , carrefour giratoire, etc. La ville comporte 9 quartiers : 7 représentant les planètes avec leurs portes respectives (lune soleil…) et 2 pour le roi.

Visite de Amber , ville fortifiée :

Amber est située à 11 km de Jaipur sur une montagne entourée de fortification. On arrive au pied de la ville en bus et on accède au palais à dos d’éléphant ; un peu exotique comme balade . La forteresse a été érigée avant la ville de Jaipur vers 1100.

À plus,

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Vers Agra en train de nuit

17 novembre 2010

DE VARANASI À AGRA

Bonjour les amis.

Guylaine est partie en exploration de magasinage avec Raymonde et Claire dans les rues de Varanasi. J’en profite donc pour prendre un moment de détente et vous donner de nos nouvelles.

J’écris comme ça vient. Nous sommes le 17 novembre. Nous sommes arrivés samedi soir. Premièrement côté santé ça va très bien; Guylaine a été piquée par des moustiques que son corps ne connaissait pas, mais les piqures s’estompent lentement. Elle se soigne bien c’est ma meilleure infirmière.

Nous vivons actuellement une expérience bouleversante. Empreinte d’une énergie rare , bourdonnante d’activités, d’odeurs, de frénésie, de spiritualité, de promiscuité tout ça dans une harmonie déconcertante et à un rythme tel que nous avons vraiment l’impression d’être ici depuis 10 jours au moins.

Marcel Merette

Si notre voyage au Vietnam nous ramenait 50 ans en arrière tant la technologie et les véhicules nous semblaient dépassés, c’est au siècle dernier qu’on se retrouve en explorant ce vaste pays; mais c’est beaucoup plus qu’un retour en arrière. C’est ahurissant de voir cohabiter des millions d’humains avec vaches, chiens, singes, chameaux, rickshaw (pousse-pousse à pédale) touche touche, entassée dans des rues souvent 10 pieds de large. Il y a même des voitures, camions et autobus, quel bordel! Vous dire que c’est sale est vraiment poli, mais on prend toutes les précautions et on finit par s’y faire et ça nous fait tellement apprécier le confort ultime dans lequel nous vivons.

L’expérience a commencé à Delhi où nous avons débarqué samedi et pris le dimanche pour se familiariser avec le métro et les principaux points d’intérêt de la nouvelle Dehie qui se veulent une ville asiatique moderne. Le lendemain, immersion dans le vieux Delhi et premier choc culturel : Embouteillage monstre des rickshaws, motos, piétons et voitures; visite d’un temple sikh et d’une mosquée musulmane; on sent la présence constante de la spiritualité et du mélange harmonieux des religions par l’accessibilité du public et le respect de ces lieux. Le guide nous décrit brièvement le fondement des religions et un peu d’histoire de ce pays millénaire dons les vestiges sont bien présents et cohabitent avec le cellulaire et le laptop.

Mardi départ pour Varanasi (Bénarez la ville Sainte des Indiens sur les rives du fleuve Gange) .  3,5 millions d’habitants; pas aussi chaotique que Delhi, mais combien déconcertante. C’est dans cette ville que tous les Indiens voudraient mourir et que ceux qui en ont les moyens font. C’est que selon leurs croyances le fleuve sacré est la purification extrême et que de finir sa vie ici permet de mettre fin aux réincarnations successives et d’enfin connaître le « nirvana » ou bonheur suprême. Nous allons donc nous balader en bateau sur le Gange et observer les pèlerins se purifier dans l’eau, prononcer des rituels, des chants des danses et célébrer le coucher du soleil et l’abondance dans un pays si pauvre ou la préoccupation première est de manger ou de faire manger sa famille. Le plus touchant à notre point de vue est la crémation à ciel ouvert ou une dizaine de corps sont immolés sous nos yeux. Le spectacle est à la fois solennelle et d’un respect incommensurable qui nous montre à quel point ces gens sont croyants et dévots. La mort côtoie la vie de telle façon qu’un jeune garçon fait sécher son linge au feu qui brûle son grand-père. Le lendemain à l’aube, nous retournons sur le fleuve observer les gens se purifier au lever du soleil et nous prenons un bain de foule dans les rues étroites remplies d’échoppes de tout acabit. On se croit vraiment au moyen âge : Rues super étroites aux portails magnifiques du temps de leur construction il y a plusieurs centaines d’années, mais dans un état tellement délabré et sale qu’on se demande comment les gens peuvent vivre dans de telles conditions.

La bouffe est vraiment super savoureuse, mais épicée. Nous sommes en train de découvrir une cuisine bon marché, végétarienne et santé incorporant légumineuses, légumes et pain nan dont les saveurs différentes d’une région à l’autre sont une découverte quelques fois surprenante.

On vous envoie quelques photos qui ne peuvent remplacer cette expérience unique.

À plus .

Marcel

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Allo

Guylaine Niquet

Marcel vous a bien rendu le quotidien de notre voyage. Mon magasinage a nécessité un apprentissage sur la façon de négocier les prix et surtout de faire face aux sollicitations des enfants de la rue. On a donc décidé de donner 100 roupies ( 3 $) par jour à ces enfants selon l’inspiration du moment. Ils sont souvent utilisés par un adulte pour vendre de la marchandise aux touristes et chacun a son territoire. Quand mon 10 $ est donné et certains insistes, et ils insistent tous, je place une main dans leur dos et une sur leur cœur en leur faisant un grand sourire et je leur dis : DJi NAHÎ ( non). Ils me rendent mon sourire et le plus part cessent leur sollicitation. J’ai le cœur chaviré à chaque fois. Des situations de ce genre il y en a des dizaines par jour…

Dans le blogue de Raymonde, vous pourrez y lire notre aventure magasinage dans les rues de Varanasi.

Nous sommes maintenant à Agra pour la visite du TAJ MAHAL demain.

Guylaine

Voici quelques photos :

 

Train de nuit Varanasi-Agra

Jeudi, 18 novembre 2010

«First they pray Allah, after...»  (et il fait le geste de couper la gorge!)  - Opinion d'un jeune indien sur les Islamistes.

Leçons de magasinage!

Je reprends l’expérience de la négociation à la boutique de soieries : nous voici assises.  Le jeune homme né en Corée, a vécu à Vancouver pour apprendre l’anglais et le voici en Inde pour le négoce.

Claire lui demande d’aller directement au prix réel; ça éviterait bien du temps et des mots.  D’accord! Nous voilà parties.  Claire négocie quand même.  On rit, elle demande, on touche elle redemande dans un tango de couleurs s’approchant à nos goûts.  Nous choisissons donc ce que nous désirons vraiment.  J’opte pour un foulard bleu royal et un noir en Pashmina (1200 INR).

J’achète aussi un petit foulard de soie (75 INR).  Nous sommes heureuses de nos achats.  La différence après expérience est que le prix original du premier arrêt débutait à 1200 pour un foulard.  Il baissait et le prix s’arrêtait à 1000 INR.  Nous réalisons, grâce à Claire, une économie de 400 INR par morceau.

Los trucos de negociacion !

Maintenant, voici l’analyse de la négociation toute en séduction :

  • Sourire beaucoup
  • Se fixer sur le prix que nous désirons payer
  • Lorsqu’on s’adresse au vendeur, éviter de sourire
  • Questionner le vendeur sur la différence entre chaque foulard qui s’étale devant nous
  • On mentionne un autre prix; lui aussi
  • Sourire à nouveau
  • Le temps passe, on n’en veut pas, les prix sont trop élevés
  • On se lève
  • Oups! Le prix baisse un peu mais là il ne fera plus aucun profit; larmoiement…
  • Non, nous sortons
  • Revenez : il baisse de quelques roupies seulement
  • Nous sortons! Quel expérience de sourires, de mots, de chiffres, de sérieux et la danse recommence.
Victuailles à vendre aux passagers

Je rêvais de prendre le train avec le peuple indien avec des poules, des coqs dans de petites cages.  Aucunement! Et une chance!  Nous sommes en classe supérieure mais je peux vous dire que pour nous c’est une classe inconnue au Québec.  Nous voilà sur la gare à admirer la rapidité avec laquelle les porteurs s’enrubannent la tête.  Ensuite, un autre porteur place une valise sur le turban d’un autre, et une deuxième valise suit.  Chacun prend deux valises en équilibre et marche en tenant la masse d’une seule main.  Nous monterons donc dans l’avant dernier wagon, portant les nos. 57 – 62 pour les six et 10 à 14 pour les trois autres.

Naturellement, commence une nouvelle expérience. Une logistique s’installe basée sur une certaine peur de manque de confort.  Tout va bien, comme d’habitude.  Notre groupe est vraiment respectueux l’un de l’autre.  Je suis un peu en retrait et j’attends pour voir ce qui arrive.  Qui dort où!  Un cubicule de 6 places, donc 3 de chaque côté.  J’échange mon lit avec celui de Claire, et m’offre à dormir en haut, car je ne me lève pas la nuit pour aller à la toilette.

C’est ma première nuit de plus de 5 heures de sommeil.  Coucher à 21h00 – lever à 06h00.  Super!  Malgré les réveils réguliers, je me rendors facilement et rapidement.

Daniel a une mauvaise toux.  Nous espérons qu’il ira consulter un médecin cette après-midi.  Notre train s’étire en temps d’arrêt en arrêt.  Notre heure d’arrivée devait se faire entre 07h00 et 10h00.  Prochain arrêt : Etawaw, Dundla… en passant ! Il est 11h05 et nous sommes toujours dans le train.  Daniel est un peu au désespoir. Nous parcourons environ 616 km en 15 heures (il n’y a pas d’erreur dans aucun ces chiffres).

Raymonde écrit son prochain billet

Je révise dans ma tête ce qui m’a séduit le plus.  En premier, les vaches de Varanasi sont chargées du nettoyage des rues.  J’ignorais que les vaches ont toutes un propriétaire.  Tout a plusieurs vies ici.  La viande n’est pas consommée, mais on consomme le lait.  Les bouses séchées servent de combustibles pour faire la cuisine.

La température est tellement sèche, que de ma couchette, après m’être mouchée, mon papier mouchoir séchait tellement rapidement, que je pouvais lui donner une deuxième vie.  Sa dernière vie se passait dans les toilettes turques.

De Varanasi je garde une ville surpeuplée aux rues souvent défoncées et à la circulation anarchique.  Mais ce qui est le plus étrange, malgré l’absence totale de feu de circulation, nous n’avons pas été témoin d’un seul accrochage.  Drew! mon filleul, que dire maintenant de l’anarchie?

Varanasi vieillie hors du temps.  Rien ne me rappelle chez-moi.  Le dépaysement est total.  J’ai pu admiré un sadhu qui a renoncé à tout : famille, caste, possession matériel, pouvoir… Il mène une vie ascétique et solitaire en quête de faire parti du Grand Tout, de l’Essence Univers ou de la Déesse Mère.

Voilà pour aujourd'hui !

Itinéraire du voyage : Carte détaillée

Raymonde Girard

Publié par Raymonde

 

 

 

 

 

 

Varanasi

18 novembre 2010

Hier soir, j'ai finalement réussi à expédier plusieurs des billets accumulés depuis quelques jours. Notre horaire est tellement chargé qu'il faut prendre chaque minute disponible pour leur rédaction. Comme notre hôtel à Varanasi n'a pas de sans-fils, je suis allé à un café internet voisin pour ce faire : 30 roupies pour 1 heure.

Rhume, ampoules, mal de dos

Coté santé c'est un peu pénible car Raymonde et moi avons le rhume tout comme François. Ce matin j'ai bu une concoction de gingembre, citron et miel contre le rhume. Raymonde a apporté toute une pharmacie homéopathique et naturopathique qu'elle partage avec nous tous afin de nous soulager. De plus, j'ai développé un mal de dos lors de nos déplacements en rickshaws et en tuk-tuks à me faire brasser par les trous des pavés. Des spasmes musculaires du coté droit de la colonne. Par moment ça fait mal surtout que l'on visite beaucoup de temples et qu'à chaque fois nous devons enlever nos espadrilles et nos bas. J'ai renoncé à mes sandales après la première du journée car j'avais peur de développer d'autres ampoules.

Dernier déjeuner à Varanasi

Aujourd'hui Daniel nous fait faire la grasse matinée :  Lever à 6h00 - Déjeuner à 7h00 - Départ à 8h00. En fait, ce sera l'horaire habituel pour le prochain mois! Nous prenons le déjeuner sur le toit de l'hôtel où on nous apporte les fruits, plus souvent qu'autrement de petites bananes, des rôties, des omelettes et parfois des crêpes. On a droit aussi à des simili jus de fruit en boites.  Ce genre de repas «occidental» sera pas mal la norme pendant le reste du voyage. En quittant l'hôtel, le propriétaire remet à chacun un collier de fleurs. Nos valises et nos sacs de nuit (pour le train) sont chargées dans un mini-bus que nous reverrons à la fin de la journée.

Visite de temples à Sarnath

C'est notre dernière journée à Varanasi que nous allons quitter par le train de nuit en fin d'après-midi. Mais auparavant il nous reste la visite de Sarnath  une cité bouddhiste située  à une dizaine de kilomètres au nord de Varanasi.  La balade se fait en rickshaw. C'est plus facile qu'à pied mais, dans mon cas, très dur pour le dos!

Nous arrêtons d'abord au temple Mulagandhakuti ViharaBouddha a fait son premier sermon. De construction récente,  il est érigé dans le Parc des Daims et contient de belles fresques pastelles. Au bout d'une allée d'arbres,  le  Dh?mek St?pa élève ses 35 mètres de hauteur tel un phallus sortant de terre. Des pèlerins en font le tour. C'est le seul vestige encore debout d'un ensemble ancien de temples bouddhistes rasé par les musulmans au cours des siècles. On peut voir des vestiges que des fouilles archéologiques ont mis au jour.

Un arbre subsiste, rejeton de l'original, à l'endroit où Bouddha évoqua pour la première fois la Roue de la Loi ou du Dharma et enseigna les "quatre nobles Vérités"  après avoir atteint l’illumination à Bodhgaya, il y a plus de 2 500 ans.  Assis à l'extérieur du temple, nous avons écouté Daniel nous faire un très bon survol du bouddhisme même si nous ne sommes pas des novices en la matière.

Reprenant les rickshaws, nous allons visiter un petit temple tibétain où l'image du Dalaï Lama trône sous une immense statue dorée du Bouddha. À l'extérieur nous nous exerçons à faire tourner les moulins à prières à nos intentions.

Soierie

Prochaine étape:  une soierie. Pendant que ces dames exercent leurs talents de négociatrice à l'achat de foulards communément appelés « pashmina », nous, les hommes, allons voir un tisserand désabusé manipuler brièvement un métier. Nous aurions préféré voir des vers à soie à l’œuvre : ils auraient été plus actifs et convaincants que ce bonhomme désireux d'en finir au plus vite avec nous!

Le Suryat : un 5 étoiles!

Nous prenons le dîner en mangeant un tali dans un superbe hôtel 5 étoiles, le Suryat. Aucune comparaison possible avec notre petit hôtel familial  sur le bord du Gange! Raymonde et moi avons pris quelques minutes pour le visiter et aussi faire une petite sieste «à l'anglaise» sous un portique. Un mini-bus est arrivé avec nos valises et nous voilà partis en direction de la gare de Varanasi.

Le train de nuit vers Agra

Train de nuit Varanasi-Agra

Nous arrêtons en chemin pour acheter de l’eau, des fruits et autres snacks pour notre périple de nuit. Dès notre arrivée à la gare, une nuée de porteurs s'abat sur nous. Daniel en choisit quelques uns et les voilà partis vers le train portant chacun deux valises sur la tête! Dire que j'ai de la peine à en lever une!

Il est 17h00. Nous montons dans le wagon avec chacun notre sac à dos préparé spécialement pour l'occasion car nous n'aurons pas accès à nos valises. Nous avons un wagon-lit climatisé, un AC Tree Tier Sleeper comme écrit sur le mur. Notre compartiment a 6 couchettes superposées, 3 de chaque côté. Le bas est occupé par Claire et moi, le centre par Guylaine et Marcel et le haut par Raymonde et Richard, la fréquence des vidanges nocturnes de la vessie étant le critère numéro un pour occuper les couchettes du bas! Daniel, Claude et François occupent un compartiment à l'autre bout du wagon. Daniel a une mauvaise toux.  Nous espérons qu’il ira consulter un médecin car il nous inquiète.

Le train quitte Varanasi à 17h50 pour Agra où nous arriverons «entre 7h00 et 10h00» demain. Ça, c'est si tout se déroule normalement. Pour souper, nous nous accommodons de fromage, de biscuits, de biscottes, de bananes ainsi que d'un reste du gâteau que nous avons mangé sur le Gange ce matin.

En attendant de pouvoir occuper ma couchette - le dossier des banquettes se relevant pour faire la couchette du centre -  je vais m'étendre sur une couchette de couloir inoccupée afin de soulager mon mal de dos. Vers 20h30, nous préparons nos couchettes et nous installons pour la nuit. Trente minutes plus tard, tout le monde dort.

Ce train arrête souvent pour prendre de nouveaux passagers. En pleine nuit, un homme s'est installé dans la couchette supérieure du couloir. Comme il n'avait pas de place pour mettre ses deux valises, il les a simplement déposées entre nos couchettes! Un jeune couple partage la même couchette de couloir: lui à un bout, elle à l'autre. Raymonde a visité le wagon et a vu plusieurs autres cas semblables. Cette promiscuité la gêne un peu. Dire que moi je trouve ma couchette bien petite et je suis seul à l'occuper! Autre pays, autres mœurs!

Itinéraire du voyage : Carte détaillée

Pascal Bouchard
Pascal Bouchard

Publié par Pascal

 

 

 

 

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Varanasi

Mardi, 16 novembre 2010

Une journée remplie d’odeurs, de ressentis et d’émotions! Varanasi! Nous réalisons rapidement, à la sortie de l’aéroport inauguré il y a quelques jours, que nous entrons dans une zone agricole.  Des champs séparés par des rangées de pierre et des vaches!  Elles sont absentes des rues de Delhi.  Ici, elles sont reines de la circulation pour ne pas dire reines de l’espace!  Elles sont omniprésentes.  La majorité sont bien rondes et portent certaines couleurs de l’Inde dont l’ocre, le noir et un mélange parfois de ces deux couleurs.  Leurs yeux sont aussi noirs que ceux des Indiens.  Ces yeux si profonds qu’ils semblent branchés directement dans un espace nouveau pour moi, un endroit sans fond sans être le vide.  Bon!

Notre hôtel offre une vue sur les rives du Gange sacré dans cette ville sainte de Varanasi qui se compte parmi les plus anciennes de l’histoire. En fin d'après-midi, la noirceur arrive lentement. Nous marchons pour effectuer une promenade en bateau sur les eaux sacrés du Gange afin de visualiser les fameux ghâts!  Ces escaliers à paliers courent sur environ 2,5 km et ils offrent différents services au corps et à l’âme de ceux qui y viennent vivre des expériences existentielles.

Notre promenade se termine par le ghât où prend place l’Arati.  Les deux rameurs alternent car Daniel s’est entendu pour que notre arrivée coïncide avec le début de cette célébration spirituelle.

À suivre…

Mercredi,  17 novembre 2010

Varanasi!

Cette ville n’est pas seulement connue pour ses temples, ghâts ou Gange.  Elle a aussi produit beaucoup d’artisans, musiciens, écrivains et poètes.  Le système électrique a évolué par rapport à Delhi.  Nous ne retrouvons plus les amas de fil tissés par le temps et les besoins mais bien un système ressemblant à celui du Québec dans les années 50. J’ai pu observer qu’il a beaucoup de boutiques, dans la définition indienne, ce sont plutôt des shops, offrant des saris et des foulards en soie. Est-ce vraiment de la soie?  C’est la question que Claire, Guylaine et moi avons posé aux vendeurs.  Nous le saurons lors de notre visite dans une fabrique de soie.  Les saris et brocards sont connus comme étant la fierté de collectionneurs du monde entier.  Dans l’émission télé Shanti au coeur de l'Inde, lors d’un mariage digne d’une princesse, j’ai pu admirer ses œuvres d’art que portaient les femmes dans un défilé de beautés et de féminité incroyable.

Lever de soleil sur le Gange

Le lever du soleil sur le Gange.  Varanasi et l’ashram étaient les deux raisons principales pour lesquelles je choisissais ce voyage.  Varanasi est au rendez-vous de mes attentes les plus folles, les plus extrêmes et les dépassant multiplié par 10.  Hier, la crémation! Non, les crémations de tous ces corps juchés sur un bûcher afin de faire leurs adieux au monde terrestre était saisissant d’odeurs, d’atmosphère lourde, de fumée, de travaux effectués par des hommes qui n’ont même pas le corps de nos adolescents québécois.  On les charge comme des ânes, de bois tordus et rugueux, leurs dos leur servant de charrette.  Un des transporteurs a failli tomber en se cognant un pied sur un morceau de bois qui sortait de la terre.  Malgré l’aspect dramatique de cet endroit, il n’en demeure pas moins que tout semble se faire dans un très grand respect des rituels indiens perpétués à travers les siècles.

Donc, le soleil se lève sur le Gange et sur nous neuf : Daniel, notre accompagnateur, notre professeur, notre nounou qui devient avec les jours, un ami dans le temps.  Clôde, sa belle-sœur qui l’accompagne afin de noter et intégrer ce circuit, car nous sommes les heureux élus d’être le dernier groupe de Daniel.  Naturellement, Pascal et moi, nos amis Guylaine, l’assistante de Marcel, inventeur d’un Tripod, Claire notre belle grande femme que les hommes indiens affectionnent principalement (je ne veux partir aucune rumeur mais bien narrer ce que je vis en Inde).  En plus ce qui fait sa beauté, elle est présente tout simplement à ce qui se présente à elle, avec un sourire qui ferait fondre un iceberg sensible à la chaleur humaine.  Richard, notre intello joyeux, protecteur (souvent c’est grâce à lui que nous demeurons un groupe) qui malgré sa formation académique demeure d’une simplicité admirable.  François, le dernier de la liste, mais non le moindre.  Un très bel homme (mes amies vous le verrez sur les photos) est aussi protecteur mais plus dans le sens de la galanterie.  Mesurant un bon six pieds trois pouces, il voit loin et nous aussi nous le voyons de loin.  Donc une équipe du tonnerre formée par des gens réunis sur le chemin de nos valeurs et intérêts existentiels mélangeant la curiosité, la connaissance combinées au désir d’être meilleur.

Donc, le soleil se lève sur le Gange! Nous sommes tous empilés dans une barque de bois conduite par deux rameurs.  Lorsque nous partons, nous descendons avec le courant, mais lorsque nous remonterons, ça sera le contraire.  Il leur faudra dégager une force constante et rythmé à l’autre, tout en gardant un sourire et une présence dans l’ici et maintenant.  C’est exactement ça : les indiens vivent leur moment présent.  Le passé il n’en ont que faire, le présent est déjà suffisant sans trop penser au futur, surtout ceux dont les conditions de vie semblent effroyables à mes yeux de québécoise.  Après quelques jours, je ne me questionne plus sur leur notion de bonheur ni sur le mienne.  J’aime leur sourire, j’aime les regarder, ces femmes, ces enfants et ces hommes dont les yeux touchent profondément mon cœur.

La douce lumière du petit matin diffuse ses lueurs sur tous ces gens qui sont déjà à se laver, à prier, à échanger, à méditer face au Gange.  Ces images, ces photos s’imprègnent dans chacune de mes fibres corporelles et spirituelles.  L’énergie de ce matin est à un apogée de félicité.  Les odeurs sont douces et épicées, les gens sont habillés de blanc et de couleurs joyeuses.  Les prières s’envolent sur la brume matinale et semblent se perdre, non plutôt se fondre, dans cet immensité cosmique de l’Univers.

Les pieds dans le Gange

Un des rameurs est amusant.  Je lui ai demandé s’il avait des allumettes pour dignifier notre puja (offrande).  Il dit oui.  Je suis sceptique.  Marcel me dit qu’à se fera à son temps à lui.  Bien vrai.  Je dépose mes offrandes sur les eaux sacrées.  Je vois Guylaine les pieds dans le Gange. Me voilà, les pieds dans le Gange.  L’eau est fraîche.  Au tour de Marcel d’expérimenter le Gange.  Je ne ressens rien de particulier au niveau des pieds mais le lever du soleil est là devant moi.  J’ai le dos aux ghâts.  Sa couleur orangée s’étend diffuse sur les eaux.  La brume nous recouvrent dans son cocon de présence à la beauté.

Ma préparation pour vivre cette expérience n’est rien comparée à ce que je vois, à ce que j’entends et à ce que je ressens.  Tous mes sens sont à l’action dans une douceur et une paix (Shanti) indescriptibles.

Le jeux des enfants semblent annoncer le début d’une journée quotidienne comme toutes les autres.  Des milliers d’indous affluent sur les bords du fleuve le plus sacré du pays, considéré comme la « mère de l’Inde », dont l’eau féconde la terre et lave les péchés. `

Pour certains, la journée commence par un bain purificateur, dans tous les sens, se poursuit par une prière adressée au soleil, les mains jointes, dirigées vers l’astre qui semble émergé du fleuve.

Sur ces ghâts, les hindous se livrent à des rituels millénaires, aussi anciens que l’hindouisme et que l’Inde elle-même.  La mort y côtoie la vie, avec la même simplicité et la même spontanéité.  Les cris des enfants jouant dans l’eau se mélangent aux chants des prières et le bruit du linge qu’on frappe contre la pierre.  La sollicitation de deux marchands, nous distraient beaucoup.  Quelques uns  achèteront un petit vase rempli d’eau du Gange.

« Ram nam satya hai » - Le nom de Ram est vérité s’étire comme un mantra à répétition et à intervalles réguliers, et court dans les ruelles tortueuses et pentues de la vieille ville, un peu comme un cœur qui bat.

Sur notre retour, le chapelet de barques à la queue leu-leu remplies de touristes, caméra à la main, captent ces différences extrêmes de mes journées quotidiennes.  Rien à voir avec le Resto Calao, rien à voir avec mes vêtements, rien à voir avec ma nourriture… Non, plutôt le contraire : tout à voir avec mon quotidien, car j’aime ce que je fais, j’aime ma vie auprès de ceux que j’aime et dont je suis aimée en retour!  C’est simplement différent, mais là donc, très différent.

En richshaw à Varanasi

On se rend, à la file indienne, chacun dans notre rickshaw visiter un temple du dieu Shiva sur le Campus de l’Université de Banaras Hindu.

Au deuxième temple, dédié aux singes, j’aurai droit à un collier de fleurs rouges ainsi que Guylaine.  Mais le côté mercantile du jeune homme oblige Daniel à lui donner une « offrande » au sens large du terme.

Je suis moins indisposée à enlever mes chaussures; je n’irais pas jusqu’à dire que je suis à l’aise et que j’aime, mais la répugnance a diminué de beaucoup.

Un dîner presque parfait!

Nous prenons le dîner au Kerala Cafe.  Un superbe resto qui n’annonce aucunement la beauté intérieure du resto.  C’est mon premier beau resto dans le sens esthétique.  Daniel s’occupe bien de nous et s’efforce à commander des mets différents lorsque c’est possible.  On se régale.  Nous avons aussi la chance de prendre le petit déjeuner sur la terrasse avec vue sur le Gange.  Nous y sommes à l’ombre en échangeant entre nous.  Suivent la planification journalière déjà discutée la veille.  Daniel s’assure que tout le monde a bien compris les directives afin de garder une logistique efficace.

Premiers magasinages

Chacun a le choix : Pascal retourne à l’hôtel, ainsi que Claude.  Je pars avec Claire et Guylaine vivre ma première expérience de négociation effectuée par Claire.  Elle est articulée; elle vérifie ce que nous voulons; moi, je suis perdue et gênée (ben oui!), Guylaine suit les négociations avec intérêt.  Claire vérifie avec nous du sérieux de notre désir pour acheter des foulards Pashmina (laine recherchée souvent tissée avec de la soie) et recherchés pour leur qualité, leur beauté et leur chaleur.

Je raconterai une autre fois cette expérience parsemée de questionnements de questionnement mais surtout de fous-rires. Après une bonne heure de négociations, du moins ce qu’il m’a semblé, nous décidons de partir.  Je suis mal à l’aise d’avoir fait travailler ces vendeurs sans rien acheter.  Guylaine est ferme dans son attitude de sortir sans un regret.  A chacune ses émotions!  Nous en rions.

Nous voilà repartie.  Guylaine a un feeling d’arrêter dans un mini amas de boutiques.  Un jeune et beau coréen, nous sommes toutes les trois d’accord, et débute l’aventure de la séduction la plus douce qui m’a été donné à assister…. À suivre

Danse de Kathak

D’origine religieuse, cette danse est considérée aujourd’hui sacrée et séculière.  Kathak signifie histoire.  D’influence musulmane elle fut apportée par les Moghols.  C’est une danse très rythmée dont l’accompagnement musical est au cœur du spectacle. Deux jeunes hommes jouent pendant une demi-heure pendant qu’un autre musicien viendra se joindre à eux.  Un des jeunes joue d’un instrument à percussion; l’autre joue du sarangi.  Et le dernier joue de l’harmonium qui est un instrument modelé sur l’accordéon, en principe seulement.

Pendant le spectacle, trois de nos hommes « plantent des clous », les yeux fermés, la tête penchée offrant une image fichée dans le sommeil.

La deuxième partie du spectacle réveillent nos trois « endormis » car un danseur et une danseuse se manifestent dans une tenue digne des contes de Mille et une Nuits.  Ils répondent à la musique à l’aide de petits grelots aux chevilles.  Le danseur nous explique ce que signifie les différentes scènes que composent cette danse.  L’histoire est basée sur la mythologie indienne.

La danse commence lentement puis, au fur et à mesure de la représentation, accélère de rythme.  Les danseurs font preuve d’une grande maîtrise de leur corps dans l’espace et transmettre les émotions dans de mouvements gracieux et élégants de mudras.  Assez impressionnant ces mouvements de pieds qui glissent sur le plancher tout en produisant un son assez puissant.

Pour moi, c’est le travail des pieds qui m’a le plus frappé ainsi que les pirouettes impressionnantes de rapidité s’achevant sur des poses figées et dignes d’une statue.

J’ai dormi entre 3 et 5 heures par nuit, et je demeures en forme pour la journée.  Par contre, vers 21h00, mes yeux ferment sans crier gare.  Hier, comme un enfant, j’ai fait ma première nuit, comme Antoine parfois!

Namaste!

Itinéraire du voyage : Carte détaillée

Raymonde Girard

Publié par Raymonde

 

 

 

 

 

 

 

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Varanasi

VARANASI - 17 novembre 2010

Encore une fois, nous nous levons très tôt à 4h15 pour aller voir le lever de soleil sur le Gange. Nous retournons donc au ghât Assi pour à nouveau prendre une embarcation à rame...  qui n'est pas au rendez-vous !

Prières du matin

Pendant que Daniel part à la recherche de nos rameurs, nous observons l'activité sur le ghât qui déborde de monde même si tôt le matin. Il fait encore très noir mais déjà plein de gens font leurs ablutions dans le fleuve. Sur la plateforme, des groupes de femmes sont assises en cercle par terre. Elles chantent et  récitent des prières en tenant de petites lampes dans leurs mains. Raymonde se joint à elles et elles l'accueillent avec de grands sourires.

Lever de soleil sur le Gange

Notre bateau trouvé, nous montons à bord et entamons la lente descente du fleuve tout en dégustant des biscuits et quelques bananes achetées par Daniel. L’ambiance du groupe est formidable et la bonne humeur s’installe malgré la nuit écourtée que nous avons eue.  La boule rouge du soleil monte graduellement dans le ciel à travers la brume matinale. Raymonde et moi avons acheté deux barquettes et les remettons au fleuve. La lumière du soleil nous dévoile tour à tour les multiples ghâts qui bordent le Gange où des milliers de personnes sont descendus y faire leurs ablutions et leurs prières. Revoir de jour les lieux que nous avons vu de nuit leur donnent une nouvelle dimension.

Nous sommes accostés par un vendeur de souvenirs. Et comme rien ne s'achète en Inde sans une bonne négociation, je suis certain, qu'à la fin, les cartes postales et les petites sculptures d'éléphants que nous avons achetés ont été payés à bon prix... et nous sommes contents qu'il ait pu faire affaire avec nous!

L'eau purificatrice du Gange

Les ablutions dans le Gange ont lieu toute l'année mais elles prennent une tournure spectaculaire durant le festival Ganga Mahotsava...  qui débute aujourd'hui et qui se terminera dans quatre jours!  Magnifique et inattendu! Les gaths sont garnis de milliers de pèlerins hindous qui vont s'immerger dans les eaux sacrées du fleuve ce qui nous donnera de très bonnes occasions de photos.

Notre barque contourne un cadavre de vachette et ensuite celui d'un chien à la dérive. Une scène que l’on ne peut voir qu’en Inde. Pour nous, habitués  à des standards d'hygiène «occidentaux», voir ces gens se baigner dans le Gange et boire son eau polluée, cela nous répugne. Mais ici, c'est la norme et, si on peut se le permettre financièrement, venir mourir dans la ville sainte de Varanasi, l'ancienne Bénarès, est un moyen de mettre fin au cycle des réincarnations.

Raymonde, Guylaine et Marcel laissent tremper leurs pieds dans le Gange. Moi, j'y met le bout des doigts! Je pourrai me vanter d'y avoir mis quelque chose de personnel! Plusieurs ghâts sont utilisés pour laver le linge sur des pierres plates disposées près de l'eau. On met ensuite les tissus et les vêtements à sécher sur les marches. Incroyable comme le Gange lave plus blanc! Sans farce!

Ici on raconte qu'un indien à qui il manquait une jambe est allé se baigner dans le Gange en demandant au fleuve de «rendre ma jambe semblable à l'autre». Il en est ressorti cul-de-jatte. Plus tard, il est revenu en chaise roulante et est descendu dans l'eau du Gange avec sa chaise en espérant un miracle. Il en est ressorti avec deux pneus neuf! Ici, il faut s'attendre à tout!

Retour au ghât des crémations

Nous repassons devant le ghât des crémations, le Manikarnika,  qui nous a tant ému et bousculé dans nos émotions hier soir. Le revoir en plein jour lui enlève beaucoup du mystère: c'était grandiose... c'était horrifiant! Nous étions parmi eux et participions à leurs rituels. Par respect, nous nous sommes abstenu de prendre des photos. Mais ce matin, nous sommes sur l'eau, à distance, et j'ai l'impression que notre «respect» s'est ramolli car les caméras crépitent.  Tout nous est permis!

Je revois  l'observatoire et sa balustrade derrière laquelle  nous avons assisté aux crémations, la balance à bois juste en dessous, les porteurs de bois et l'incroyable malpropreté de ces lieux pourtant consacrés aux derniers moments de l'existence humaine. Une vache est en train de se nourrir de ces détritus et personne ne la chasse.

La barque vogue près de la rive et nous pouvons voir une famille préparer son défunt en l'aspergeant de l'eau du Gange et en l'enveloppant de multiples linceuls dont la couleur nous renseigne sur l'identité du défunt :

  • Or, un vieil homme
  • Blanc, un homme
  • Orange, une vieille femme
  • Rouge, une femme
Les pauvres sont incinérés gratuitement ici.

Chaque ghât de crémation est réservé à une caste en particulier.  Ceux qui sont trop pauvres pour se payer une crémation au bois sont maintenant incinérés gratuitement dans un incinérateur public ce qui évite aux familles de livrer les cadavres aux eaux du Gange.

Dès que les cendres sont refroidies, elles sont mises dans un grand sac et jetées dans le Gange. Aussitôt, des orpailleurs vont les retirer des eaux et les passer au tamis pour récupérer les bijoux et les dents en or. Tout cela, sans que personne n'y voit rien de mal ! Mon dieu que c'est loin de notre réalité!

Visite de temples hindous.

Vers 9h00, nous quittons la barque et allons boire un chai chez un ami de Daniel dans une petite ruelle. Nous montons ensuite dans des tuk-tuks qui nous ramènent à l'hôtel. Après le déjeuner, nous remontons dans des rickshaws tout neufs rutilant de chrome! Un par personne! Mon pédaleur est père de deux enfants. Il m'explique qu'il n'est que le locataire du rickshaw qui appartient à une compagnie.  Nous allons faire la visite de deux temples. Le premier dédié à Shiva, est sur le site de l’Université Banaras Hindu.  Il est récent et porte le nom de Vishwanath Mandir (Carte). Daniel nous renseigne sur l’Hindouisme et son panthéon de dieux.  Nous nous risquons à prendre quelques photos à l'intérieur au risque de se faire avertir.  Au centre du temple, un prêtre distribue des bénédictions moyennant des aumônes ou des dons.  Tout autour, des niches et des statues de Shiva décorées de colliers de fleurs. C'est propre. C'est beau!

Le second temple, beaucoup plus ancien, est dédié aux singes et porte le nom de Durga (Carte). Les photos intérieures sont strictement interdites. On est constamment surveillés! Impossible! Il est ceinturé d'une haute palissade ocre et borde un immense étang à l'eau croupissante. Dès notre entrée, nous sommes assailli par un «prêtre» qui insiste pour nous mettre un point rouge sur le front... pour ensuite fortement nous inciter à déposer notre précieuse obole de touriste dans la boite à aumônes. Bien avertis de l'arnaque par Daniel, nous refusons de nous soumettre à son stratagème.  Nous allons sonner la cloche devant la statue de la déité et sortons du temple avec une drôle d'impression!

Nous passons à travers un quartier musulman et nous pouvons voir de nombreuses chèvres encore vivantes mais aussi des carcasses, des entrailles et des peaux jonchant le côté des rues. C'est une fête musulmane où on sacrifie les chèvres.

Après midi libre... pour le magasinage !

La journée de visite se termine à 14h00. L’après-midi est libre. Je retourne donc à l’hôtel en richshaw motorisé en compagnie de Claude et Marcel tandis que Raymonde et ses compagnes vont magasiner les foulards. Ce temps libre va me permettre de me mettre à jour avec mon blogue dans un petit café internet où l'accès sans fils est disponible à 30 roupies l'heure. Vraiment pratique!

Spectacle de musique et de danse

Ce soir, après souper, nous assistons dans le hall de l'hôtel à un spectacle de musique et de  danse  traditionnelle du nord de l'Inde, le kathak.   Trois musiciens font d'abord un récital de musique. Le premier joue du tabla, un instrument à percussion, l'autre du sarangi, une sorte de violon, et le dernier  un instrument modelé sur l'accordéon. C'est assez endormant merci! Surtout pour ces messieurs qui luttent vaillamment contre le sommeil! Ils ont résisté pendant un moment mais ils se sont tous avoués vaincus! Quelle idée aussi de présenter cela après une journée aussi fatigante!

Curieusement, ils se sont tous réveillés pour regarder le spectacle de danse donné par un professeur et son élève, une très belle femme drapée dans une robe digne des Mille et une nuits! Mais étaient-ce les formes harmonieuses de la danseuse  ou les pirouettes et claquements de pieds pétaradants du maître qui les ont tenus éveillés? Mystérieux tout de même!

État de santé des voyageurs!

Physiquement nous allons bien même si ce matin nous nous sommes tous levés avec le mal de gorge. C'est officiel : j'ai le rhume! Merde!  Personnellement, les nombreux escaliers que nous avons gravis et les longues marches que nous avons effectuées n’ont pas beaucoup affecté ma hanche. En tout cas, je ne «traine pas de la patte!». Mais ce sont les muscles du dos qui me font mal surtout lors des balades en rickshaw où les soubresauts de la route provoquent des spasmes douloureux. Espérons que ça va disparaître graduellement.

Bon! Je vous laisse regarder les photos qui sauront mieux que moi vous mettre dans l'ambiance de cette journée remarquable.

Itinéraire du voyage : Carte détaillée

Pascal Bouchard
Pascal Bouchard

Publié par Pascal

 

 

 

 

Varanasi

Mardi - 16 novembre 2010

Lever à 4h00 pour Raymonde qui tape ses notes sur le mini-ordinateur. Hier soir, j'avais mal partout dont au bas du dos et à la hanche. Ce matin, tout est OK! À 6h00, nous allons déjeuner dans la petite salle rudimentaire qui sert de restaurant: tomates, concombres, omelettes, pain rôti, céréales et pseudo jus d'orange. Tout est à volonté même le Nescafé infecte qui nous sera servi comme café tous les matins en Inde et dont je me priverai pendant les deux prochains mois.

 

Départ de Delhi

Nous quittons l'hôtel à 7h00 en direction de l'aéroport Indira Gandhi, section des vols domestiques. En attente du départ pour Varanasi, nous trouvons un Coffee Day où nous pouvons nous restaurer «à l'occidentale». Le café est super bon! Daniel nous renseigne sur ce que nous allons faire aujourd'hui dont une descente du Gange en barque.

J'avais planifié utiliser l'heure et demi de vol en Boeing 737-800 de ce matin à la rédaction de mon blogue mais la conversation avec Claire, ma compagne de siège, est  tellement intéressante que j'ai changé d'idée et profité de ces moments pour échanger sur les destinations de voyage. Notre arrivée à Varanasi vers 13h00  se fait toute en douceur et nous avons la chance d'entrer à notre tour dans le superbe aérogare tout neuf qui vient d'être inauguré la veille par les autorités. Les employés ont le sourire aux lèvres et se plaisent à nous dire leur fierté de travailler dans un endroit aussi moderne.

Premiers contacts avec Varanasi

Hôtel Temple on the Ganges

Le trajet vers la ville nous a donné un premier contact insignifiant avec la campagne indienne. Rien à voir que des champs et des murets de briques le long du chemin.  Nous sommes installés à l'hôtel Temple on Ganges près du ghât Assi. Lorsque nous apercevons la pancarte indiquant le nom de l'hôtel, j’ai envie de partir en courant dans la direction opposée, de reprendre l’avion et de rentrer chez-moi!  Il est une couple d'étoiles de moins que le Pablas de Delhi. Oups! Je crois qu'il ne me reste plus d'étoiles disponible pour le futur! Cependant, il est situé à 2 minutes de marche de la rive du Gange ce qui sera très pratique pour nos visites futures.

Chambre 15 au rez-de-chaussée pour nous, 31 à l'étage pour Guylaine. Deux lits simples accueilleront nos corps fourbus ce soir et la salle de bain est minimale: une douche à même le plancher, une toilette style 1920 et un lavabo avec eau froide seulement. En plus, le haut de notre salle de bain communique avec celle de la chambre voisine... et on entend tout les bruits provenant de l'autre pièce!

Pas de téléphone. Pour l'internet, je pourrai me brancher à un sans-fils dans un petit dépanneur à proximité car le service à l'hôtel est trop réduit pour mes besoins.

Peu après notre installation, nous allons à une couple de rues plus loin nous restaurer dans un resto dont la grande salle ressemble à une cafétéria. Daniel nous remet à chacun une liste des locutions et phrases les plus usuelles en hindi, la langue la plus parlée dans le nord. Danyavad Daniel! Nous allons au moins savoir dire merci! Nous nous imprégnons graduellement de l'atmosphère toute spéciale de l'Inde et surtout de Varanasi. Autant à l'aller qu'au retour, nous sommes assaillis par un vendeur de flutes qui a tout fait pour nous vendre un de ses instruments. Tout un spectacle en lui-même ce bonhomme!

Les ghâts et les crues du Gange

Vers 17h00, nous marchons vers la rive du Gange en direction du ghât Assi où nous allons monter dans une barque à rames pour notre périple nocturne sur le fleuve.  Les ghâts sont des escaliers et des plateformes , environ 60 ici, qui bordent en continu la rive du Gange bordant Varanasi et qui sont utilisés pour les bains rituels et les crémations peu importe la hauteur des eaux. Chaque ghât porte le nom de la rue sur lequel elle débouche.

Chaque année pendant la saison des pluies, le Gange entre en crue charriant une quantité phénoménale d'alluvions. Le niveau d'eau monte énormément et les sédiments  se déposent en une épaisse couche de boue qui recouvre presque complètement les marches des ghâts  rendant périlleux l'accès aux eaux Gange.

Alors, pendant quelques mois, des travailleurs payés par la ville utiliseront de puissantes pompes et des boyaux d'incendie pour dégager les marches de cette boue et redonner aux pèlerins un accès plus facile aux eaux du Gange. Mais comme le ghât Assi où nous nous trouvons est en périphérie, au sud de la ville, il n'est encore que partiellement dégagé ce qui nous oblige à marcher sur cette boue glissante et parsemée de trous profonds pour atteindre finalement notre barque.

Nos offrandes au Gange

Avant de monter dans la barque, nous achetons nos barquettes à de jeunes vendeurs turbulents et agressifs. Ce sont en fait des feuilles végétales séchées et moulées en forme de soucoupes et remplies de pétales de fleurs  avec une bougie au centre. La bougie sera allumée et la barquette mise à flotter sur le Gange constituant ainsi notre offrande «écologique»  au fleuve sacré.

Nos deux rameurs sont en pleine forme et, comme nous descendons le fleuve, ils empiètent fortement sur l'horaire prévu par Daniel pour atteindre le ghât de la cérémonie Arati. Il leur demande donc de remonter un peu le fleuve et de faire du surplace pour que nous puissions faire notre «puja», notre offrande à la divinité du fleuve.

Mais voilà, aucun de nous n'a pensé à apporter des allumettes, même pas nos jeunes rameurs!  Mais c'est sans compter sur leur débrouillardise car ils contactent au téléphone cellulaire un acolyte qui vient nous livrer les allumettes dans une minuscule embarcation. Merveilleux !  Quelques minutes plus tard nos 9 petites bougies flottent sur le Gange et je crois que nous sommes tous conscients d’avoir vécu un petit moment de bonheur.

La cérémonie Arati

Ghâts Arati et Crémations

Nous assistons à la première partie de la cérémonie Arati à partir du fleuve en compagnie d'autres bateaux remplis de pèlerins, de fidèles et de touristes. Elle se déroule à chaque soir à la tombée du jour, vers 19h00, au ghât Prayad.

Des chants et un tintamarre de clochettes et de tambours accompagnent 7  officiants exécutant à l'unisson une chorégraphie alliant le feu et l'eau. C'est une cérémonie très importante pour les Hindous car elle est censée brûler le karma et les énergies néfastes des participants. Les officiants utilisent différents objets comme une conque, une clochette, des fleurs, de l'encens, des  flammes, de l'eau, un mouchoir, une queue de yack et un éventail en plumes de paon pour symboliser les éléments naturels : la terre, l'eau, le feu et l'air, sous leurs formes les plus pures.

Nous débarquons ensuite sur le ghât pour nous mêler à la foule et participer directement à la fin de cette cérémonie spectaculaire et bruyante. (Note du 4 janvier 2011 : Quelques semaines après notre passage à ce ghât, un attentat à la bombe a eu lieu dans les marches du ghât où s'assoient les spectateurs faisant quelques victimes.)

Nous nous rassemblons à nouveau et parcourons ensuite les petites ruelles bordées d'échoppes et de petits magasins. Il faut faire attention où mettre les pieds car, à Varanasi, les vaches sacrées sont omniprésentes et elles ne se gênent pas pour pimenter les pavés de leur bouses gluantes.

Le ghât des crémations

Notre marche nous mène au ghât des crémations où la secte des Intouchables a l'exclusivité des crémations des Hindous. Ils sont les seuls à habiter ce quartier et d’immenses tas de bois s’empilent d'un côté et de l'autre des ruelles. Ces billes de bois serviront à monter les bûchers funéraires pour la crémation des corps. Sur la rive, 4-5 bateaux chargés de ces billes de bois attendent d’être déchargées.

Daniel, notre guide, nous conduit à un observatoire où nous pouvons voir plusieurs crémations en activités sur la rive descendant en pente vers les eaux du Gange. Ici, pas de marches, seulement de la boue durcie! On s’affaire à monter d’autres bûchers funéraire alors qu'une autre famille vient d’arriver avec la dépouille d’un être cher couchée sur un brancard et recouverte de plusieurs linceuls colorés.  Ils descendent vers le fleuve et déposent le brancard près de l'eau. On asperge le corps de ce liquide sacrée avant de reprendre le brancard et d'aller le déposer sur sur un amas de bois. Les Intouchables viennent ensuite mettre d'autres billes de bois sur la dépouille et la recouvrir complètement. On met de la pailles dans les interstices. Comme seuls les mâles de la famille sont admis à la cérémonie de la crémation, l’un d’eux est désigné pour faire le tour du bûcher avec un tas de brindilles en feu dans les mains et d’y mettre le feu. En moins de 10 minutes, tout est en feu.

Je m'éloigne du groupe pour aller voir de plus près l'organisation du travail. Des porteurs de bois viennent à tour de rôle s'approvisionner à une balance où un vendeur de bois pèse chaque charge et la note dans un carnet: le bois est vendu au poids et débité à la famille du défunt mais le prix varie selon l'essence et la qualité du bois, le bois de sental étant le plus dispendieux.

On aide les porteurs à balancer 5-6 longues billes de bois sur les épaules et les voilà partis pour la périlleuse descente vers le bucher funéraire en construction. Je fais  gaffe au passage de ces kamikazes en  leur laissant tout l'espace disponible devant eux ce qui ne les empêchent pas de trébucher ici et là sur des déchets, des pierres, des éclats de bois ou de se mêler les pieds dans des bouts de tissus ou de guirlandes provenant des bûchers. Ici, c'est chacun pour soi! Personne ne semble se soucier de les ramasser ou du moins de les retirer des sentiers. Mon dieu que c'est dur gagner sa vie ici!

C’est un spectacle à la fois grandiose et extraordinaire pour nous les occidentaux et tellement normal pour les Hindous. Je suis vraiment impressionné : il fait noir et je respire la fumée des crémations qui nous enveloppe complètement comme une brume alors que le feu des buchers éclaire les Intouchables occupés, tels des ombres, à brasser les braises et à attiser les buchers pour que toutes les parties du corps soient brûlées.  Le lendemain, lorsque les cendres auront refroidies, elles seront déposés dans un grand sac de jute pour être par la suite vidées dans les eaux du Gange. Tout ceci me fait penser qu'à seule chose : l’Enfer de Dante. C’est vraiment l’Enfer! Ces gens font le métier à la fois le plus bas de toutes les castes mais aussi le plus indispensable.

Retour burlesque à l'hôtel

Le retour à l’hôtel se fait dans une barque motorisée car nous devons remonter le Gange. Nous sommes pensifs encore imbibés de toutes ces émotions nouvelles que nous venons d'éprouver. Nous venons de vivre quelque chose de vraiment spécial mais tellement personnel que nous ne parvenons pas vraiment à l’exprimer encore ouvertement.

Soudain, le moteur du bateau s’emballe  et… Bang! Il rend l’âme! Un piston est pratiquement sorti de son cylindre! Les deux bateliers n'ont d'autre choix que de prendre leurs rames et de nous ramener lentement à la berge afin de revenir à l'hôtel par un autre moyen de transport.

Daniel parvient à dénicher une couple de tuk-tuks  nous obligeant à nous y entasser comme des sardines. Nous sommes morts de rire! Cinq à bord de notre véhicule tape-cul!  Une autre expérience mémorable et désopilante qui vient mettre un peu de terre-à-terre dans les émotions que nous venons de vivre.

Quelle journée!

Itinéraire du voyage : Carte détaillée

Pascal Bouchard
Pascal Bouchard

Publié par Pascal